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Québec veut une reddition de comptes pour développer le nord

François Normand|Publié le 08 Décembre 2020

Le Plan d'action nordique 2020-2023 représente des occasions d'affaires pour de nombreuses PME actives dans le nord.

Au-delà des investissements de 1,4 milliard de dollars auxquels s’attend Québec pour développer le nord québécois, c’est une nouvelle philosophie de gestion du territoire qui se dessine avec le Plan d’action nordique 2020-2023 rendu public lundi.

En entretien à Les Affaires en marge de l’annonce d’un investissement de 778 millions de Québec dans le Plan Nord, le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonathan Julien, a indiqué que l’approche de son gouvernement était plus pragmatique et rigoureuse que celle de l’ancien gouvernement libéral, car elle mise sur une meilleure reddition de comptes.

«Je n’ai pas vu de reddition de comptes sur une base annuelle [dans l’ancien Plan Nord]. C’est pourtant primordial», affirme le ministre Julien.

C’est la Société du Plan Nord, dont la mission est de contribuer au développement intégré et cohérent du territoire nordique québécois, qui aura la responsabilité de réaliser le Plan d’action nordique 2020-2023, élaboré en consultant davantage les parties prenantes locales, dont les Autochtones.

Ainsi, chaque année, cette société d’État devra s’assurer que les sommes investies dans le développement du nord du Québec — au-delà du 49e parallèle — donnent les résultats en fonction des objectifs fixés par les parties prenantes.

La Société du Plan Nord fera cet exercice dans une planification triennale (3 ans), une période de temps qui permet de faire une reddition de comptes plus rigoureuse que dans une planification quinquennale (5 ans), selon Jonathan Julien.

Le gouvernement Legault a même prévu une réserve de 26 millions de dollars (qui pourrait être bonifiée jusqu’à 120 M$) si jamais de nouveaux besoins en investissements étaient nécessaires en cours de route, par exemple pour construire de nouveaux types d’habitations.

«On veut de la prévisibilité [dans notre plan]», insiste le député de Charlesbourg et ministre responsable de la Côte-Nord.

 

La vision du Plan d’action nordique 2020-2023 du gouvernement du Québec (Photo: MERN)

 

À l’opposé des prévisions à long terme

Selon lui, l’approche pragmatique et à moyen terme de la Coalition avenir Québec tranche avec celle de l’ancien gouvernement libéral, et ce, aussi bien pour celui de Jean Charest (2003-2012) que celui de Philippe Couillard (2014 à 2018).

Quand les libéraux de Jean Charest ont lancé leur Plan Nord en 2011, ils avaient prévu que les gouvernements et les entreprises privées y consacreraient 80 G$ d’ici 2050, soit une moyenne de 2,05 G$ par année.

Le gouvernement péquiste (minoritaire, de 2012 à 2014) de Pauline Marois a remis en question ces investissements, mais sans avoir le temps d’élaborer une nouvelle stratégie détaillée pour développer le nord du Québec, selon Radio-Canada.

En 2014, lorsque les libéraux de Philippe Couillard ont pris le pouvoir, ils prévoyaient que leur nouveau Plan Nord générerait des investissements de 50 G$ d’ici 2035, pour une moyenne de 2,4 G$ par année.

Avec des investissements espérés de 1,4 G$ (de Québec, d’Ottawa et du secteur privé) en trois ans, le Plan d’action nordique permettra d’investir en moyenne 467 M$ par année d’ici 2023.

Si ces investissements sont inférieurs sur une base annuelle (si l’on compare les investissements attendus par la CAQ sur trois ans par rapport à ceux espérés par les libéraux à long terme), ils ont en revanche une plus grande probabilité de se réaliser, selon la logique de reddition de comptes du gouvernement Legault.

C’est sans parler du fait que les caquistes ont l’intention de présenter une autre version de leur plan d’action nordique sur une base triennale après 2023.

«On veut vraiment y aller par étapes», insiste Jonathan Julien.