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Les PME en quête de solutions au salon Connexion

Alain McKenna|Publié le 18 avril 2019

Au Québec, plusieurs entreprises investissent dans le numérique, mais on sent un manque d’engagement clair.

La transformation numérique n’est pas que pour les grandes entreprises, a-t-on pu constater lors de la seconde édition de Connexion, le salon organisé par Les Affaires sur cette question. 

La transformation numérique suscite beaucoup de questions partout au Québec. Les entreprises de tous les secteurs sont touchées de près ou de loin par une informatisation des processus d’affaires qui risque de changer profondément leurs façons de faire au fil des prochaines années.

Face à cette situation, elles se posent des questions. La première, et peut-être la plus importante, est à la fois simple et difficile. « Voulez-vous devenir le prochain Amazon, ou voulez-vous plutôt bénéficier d’une bonne présence sur le site d’Amazon ? », demande le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), dont les représentants accueillaient les curieux à leur kiosque situé tout près d’une des quatre scènes où des conférenciers invités discutaient tour à tour de 5G, de politique d’utilisation des données confidentielles, et d’expérience client.

Devant ces nouvelles technologies qui présagent d’une montée de l’automatisation, de l’intelligence artificielle et d’une relation avec la clientèle toujours plus directe, bien des entrepreneurs ne se considèrent pas de taille pour rivaliser avec les multinationales que sont Amazon et Microsoft. Le Québec étant une économie de PME, principalement, le CQCD trouvait nécessaire d’avoir une présence dans cet événement proposant justement des produits et services pour tous les besoins et tous les budgets.

« La transformation numérique vaut pour les entreprises de toutes les tailles, mais les mesures à prendre peuvent varier selon le cas. Ça prend avant tout une stratégie claire, d’où on veut se rendre, puis une idée de comment on va engager tout le monde dans l’entreprise pour s’y rendre », ajoute le CQCD. 

Optez pour le gros bon sens

Sur scène tôt mercredi matin, le professeur retraité de HEC Montréal Christian Dussart a chaudement recommandé aux nombreuses personnes venues assister à une conférence sur les principaux enjeux du numérique de ne pas passer en mode panique. Oui, le numérique aura un impact sur le monde des affaires et sur le commerce. Mais de là à risquer le modèle d’affaires de l’entreprise, il y a un pas que ne franchirait pas M. Dussart.

« On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, mais n’allez pas tuer la poule pour autant, surtout si c’est une poule aux œufs d’or! Procédez par étapes, mais surtout, commencez pas établir une stratégie claire. »

C’est un message qui a pris de court quelques spectateurs, qui s’attendaient probablement à un encensement sans borne des technologies numériques dans un contexte d’affaires. Après tout, quand il est question de technos, le refrain est déjà bien connu : le Québec est en retard!

Des données tirées du sondage Léger commandé par Les Affaires pour un dossier sur la transformation numérique publié en marge de ce salon tendent à aller en ce sens, en effet. Plusieurs entreprises investissent dans le numérique, mais on sent un manque d’engagement clair, l’adoption d’outils informatiques se faisant souvent au cas par cas.

Mais il ne faudrait pas confondre un manque d’empressement pour un retard grave, nuance Alexandre Skerlj, du Cefrio, également présent sur place. « Je suis assez certain que si on faisait le même exercice en Ontario ou ailleurs au pays, on verrait que les PME là-bas en sont à peu près au même stade », dit-il.

Une inspiration bien de chez nous

Alors, une transformation numérique réussie, c’est quoi ? La question jamais abordée de front était omniprésente, en toile de fond. Les dirigeants d’entreprises qui parviennent à se démarquer dans leur industrie, grâce à un tel virage, donnent quelques pistes de réflexion pour les dirigeants d’entreprises qui souhaiteraient leur emboîter le pas.

Des piliers de l’économie québécoise comme CAE, qui s’est taillé une place de choix dans le secteur de la santé grâce à la réalité augmentée, à la Maison Simons, qui est parvenue à générer de la croissance malgré un environnement concurrentiel turbulent, ont compris que le changement n’était pas qu’une affaire d’outils, mais qu’elle nécessitait aussi de revoir la culture d’entreprise, et de sortir des sentiers battus.

« Pourquoi devrait-on changer si tout va bien ? », demandait d’ailleurs Peter Simons, PDG de la chaîne de vêtements, pour illustrer l’état dans lequel se trouvent bien d’autres entreprises de chez nous face aux changements qui les guettent.

En effet, on peut attendre que le marché et les technologies évoluent en notre défaveur avant d’agir. Ou alors, on peut prendre les devants. Chose que semblaient vouloir faire les gens venus arpenter les allées du Salon Connexion numérique de la Place Bonaventure ces deux derniers jours, qui étaient manifestement sur place pour trouver des solutions pour ce faire.