Pierre Cléroux, vice-président et économiste en chef de la BDC.
Une meilleure productivité ne favorise pas seulement la rentabilité, selon une étude de la Banque de développement du Canada dévoilée lundi. Elle permettrait aussi de mieux juguler les trois grandes menaces de l’heure, soit l’inflation, la rareté de la main-d’oeuvre et les problèmes d’approvisionnement.
Ces trois facteurs touchent moins les PME les plus productives que les autres, d’après le rapport.
En sondant plus d’un millier de PME au pays en juin, l’organisme fédéral a pu montrer que celles se trouvant dans la meilleure tranche de 10% concernant le ratio ventes/nombre d’employés réussissent bien mieux à éviter ce macabre trio.
Par exemple, 28 % des PME les plus performantes font face à des problèmes de chaîne d’approvisionnement, par rapport à 42 % pour l’ensemble des PME. Environ 39 % d’entre elles voient l’inflation comme un défi, contrairement à 61 % en moyenne. Finalement, 40 % de ces PME les plus efficaces sont aux prises avec une pénurie de main-d’oeuvre comparativement à 58 % pour l’ensemble.
«Non seulement les entrepreneures et entrepreneurs qui s’efforcent de rendre leur entreprise plus productive réussissent-ils beaucoup mieux que les autres, mais la valorisation de leur entreprise est également plus élevée, note Pierre Cléroux, vice-président et économiste en chef de la BDC. Notre étude montre que les PME canadiennes les plus productives de leur secteur génèrent six fois plus de ventes et cinq fois plus de profits par employée ou employé.»
Comment améliorer sa productivité?
Face à la montée de leurs coûts, la BDC souligne que les deux tiers des PME ont augmenté leurs prix. «Si cette stratégie peut fonctionner à court terme, elle risque ultimement de nuire à la compétitivité de l’entreprise», fait-elle cependant remarquer.
Du côté de la pénurie d’employés, la moitié des PME ont tenté d’attirer du personnel qualifié avec des salaires plus alléchants et 43% ont fait preuve de plus de flexibilité. La BDC estime toutefois qu’il serait «plus durable» de mieux utiliser ses ressources, afin d’en faire plus avec moins. Concernant l’approvisionnement, la BDC reconnait qu’il s’agit d’une problématique plus difficile à régler, mais avec des gains de productivité, des ressources pourraient être redirigées vers ce domaine.
Face à ces grandes menaces, la BDC enjoint les PME à accroitre leur productivité. Pour y arriver, elle prône quatre pistes que nous présentons ici textuellement:
1 – Mesurer la performance de l’entreprise par rapport à ses paires;
2. Optimiser les processus pour éliminer les tâches qui représentent une perte de temps et d’argent;
3. Numériser les processus pour gagner en efficacité et automatiser certains processus, peu importe le secteur ou l’industrie;
4. Améliorer continuellement les produits, les services et les processus, y compris la formation du personnel.
Afin d’aider les PME à voir où elles en sont, la BDC a créé un outil de comparaison de la performance. Sachant que l’écart se creuse en matière de productivité entre les entreprises canadiennes et celles des États-Unis et des autres pays du G7, il est grand temps d’agir, selon elle. Il y avait un retard de 17% avec nos voisins américains concernant le PIB par heure travaillée en 1989, mais il s’est accru pour atteindre 26 % en 2019.