Plus du quart des PME ne savent pas qu’elles utilisent l’IA
Emmanuel Martinez|Mis à jour le 18 octobre 2024Photo: Ilya Pavlov pour unsplash.com.
Les propriétaires de PME ne savent souvent pas que leurs entreprises ont recours à l’intelligence artificielle (IA), selon une nouvelle étude de la Banque de développement du Canada (BDC).
Dévoilée mercredi lors de la conférence sur l’IA «All In à Montréal», cette recherche montre que 27% des entrepreneurs sondés utilisaient des outils d’IA sans le savoir. En effet, seulement 39% des répondants croyaient au départ qu’ils employaient l’IA, mais cette proportion a bondi à 66 % lorsque la BDC leur a présenté une liste d’outils dotés d’IA.
«Notre étude met en évidence un manque de connaissances important; de nombreux entrepreneurs ne connaissant pas les outils d’IA qu’ils et elles utilisent déjà», explique Pierre Cléroux, vice-président Recherche et économiste en chef à la BDC, par communiqué.
L’IA en vaut la peine
Le sondage montre que les PME sont très convaincues des atouts que procure l’IA. Environ 97% d’entre elles affirment qu’il existe des avantages à utiliser l’IA, un pourcentage qualifié de «stupéfiant» par la BDC.
Parmi les bénéfices soulignés, on note «une efficacité accrue, une réduction des coûts, une augmentation des ventes, une amélioration du service à la clientèle et une meilleure gestion des ventes, de la production ou des stocks». Plus spécifiquement, 27% des propriétaires sondés ont remarqué une baisse des coûts d’exploitation grâce à l’IA, tandis que 22% ont mentionné avoir moins besoin d’embaucher du personnel supplémentaire.
«En démontrant les gains les plus rapides pour les plus petites entreprises, notre rapport montre clairement que la mise en œuvre de l’IA est un bon investissement», affirme explique Pierre Cléroux.
Bref, la BDC croit qu’une adoption plus répandue de l’IA améliorera la productivité au pays.
Des obstacles
Les coûts restent la principale barrière pour une PME qui souhaite adopter l’IA. À cela, il faut ajouter la méconnaissance des solutions d’IA, l’incertitude quant aux options offertes et les préoccupations concernant la confidentialité des données.
Les plus grandes PME sont plus susceptibles d’avoir recours à l’IA que les plus petites. Le taux d’adoption s’élève à 86% pour les entreprises de plus de 100 employés contre 60% dans celles de moins de cinq employés. Cet écart pourrait se creuser dans les prochaines années selon la BDC. Elle précise qu’au total, 24% des PME ont l’intention de consacrer des fonds pour accueillir de l’IA. Or, en examinant les chiffres en détail, on remarque que 80% des grandes PME comptent délier les cordons de leur bourse contre seulement 20% des microentreprises.
L’âge de l’entreprise est également un facteur significatif. Seulement 48% des entreprises ayant plus de 25 ans se servent de l’IA contre 78% de celles ayant cinq ans ou moins.
Celles dans les grandes agglomérations urbaines (78%) y ont aussi davantage recours que les PME des zones rurales (55%).
Menée en avril dernier auprès de 1247 propriétaires d’entreprise au Canada, l’étude révèle que 28% des PME sondées qui n’utilisent pas l’IA ne prévoient pas le faire d’ici deux ans, ce qui est inquiétant. Encore une fois, cela concerne surtout les microentreprises, soit 35% d’entre elles. Seulement 5% des PME de plus de cent employés excluent le recours à l’IA.