L’innovation était souvent loin dans la liste des priorités des entreprises avant la pandémie... elle devrait maintenant devenir, comme l'agilité, un réflexe. (Photo: Rohan Makhecha pour Unsplash)
BLOGUE INVITÉ. La pandémie a été un laboratoire d’expérimentation exceptionnel pour plusieurs entreprises. En effet, certaines entreprises ont franchi les frontières de ce qui semblait impossible dans l’ère pré-COVID. En outre, la pandémie s’est avérée un terreau fertile pour faire germer de nouvelles idées, prendre des initiatives, essayer, tester, au risque de se tromper.
Les exemples pullulent. Les gouvernements ont lancé plusieurs initiatives — subventions, appels à la mobilisation, plateformes de ressources comme Le Panier bleu — afin de soutenir les entrepreneurs et les chercheurs qui développent des innovations en réponse à la crise.
Des milliers de travailleurs et de travailleuses ont basculé au télétravail en l’espace de quelques jours. Malgré l’intérêt croissant qu’il suscitait avant la crise, le télétravail est en voie de devenir la nouvelle norme de la réalité post-COVID. Cette nouvelle réalité aura inévitablement un impact sur la gestion des espaces de bureaux ainsi que sur la mobilisation des employés, les interactions entre les collègues et les clients.
Dans un mouvement sans précédent, plusieurs entreprises ont pris les devants pour combattre les effets de la pandémie. Les lignes de production de Tristan et de Bauer qui servent traditionnellement à concevoir des uniformes et des équipements de hockey ont été adaptées à la confection de visières médicales. L’entreprise Canada Goose est passée de la confection de manteaux d’hiver à la fabrication de jaquettes d’hôpital. Au lieu de produire de l’alcool, des distilleries comme Pur Vodka et Labatt ont adapté leurs installations pour produire du désinfectant pour les mains et du gel antiseptique.
Vulnérabilités et fragilités
La pandémie a aussi exposé les vulnérabilités et les fragilités des organisations. La pandémie a exhorté les entreprises à faire une introspection rapide. Lorsque les solutions traditionnelles atteignent leurs limites, les dirigeants doivent offrir des réponses originales à des situations inédites. En cette période d’adversité, la créativité émerge et force à penser différemment, à insuffler un vent de changement et à sortir des sentiers battus. La technologie est devenue plus que jamais une pièce maîtresse de cet échiquier.
Dans cet environnement en mutation, l’innovation exige une réaction immédiate et une adaptation rapide. Les entreprises explorent, avancent à tâtons, et ce, parfois au risque de se tromper et de recommencer. En mode survie, plusieurs entreprises ont compris qu’il fallait valoriser les erreurs afin d’accélérer la transformation, libérer la créativité et la prise d’initiative.
L’ère post-COVID sera caractérisée par une économie façonnée par de nouveaux besoins des consommateurs et des entreprises caractérisés notamment par une limitation des contacts physiques et des voyages, des normes de salubrité et d’hygiène plus strictes, l’utilisation accrue du numérique, etc. Comment les entreprises souhaitent-elles s’adapter à cette nouvelle réalité ? Quelles sont les opportunités à saisir ? L’ère post-COVID élargit les horizons du possible, qu’il s’agisse du développement de nouveaux produits ou de services, de la transformation du modèle d’affaires, de la création d’alliances stratégiques ou de l’optimisation de processus, etc.
Succès de l’innovation
Pour Isabelle Foisy, présidente et directrice générale de QuébecInnove: « Avant la crise, pour la grande majorité des PME du Québec et plus spécifiquement pour les plus petites, l’innovation était loin dans la liste des priorités. Cette crise met en lumière l’importance, pour les entreprises, de la planification à long terme, de collaborer avec des partenaires forts, de la numérisation des opérations. L’agilité devra maintenant devenir un réflexe dans le cadre du plan de relance de nos PME et l’innovation devra donc être au cœur de leurs stratégies. »
Le succès de l’innovation s’appuie sur trois conditions: savoir innover (compétences, techniques, connaissances), pouvoir innover (structure, organisation, liquidités), vouloir innover (stratégie, vision, état d’esprit), comme on pouvait le lire dans la «Harvard Business Review» en 2016 (Pour innover dans la durée, adoptez le modèle «organique»). Dans cette équation, les employés occupent une place centrale: ils sont au front, en lien direct avec les clients et les opérations. Ce sont eux qui sont confrontés aux problèmes et aux besoins et donc eux qui sont les plus à même de trouver des solutions adaptées.
APN, une entreprise de Québec qui fabrique des pièces de haute précision pour les secteurs de la défense, de l’aéronautique et de l’optique. Son coprésident, Yves Proteau explique comment l’innovation est au cœur de la relance de l’entreprise: « Au cours des dernières années, notre entreprise a connu une expansion exceptionnelle, la cadence de production était au plafond, propulsée par une demande croissante. Cependant, nos activités ont subi les contrecoups de la pandémie. L’industrie de l’aviation a été durement frappée. La production est au ralenti et nous profitons de l’occasion pour améliorer nos procédés de fabrication des pièces. De plus, la pandémie nous offre un temps d’arrêt pour former nos employés pour mieux les outiller. » L’entreprise envisage même acquérir une entreprise spécialisée dans la fabrication de pièces pour renforcer son positionnement stratégique.
Certes, la pandémie a provoqué un électrochoc brutal à l’économie et aux entreprises. Elle a changé la trajectoire stratégique de plusieurs d’entre elles. Déconfinement oblige, elles doivent dorénavant passer de l’offensive à la défensive. La survie et l’urgence d’agir recadrent les priorités, poussent la prise de risques et nourrissent la quête de se renouveler pour s’adapter. Le danger, c’est de ne rien faire. Ce parcours de la relance nécessite un renouvellement dans un contexte imprévisible jonché de défis : risque lié à l’émergence d’une nouvelle vague de la pandémie, la récession économique, la transformation du commerce mondial, etc.
S’adapter ou crever ? Les entreprises qui survivront seront celles qui s’adapteront le mieux aux changements.