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Movin’On 2019: l’écosystème de la mobilité passe par la finance

Siham Lebiad|Publié le 06 juin 2019

La transition écologique s’organise et les banques tiennent à la mener. C’est l’idée qui a été martelée par les...

La transition écologique s’organise et les banques tiennent à la mener. C’est l’idée qui a été martelée par les dirigeants de l’industrie de la finance, lors du sommet mondial de la mobilité durable Movin’On qui s’est tenu à Montréal du 4 au 6 juin. 

«Aucun organisme ne peut opérer le changement [écologique] seul […]. Les banques ont une opportunité claire de montrer l’exemple», a insisté Sophie Javary, vice-présidente de la banque française BNP Paribas, lors d’une conférence mercredi. 

Mme Javary considère que les défis principaux seront de créer un système «transparent» qui «inspire la confiance». Elle souhaite que les banques orientent davantage les consommateurs vers des changements dans leurs habitudes. 

Elle a aussi insisté sur le fait que les autorités doivent changer les lois, afin de permettre l’émergence de nouveaux modèles d’affaires, plus axés sur cette fameuse transition verte. 

Des instruments financiers… et écologiques 

Concrètement, que font les banques? Des participants à la conférence organisée par C2 et Michelin ont évoqué les différents instruments disponibles sur les marchés pour financer les développements industriels et technologiques orientés vers l’amélioration de l’environnement. 

Un de ces instruments est le «Green Bond», qui, comme son nom l’indique, est une obligation – émise par des organisations ou des entités gouvernementales –, et qui a pour but de financer des projets de transition écologique. 

Selon des estimations de Moody’s, ces obligations représenteront un marché de 200 G$ US en 2019. Les résultats du premier trimestre de l’année (47,2 G$ US d’obligations émises) confirment les prédictions de l’évaluateur. 

Le mot d’ordre du sommet: «écosystème»

Si la révolution environnementale ne peut pas se passer des banques, ces dernières doivent compter sur le soutien des gouvernements. 

La majorité des conférenciers s’accordait sur le fait qu’une mobilité intelligente et «verte» passe par une collaboration entre tous les agents économiques. 

Les différents entrepreneurs lancent un appel unanime aux législateurs, afin de redéfinir les lois régissant les industries susceptibles de participer à la transition écologique. 

Pour BNP Paribas, les gouvernements doivent trouver des moyens de travailler avec les banques dans le cadre de l’accord de la COP21. 

Un de ces moyens serait la création d’avantages exclusifs aux banques qui imposent le respect des critères définis par l’accord de Paris comme un prérequis à l’investissement et à la mobilisation de capitaux. 

Les entreprises «polluantes» redéfinissent leur statut 

La transition écologique mondiale a forcé l’adaptation de plusieurs entreprises qui veulent se défaire de leur réputation «anti-environnementale». 

Total, une des plus grandes entreprises pétrolières et gazières du monde, essaie de gommer ce titre difficile à porter de nos jours. «Nous ne nous considérons plus comme une entreprise pétrolière, mais plutôt comme une entreprise d’énergie», a déclaré Philippe Montantême, vice-président marketing de Total, lors d’une conférence du sommet mercredi. 

BMW était représentée au sommet par Ursula Mathar, vice-présidente du groupe, qui a affirmé que l’entreprise «passait de producteur de voitures à entreprise de mobilité». 

Les entreprises impliquées dans les énergies fossiles visent un changement d’image qui passe par un changement d’association à leurs pratiques. 

L’œuf ou la poule? 

«Qui des entreprises ou des gouvernements devraient faire le premier pas vers cette nouvelle mobilité?» Cette question était sur toutes les lèvres, le but étant de définir la façon dont s’organisera le déploiement des nouveaux modes de mobilité. 

«Par définition, les villes sont locales et les entreprises sont internationales […] le plus grand défi sera de voir comment on peut aller d’une vision mondiale pour agir localement», a affirmé Miguel Gaspar, adjoint du maire de la ville de Lisbonne, au Portugal. 

«Les deux partenaires devront s’éloigner des solutions qu’ils ont déjà développées pour arriver à une solution commune», dit Mme Mathar.