BUDGET QUÉBEC 2019. Il veut encourager la participation des travailleurs d’expérience et l’intégration des immigrants.
Québec s’attaque à la pénurie de main-d’œuvre en bonifiant le crédit d’impôt pour les travailleurs d’expérience et en accordant une aide aux petites entreprises qui les embauchent. Une stratégie pour « mieux intégrer les immigrants », dont les détails sont à préciser, est aussi dans les cartons.
Le gouvernement Legault bonifie le crédit d’impôt pour les travailleurs d’expérience sur plusieurs fronts. L’âge d’admissibilité est abaissé à 60 ans, plutôt que 61 ans. Un travailleur de 60 ans pourra faire des économies d’impôt allant jusqu’à 1500 $ avec les changements adoptés.
Le plafond des revenus de travail excédentaire est également bonifié à 10 000 $ pour les 60 ans à 64 ans et reste à 11 000 $ pour les 65 ans et plus. Pour un travailleur de 60 ans qui n’a que des revenus de travail, la première tranche de revenus non imposée passe ainsi de 18 129 $ à 28 226 $. Précisons que ce crédit vise les travailleurs à plus faible revenu. Il est réductible à partir d’un revenu de 34 610 $ et disparaît à partir de 64 610 $.
Le Ministère des Finances estime que 158 000 travailleurs de 60 à 64 ans profiteront du crédit. De ce nombre, 20 000 n’auraient plus à payer d’impôt. La bonification du crédit représente un coût de 104,5 M$ pour l’année 2019-2020 pour le Trésor public.
Avec cette mesure le gouvernement veut rattraper l’Ontario en ce qui concerne le taux d’emploi des 60 ans et plus. Le Ministère des Finances estime qu’un rattrapage permettrait d’ajouter 89 000 travailleurs au marché de l’emploi.
Le gouvernement prévoit aussi une aide directe pour les PME qui sont admissibles à la déduction pour petite entreprise et qui embauchent des travailleurs de 60 ans et plus. Elles auront droit à un crédit d’impôt relatif aux taxes sur la masse salariale de 50 % pour les travailleurs âgés de 60 à 64 ans, jusqu’à concurrence de 1250 $. À 65 ans, le crédit est de 75 %, jusqu’à concurrence de 1875 $.
Martine Hébert, porte-parole de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), est « ravie » de cette annonce. « Ça vient répondre à des demandes que nous avions formulées, commente-t-elle en entrevue. Ça va permettre d’importantes économies d’impôt pour les travailleurs et va toucher près de 34 000 entreprises. Ce n’est pas négligeable. »
Véronique Proulx, PDG des Manufacturiers & Exportateurs du Québec, déplore que les grandes entreprises n’aient pas accès à la réduction sur la masse salariale. « On vit les mêmes défis que les petites entreprises », souligne-t-elle en entrevue.
Yves-Thomas Dorval, PDG du Conseil du patronat du Québec, abonde dans le même sens. « Près de 80 % des postes à pourvoir au cours des 10 prochaines années résulteront de départs à la retraite, on ne devrait pas créer deux classes d’employeurs, déplore-t-il. D’autant plus que les grandes entreprises emploient une large proportion des employés et que certaines institutions financières subissent des taxes additionnelles sur la masse salariale. »
Intégration des immigrants
Le gouvernement va dépenser 176 M$ de plus au cours de l’exercice 2019-2020, ou 730 M$ sur cinq ans, pour « mieux intégrer les immigrants ». Peu de détails circulent pour l’instant, le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion devrait dévoiler un « parcours d’immigration personnalisé » plus tard.
Parmi les objectifs poursuivis, on veut élargir l’accès aux programmes d’intégration et de francisation. On souhaite également accompagner les entreprises qui embauchent des travailleurs temporaires. En conférence de presse, le ministre des Finances Éric Girard a dit qu’il voulait qu’il y ait « une meilleure adéquation » entre les besoins des entreprises et l’immigration.