«En adoptant les nouvelles technologies, les petites entreprises peuvent transformer ces perturbations potentielles en opportunités», affirme Pierre Cléroux, vice-président à la recherche et économiste en chef de la BDC. (Photo: BDC)
L’augmentation des coûts, la consommation de la génération Z, le manque de main-d’œuvre et les changements technologiques sont les quatre tendances de fond que les PME doivent garder à l’œil, selon la BDC.
Dans une étude publiée lundi matin, la Banque de développement du Canada estime que ces quatre phénomènes vont marquer le paysage commercial au pays dans les prochaines années.
Elle montre que les trois-quarts des entrepreneurs sondés affirment que la croissance des coûts ébranle leur entreprise. La BDC souligne que même si le prix de certains intrants a baissé ou diminuera, celui de l’énergie «restera probablement élevé, car les phénomènes météorologiques extrêmes affectent la production d’électricité, la hausse de la demande d’électricité continue d’exiger de nouveaux investissements et les situations géopolitiques maintiennent les prix du gaz au-dessus de la moyenne d’avant la pandémie».
Par conséquent, l’optimisation de la consommation d’énergie et l’adoption de technologies, comme l’automatisation ou l’intelligence artificielle peuvent permettre de réduire les coûts et améliorer l’efficacité. Cependant, la BDC recommande d’identifier les inefficacités et les investissements les plus rentables avant de délier les cordons de la bourse.
Une nouvelle génération de consommateurs
La montée de la génération Z pourrait venir modifier le profil de consommation au pays, selon l’organisme fédéral. Cette génération née entre 1997 et 2012 est nettement plus encline «à payer un supplément pour des vêtements, chaussures et accessoires écologiques (71%) que les autres cohortes générationnelles (54%)». Les PME devront donc miser sur des produits locaux et plus respectueux de l’environnement pour les attirer. De plus, l’adoption de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) est cruciale pour faire affaire avec de grandes entreprises qui se cherchent des fournisseurs, car c’est ce qu’elles exigent de plus en plus.
En ce qui concerne la pénurie de main-d’œuvre, la BDC estime qu’elle persistera au cours de la prochaine décennie. Le problème sera particulièrement criant pour les postes qualifiés. «Près de 70% des futures offres d’emploi nécessiteront une formation postsecondaire ou des compétences en gestion, domaines dans lesquels les taux de chômage sont actuellement les plus bas», fait valoir l’organisme.
Chez les entreprises sondées, 88% affirment qu’il sera aussi difficile, voire plus difficile, de trouver des employés dans les cinq prochaines années. Afin de faire face au manque de main-d’œuvre, le document présente trois grandes stratégies pour l’amoindrir:
- La technologie et l’automatisation permettent de réduire le temps que les employés allouent à des tâches répétitives ou de faible valeur. Produire autant ou davantage avec moins de personnel est donc possible.
- L’attraction et la rétention de la main-d’œuvre peuvent se réaliser grâce à une stratégie axée sur les personnes, avec une rémunération compétitive, des progressions de carrière et une culture d’entreprise positive.
- L’amélioration des compétences grâce à la formation, des partenariats avec les établissements académiques et le recrutement d’employés issus de la diversité contribuent à accroître le bassin de talents disponibles.
Incontournables technologies
Finalement, la BDC estime que les PME doivent être en mesure de suivre le rythme rapide de changements technologiques. «Nous avons dépassé le stade où l’adoption de nouvelles technologies est un bon conseil; elle est obligatoire», soutient Pierre Cléroux, vice-président à la recherche et économiste en chef, BDC.
Affirmant qu’il est «impératif» pour les entrepreneurs d’embrasser la transformation numérique, la BDC fait aussi valoir que les entrepreneurs le reconnaissant: 82% d’entre eux considèrent déjà la technologie comme essentielle et 38% anticipent des perturbations importantes dues aux nouvelles technologies.
Pierre Cléroux juge que les quatre tendances identifiées par son organisation interagissent entre elles. «En adoptant les nouvelles technologies, les petites entreprises peuvent transformer ces perturbations potentielles en opportunités de faire progresser leurs affaires et façonner leur propre avenir», croit-il.
Cette étude de la BDC s’appuie sur un sondage en ligne mené auprès de 1 278 propriétaires d’entreprise et de responsables des décisions d’affaires du panel Angus Reid en juin dernier, ainsi que sur un autre réalisé avec 1 503 citoyens canadiens en août à l’aide du Forum d’Angus Reid.