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Pénurie de main-d’oeuvre: Benny&Co connaît pas… ou presque

Martin Jolicoeur|Publié le 29 mai 2019

En un an, la chaîne québécoise a reçu pas moins de 13 000 CV de candidats désireux de travailler pour la rôtisserie.

Les temps sont durs pour les employeurs du secteur de la restauration. Pas une semaine ne passe sans qu’on entende un de ces propriétaires se plaindre de difficultés de recrutement ou de rétention de personnel.

La chaîne de rôtisserie Benny&Co jure au contraire devoir composer avec une abondance de candidatures d’aspirants travailleurs intéressés à joindre ses rangs.  En un an, la chaîne soutient même avoir reçu les CV de pas moins de 13 000 candidats!

Le chiffre impressionne. Surtout en cette époque où, faute de pouvoir recruter des travailleurs en nombre suffisant, des établissements se voient forcés de réduire leurs heures d’ouverture, de fermer certains jours et soirs de semaine, et parfois même de devoir carrément mettre fin à leurs activités.

Les difficultés de chaînes comme Tim Hortons sont bien connues. Les sites d’emplois pullulent d’annonces qui cachent mal le désarroi de plusieurs franchisés devant le manque de main-d’œuvre. Dominique Brown, président de la populaire chaîne Chocolats favoris, a même déjà exprimé que cet obstacle le forçait à envisager autrement la croissance de sa chaîne.

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Les choses semblent se passer autrement pour les rôtisseries Benny&Co qui, depuis 2012, inaugure entre six et huit nouveaux restaurants par année, avec chaque fois la nécessité de recruter 30 nouveaux employés. «La pénurie de main-d’œuvre ne freine pas notre croissance», assure son président Jean Benny. Fondée en 1960, la chaîne québécoise compte aujourd’hui 55 succursales et un peu plus de 1700 travailleurs.

Ce qui distingue Benny&Co de la concurrence, selon Linda Charest, vice-présidente Opérations, est d’avoir vu le problème de pénurie venir il y a longtemps et d’avoir su rapidement, dès 2014, engager une réflexion afin de positionner l’entreprise comme employeur de choix auprès des étudiants, son principal bassin de main-d’œuvre.

La semaine dernière, la chaîne a distribué douze bourses d’études de 500$ à 1000$ parmi l’ensemble de ses employés et a fait tirer une bourse de voyage de 2 500$ (dont 1000$ d’argent de poche), tirage qui revient deux fois par année. Ce sont là que quelques-unes des mesures, mises en place depuis quelques années pour rendre l’entreprise plus attrayante pour aux aspirants travailleurs.

Photo: Benny&Co

«Les jeunes souhaitent des horaires flexibles pendant l’année scolaire, des horaires à temps plein pendant l’été, ils apprécient les escomptes sur les repas, et rêvent comme tout le monde de voyages à l’étranger. Nous les écoutons et tentons de faire ce qu’il faut pour les satisfaire. Le plaisir et la performance sont intimement liés.», résume Yves Benny, vice-président relations publiques de l’entreprise familiale.

La stratégie semble avoir fonctionné; en réponse à un sondage, près de 91% de l’ensemble des employés estiment que l’entreprise respecte sa promesse «d’offrir un environnement stimulant et propice à leur épanouissement». 

Outre son programme de bourses, Benny&Co met à la disposition de ses franchisés et de ses employés un centre de formation qui tient compte des nouvelles tendances en matière de leadership et de ressources humaines. De plus, l’entreprise travaille actuellement à la mise sur pied d’un nouveau programme d’assurances collectives à l’intention des employés à temps partiel (20 à 35 heures), apparemment plus avantageux que celui de la RAMQ. 

« L’entreprise doit se vendre, c’est notre nouvelle réalité (…) Plus de 60% de nos employés sont à temps partiel, poursuit Yves Benny.  Les ressources humaines, le marketing et les communications ont donc travaillé ensemble pour mettre sur pied une campagne publicitaire à temps pour le recrutement de la période estivale. Son message : chez Benny&Co, c’est pas juste travailler, c’est aussi voyager!»

Le temps et les fonds nécessaires au déploiement de cette campagne semblent avoir dépassé les attentes. En douze mois, l’entreprise dont le siège est situé à Bois-des-Filion dans les Basses-Laurentides, soutient avoir reçu pas moins de 13 000 candidatures. La situation l’a convaincue, explique Mme Charest, d’embaucher un responsable des ressources humaines à temps plein pour assister l’ensemble des franchisés dans leurs efforts de recrutement, gestion et rétention de main-d’œuvre.

Cela dit, la direction de Benny&Co admet que la situation est plus difficile dans certaines régions, comme la ville de Québec, la Montérégie, et dans les villes de banlieue de l’île de Montréal. Pour assurer sa croissance, l’entreprise familiale réfléchit à la possibilité de recourir, à l’instar de McDonald’s depuis des années, à l’offre de travail à temps partiel ou temps plein de retraités ou semi-retraités. 

Dans d’autres cas plus extrêmes, le recrutement international pourrait s’avérer une solution. «La clé est d’adopter une attitude d’ouverture pour s’adapter à la nouvelle génération et à la main-d’œuvre disponible », résume Mme Charest.

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