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Les perles de RHST pour réduire la consommation d’eau

Emmanuel Martinez|Publié le 13 Décembre 2022

Les perles de RHST pour réduire la consommation d’eau

Les perles de RHST sont placées dans des emballages au sol dans des champs d’amandiers en Californie, afin de réduire l'évaporation d'eau. (Photo: Courtoisie)

Avec le réchauffement climatique, l’eau se fait plus rare, mais la start-up montréalaise RHST Industries commercialise une solution simple pour en utiliser beaucoup moins en agriculture.

Fondée par Thomas Gradek, cette entreprise a mis au point des perles de biopolymères qui, placés dans le sol des cultures, réduisent considérablement l’évaporation.

«On peut couper la consommation hydrique de moitié dans les champs, affirme l’entrepreneur en entrevue téléphonique. Et puisque la plante n’est pas soumise à des stress par manque d’eau, on peut accroitre les rendements jusqu’à 50 %. Elle pousse plus vite et résiste mieux aux insectes et aux champignons. Notre produit réduit donc l’empreinte environnementale tout augmentant la sécurité alimentaire. »

L’évaporation constitue un problème important en agriculture, puisque les pertes liées à ce phénomène sont plus importantes que l’eau absorbée par les racines des plantes selon lui. L’entrepreneur estime ainsi que les régions arides et où l’eau se fait rare seraient celles qui profiteraient le plus de ces billes. Ces régions comme en Asie ou en Afrique sont souvent pauvres. L’irrigation se fait à la sueur du front des travailleurs, donc si on obtient de meilleurs résultats avec moins d’eau, on allège leur boulot.

Cap vers l’Ouest américain

Centres agricoles majeurs, la Californie et le sud-ouest des États-Unis souffrent de sécheresse et d’un manque d’eau. C’est pour cette raison que RHST teste présentement ses billes dans des cultures d’amandiers en collaboration avec l’Université de la Californie à Davis dont le département d’agriculture est très important.

« Les fermes de ces régions n’ont pas le choix de trouver une solution, mentionne Thomas Gradek. C’est un gros marché cible. C’est énorme en matière de production agricole. Juste en Californie, il y a 1,7 million d’acres d’amandiers.»

L’ingénieur de formation souligne que l’achat et la pose de billes au sol, retenus par des filets rigides, sont rentabilisés en l’espace de 8 ans, alors qu’elles peuvent rester en place pour une cinquantaine d’années.

« Cela couvre environ 12 % du terrain pour les amandiers, note-t-il. Cela n’empêche pas la machinerie de faire ses opérations. Les lignes d’irrigation sont placées par-dessus les panneaux. »

Faites à partir de biomasse, ces perles sont sans risque pour l’environnement selon lui.

« Les données que nous avons sur l’impact environnemental sont claires : c’est inerte, dit-il. C’est comme mettre des roches dans le sol. Je n’ai pas besoin d’une certification de la Food and Drug Administration [l’administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments]. »

Financement requis

Afin d’atteindre ses objectifs, Thomas Gradek est à la recherche d’environ 10 millions de dollars pour se doter de trois modules de productions de perles de biopolymères. Il voudrait que ces installations soient construites dans la région montréalaise. Idéalement, il espère pouvoir commencer à en produire dès l’an prochain.

Un de ses principaux arguments : la taille du marché.  « Dès que cela va décoller, ce sera une croissance très rapide affirme-t-il. Le marché est énorme. On s’attaque à des secteurs qui sont gros. »

Son produit peut aussi servir à de multiples usages. Par exemple, dans le domaine de la sylviculture, il soutient que des essais réalisés en Alberta montrent que les conifères poussent beaucoup plus vite avec ses billes. « On obtient les mêmes résultats en six mois qu’en deux ans présentement. »

Il voit aussi des possibilités pour la culture en pot, qu’elle soit industrielle ou à la maison. « Si vous mettez des perles dans les pots de vos plantes à la maison, vous pouvez partir en vacances durant trois semaines sans demander au voisin de venir les arroser », poursuit le président de RHST.  

Néanmoins, en plus de l’argent, il existe d’autres contraintes au développement de la start-up. Le fondateur souligne qu’en raison de toutes les particularités locales liées aux variations de sols, de climats et de cultures, des tests sont requis dans chaque région.  

« Même si je fais des tests au Québec et en Ontario, on va m’en exiger en Californie, en Colombie-Britannique, au Chili, etc., constate-t-il. Les agriculteurs vont vouloir des données locales qui s’appliquent à eux avant d’adopter mon produit. »

Malgré tout, Thomas Gradek reste convaincu du bienfait de sa solution, car avec le rehaussement continu des températures et le « soleil qui vole l’eau », cette ressource essentielle à notre vie doit être optimisée.