Seulement 2,2 % de la population active du Québec appartient à la catégorie des entrepreneurs. (Photo: 123RF)
Les femmes semblent tourner le dos à l’entrepreneuriat, selon les données dévoilées jeudi dans l’Indice entrepreneurial québécois 2024, réalisé par le Réseau Mentorat et La Sphère-HEC Montréal.
Même si les taux globaux d’intention et de démarche de création d’entreprises ainsi que le taux de propriétaires sont en hausse cette année par rapport à 2022, c’est l’inverse en ce qui concerne les femmes.
«Les hommes montrent un regain d’intérêt pour l’entrepreneuriat, alors que les intentions des femmes continuent de baisser, déplore Luis Cisneros, fondateur et codirecteur du Pôle entRepreneurial, HEC Montréal, par communiqué. La promotion de l’entrepreneuriat reste cruciale pour soutenir cette dynamique et rendre notre écosystème entrepreneurial plus inclusif.»
Par exemple, le taux de propriétaires d’entreprises a grimpé de 5,3% en 2022 à 5,8% cette année, ce qui s’approche du taux prépandémique de 6,2% en 2019. Par contre, chez les femmes, la baisse se poursuit depuis 2018 pour s’établir à 4,4%.
Le taux de propriétaires immigrants a bondi depuis 2022 passant de 4,7% à 6,3%.
«De nombreux efforts sont déployés pour encourager les personnes entrepreneures issues de l’immigration à investir en région, soutenues par plusieurs organismes, peut-on lire dans le document. Jusqu’à présent, les résultats des efforts actuels se verront probablement dans les prochaines années. Pour l’instant, la majorité des personnes entrepreneures issues de l’immigration se trouvent dans la région du Grand Montréal.»
L’Indice entrepreneurial québécois 2024 montre que la tendance à la hausse des intentions est particulièrement marquée chez les 35-64 ans, tandis qu’un recul est enregistré du côté des jeunes adultes.
En bonne santé
Les entrepreneurs semblent résilients, selon cette étude.
En se basant sur six indicateurs (la trésorerie, le chiffre d’affaires, la rentabilité, l’endettement de l’entreprise, l’endettement personnel et l’accès au financement), la moitié des entrepreneurs ont une perception positive de la robustesse de leur entreprise. C’est une dizaine de points de pourcentage de plus qu’en 2020.
La proportion d’entrepreneurs fragilisés par les crises avec des risques réels de fermeture est en diminution, passant de 16% en 2020 à 10,5% cette année. Même tendance à la baisse pour ceux en danger avec un risque de fermeture imminent, qui a fondu de 2,5% à 1,9%.
«Les stratégies de sortie diffèrent: les entreprises avec employés privilégient la vente/transfert, tandis que celles sans employés envisagent davantage la fermeture, estime Jorge H. Mejia-Morelos, directeur de la Sphère- Centre de recherche entrepreneuriale, HEC Montréal. Enfin, près de 75% des entrepreneurs ayant fermé leur entreprise se disent prêts à se relancer si une opportunité attrayante se présente.»
Le rapport souligne qu’un propriétaire sur deux compte investir au cours de la prochaine année pour réaliser une innovation technologique. Toutefois, seulement 34% des répondants affirment savoir comment trouver l’information nécessaire pour soutenir leur transition numérique. Autre ombre au tableau: les investissements en technologie pour améliorer les ventes et la production ont régressé ces trois dernières années.
Manque de sommeil
Pour la première fois, l’Indice se penche sur la santé des entrepreneurs. Ces derniers estiment être en bonne santé. «La perception positive de la santé globale chez les hommes est de 81,7% et de 76,8% chez les femmes», peut-on lire.
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Toutefois, une personne sur cinq souffre d’un mauvais sommeil, un problème qui semble affecter davantage les femmes.
«Les femmes déclarent un état de santé mentale et de sommeil plus dégradé comparé à celui des hommes, mentionne le document. 71,8% des hommes indiquent avoir un bon ou excellent état de santé mentale contre 56,7% pour les femmes.»
Les auteurs relèvent que les entrepreneurs plus jeunes «sont plus critiques dans l’évaluation de leur état de santé». Ils soulèvent une hypothèse pour expliquer ce phénomène: «serait-ce une prise de conscience plus forte chez les nouvelles générations?»
Dans un autre ordre d’idée, cette recherche fait remarquer que la moitié des entrepreneurs ont eu recours au mentorat comme forme d’accompagnement.