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Même si Anthony Kirby est reconnaissant de la stabilité que lui a offerte son travail de superviseur d’épicerie, en particulier tout au long de la pandémie, l’idée du travail autonome est devenue de plus en plus séduisante à ses yeux.
L’homme de 33 ans d’Abbotsford, en Colombie-Britannique, occupe depuis deux ans un second emploi en tant que conseiller financier, à l’extérieur de ses heures de travail régulières, et a maintenant mis en place un plan de sortie afin qu’il puisse investir pleinement dans sa propre entreprise.
De nombreux Canadiens qui ont perdu leur emploi pendant la pandémie se sont tournés vers le travail indépendant pour tenter de contrebalancer leurs pertes de revenus. Dans le cadre d’une vague que certains ont surnommée «la grande démission», certains professionnels salariés choisissent désormais cette voie.
«J’ai pour mission de diffuser la littératie et l’éducation financières au plus grand nombre de personnes possible, a expliqué M. Kirby. Dans mon travail actuel, j’échange essentiellement mon temps contre de l’argent et je donne mon temps à une autre personne pour qu’elle réalise ses rêves. C’est quelque chose que j’ai toujours su fondamentalement et j’ai toujours voulu commencer à faire quelque chose pour moi-même.»
Un autre avantage du travail autonome pour M. Kirby est qu’il n’y a pas de plafond à ses revenus.
«Le niveau de revenus que je peux obtenir n’est limité que par le niveau d’activité que je peux faire. Si je suis à l’emploi de quelqu’un, je suis limité par l’échelle salariale, comme dans le cas de l’emploi syndiqué que j’occupe, ou par la décision de quelqu’un d’autre», a-t-il expliqué.
Un nouveau défi
Lisa Jeffs, spécialisée dans l’entraînement d’entrepreneurs à Toronto, affirme avoir vu un afflux de personnes qui réévaluaient leur carrière au milieu de la pandémie. Confrontées à une interruption de carrière ou à la recherche d’un nouvel emploi, de nombreuses personnes s’intéressent au travail autonome.
Avant de se lancer dans cette aventure, Mme Jeffs estime qu’il est important que les gens comprennent bien quelles sont leurs valeurs, leur éthique de travail et ce à quoi ils veulent que leur vie ressemble.
Emily Unruh, une vendeuse immobilière autorisée de 36 ans à Fonthill, en Ontario, a quitté en juin un emploi à temps plein sans but lucratif afin de pouvoir mieux contrôler ses revenus et son emploi du temps. Même si Mme Unruh s’est jointe à Royal LePage NRC Realty Brokerage au sein d’une équipe immobilière, elle est toujours considérée comme une travailleuse autonome et responsable de son propre revenu.
«Mon [ancien] travail était essentiellement du lundi au vendredi, de 9 h à 17 h, et je voulais en fait quelque chose de moins structuré», a-t-elle expliqué.
Mme Unruh et son mari, un entrepreneur en médias numériques, apprécient tous deux la flexibilité et souhaitaient avoir l’occasion de voyager avec leur fille de 16 mois. Bien que leurs plans aient été interrompus en raison de la pandémie de COVID-19, ils prévoient finalement de prendre des vacances de six mois à l’extérieur lorsqu’il sera sécuritaire de le faire, et songent aussi à d’autres voyages, ce que le nouveau rôle de Mme Unruh lui permettrait de faire.
«Un des aspects que j’ai considérés lorsque j’ai décidé d’arrêter était que je devais m’engager à travailler suffisamment pour au moins égaler ce que je gagnais», a précisé Mme Unruh. «Je devais comprendre qu’il s’agissait d’un environnement de travail très différent. Je dois être capable de me motiver pour travailler. Ce n’est pas aussi simple que de pointer son arrivée et pointer son départ.»
Se préparer à faire le saut
Il est essentiel de comprendre ce que le travail autonome implique vraiment avant de faire le saut, a poursuivi Mme Jeffs. Il existe un mode de vie insouciant qui s’appuie sur une constante liberté, qu’on voit passer sur les réseaux sociaux, qui peut être très attrayant pour de nombreuses personnes. Les professionnels indépendants peuvent tout à fait obtenir cela, a souligné Mme Jeffs, mais cela demande beaucoup d’ingéniosité et de courage.
«Je pense qu’il est essentiel de parler à des entrepreneurs ou à des travailleurs autonomes du secteur dans lequel on souhaite travailler pour comprendre très clairement dans quoi on s’engage et si cela correspond ou non à ses valeurs», a recommandé Mme Jeffs.
Les personnes prêtes à faire la transition doivent d’abord déterminer leurs frais de subsistance et la période pendant laquelle elles pourront couvrir leurs dépenses si les affaires ne décollent pas immédiatement.
«S’ils ne font pas ces calculs et qu’ils sont dans un ménage d’une seule personne, cela pourrait les mettre dans un état de panique et les ralentir au point où ils ne font plus rien dans leur entreprise parce qu’ils auront trop peur», a ajouté Mme Jeffs.
En fonction de l’épargne des gens, a-t-elle ajouté, ils devront choisir s’il vaut mieux se lancer directement dans le travail autonome, ce qui peut être très stressant pour certaines personnes, ou préparer une stratégie de sortie sur neuf à douze mois, par exemple, pour planifier et préparer complètement la transition.
«J’ai travaillé à la commission scolaire et l’une des raisons pour lesquelles j’ai lancé ma propre entreprise est que j’ai un bon sens de l’autonomie. Je valorise également davantage la liberté que la plupart des entrepreneurs, je dirais, et ma tolérance au risque est élevée», a poursuivi Mme Jeffs.
«Si quelqu’un a une très faible tolérance au risque et qu’il valorise la stabilité et a besoin de se sentir en sécurité, c’est important de bien le comprendre avant de se lancer dans le travail autonome.»