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Les PME doivent s’attaquer à leur productivité, selon la BDC

François Normand|Publié le 15 avril 2019

Les entreprises très performantes ont notamment en commun d’être deux fois plus productives que leurs pairs.

De Québec à Vancouver, les PME canadiennes font face à plusieurs défis, mais le plus criant est de loin celui de la productivité, affirme le président et chef de la direction de la Banque de développement du Canada (BDC), Michael Denham.

«L’enjeu numéro un est la productivité. Je ne dis pas qu’on a un problème de productivité, mais c’est toujours important», a déclaré le patron de la société d’État ce lundi en marge d’une allocution prononcée devant le Cercle canadien de Montréal.

La productivité mesure la quantité et la valeur de PIB produites dans une heure de travail par un employé. Elle n’a donc aucun lien avec la quantité d’heures travaillées dans une semaine.

Bref, il ne faut pas travailler plus fort. Il faut plutôt travailler mieux, notamment grâce à la technologie, une meilleure organisation du travail et des employés mieux formés.

Michael Denham affirme que la productivité est «la condition sine qua non à la réussite des PME», car elle a un impact sur leur compétitivité et leur santé financière.

«C’est la base pour les exportations. Avec de la productivité, on a des marges [bénéficiaires] plus élevées. On peut donc payer davantage les employés et investir davantage», dit-il.

Or, les entreprises québécoises traînent la patte au Canada.

En 2016 (les données les plus récentes), les entreprises du Québec affichaient en moyenne une productivité de 43,45$ par heure travaillée, selon une récente étude publiée par Centre sur la productivité et la prospérité à HEC Montréal.

Les entreprises québécoises au 7e rang au Canada

La productivité des sociétés du Québec arrive au septième des provinces canadiennes, juste derrière l’Ontario, mais devant les provinces des Maritimes, à l’exception de Terre-Neuve-et-Labrador (2e rang, en raison du pétrole).

C’est en Alberta où les entreprises sont les plus productives, aussi en raison du pétrole.

Le patron de la BDC préfère de pas commenter le niveau de productivité des entreprises canadiennes et québécoises par rapport à d’autres pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Or, les données compilées par le Centre sur la productivité et la prospérité à HEC Montréal montrent que le Québec et le Canada font piètre figure en ce qui a trait à la productivité du travail dans l’ensemble de leur économie.

Cela inclut les entreprises (où la grande majorité des heures sont travaillées, 78% dans le cas du Québec), mais aussi les administrations publiques et les organismes à but non lucratif.

Ainsi, en 2017, dans une heure de travail, un Québécois produisait en moyenne pour 60,15$CA (à parité du pouvoir d’achat) de PIB, comparativement à 66,95$ pour la moyenne canadienne

La performance du Québec (et du Canada) est bien supérieure à la Corée du Sud à 45,77$, mais largement inférieure à celle de pays comme les États-Unis (82,03$), l’Allemagne (87,38$) ou la Belgique (93,43$).

Michael Denham affirme que la BDC réussit à aider les entreprises canadiennes à accroître leur productivité. 

Comment la BCD aide les PME à être plus productives

La société d’État a élaboré un outil en ligne qui permet aux PME de mesurer leur niveau de productivité et de le comparer à celui d’autres entreprises. Et selon lui, les entrepreneurs tentent corriger le tir quand ils constatent qu’ils ont un problème.

La BDC offre aussi des programmes pour que les entrepreneurs aient accès à davantage de financement, et ce, pour les aider à faire les investissements requis pour accroître la productivité de leur entreprise.

Michael Denham affirme que les entreprises qui suivent les conseils de la BDC arrivent généralement à augmenter leur productivité, en misant notamment sur une meilleure efficacité organisationnelle.

Une stratégie gagnante, montrent les données de la BDC.

La société d’État a analysé les données de plus de 950 000 entreprises canadiennes ayant un chiffre d’affaires inférieur à 100 millions de dollars.

Ainsi, 4% d’entre elles sont des sociétés dites «très performantes», c’est à dire-dire que la croissance de leurs ventes et de leur marge bénéficiaire dépassent la médiane de leur secteur.

Or, ces entreprises ont notamment en commun d’être deux fois plus productives que leurs pairs.

Les sociétés très performantes affichent des ventes par employé de 133 305$, tandis que celles des entreprises moins performantes s’élèvent seulement à 64 756$, selon les données de la BDC.