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Retour vers le futur pour les sciences de la vie au centre-ville

Emmanuel Martinez|Publié le 23 juin 2021

Retour vers le futur pour les sciences de la vie au centre-ville

Le président de Novartis Canada, Christian Macher (Photo: courtoisie)

Annoncé la semaine dernière, le déménagement du siège social de Novartis Canada au centre-ville de Montréal constitue une merveilleuse nouvelle pour plusieurs acteurs des sciences de la vie qui rêvent à l’émergence d’un pôle au cœur de la métropole.

«C’est extrêmement positif, affirme le cofondateur d’Amplitude Jean-François Pariseau en entrevue téléphonique avec Les Affaires. C’est un excellent signe, car si une compagnie comme Novartis vient au centre-ville, cela pourrait aider à créer un pôle près des universités et des hôpitaux.»

«C’est dommage qu’on n’ait pas déjà développé un environnement pour accueillir les compagnies de biotechnologies au centre-ville», ajoute le dirigeant de la firme de capital de risque qui a lancé un fonds de médecine de précision de plus de 200 millions $.

Mais ceci pourrait peut-être changer, car le CHUM doit bientôt donner des nouvelles concernant son Quartier d’innovation en santé, a appris Les Affaires.

«Ce projet en sciences de la vie va se réaliser sous peu. Il avait été ralenti par la pandémie», a brièvement expliqué le service des relations avec les médias du CHUM, sans toutefois en dire davantage.

Le PDG de Montréal InVivo, Frank Béraud, a aussi accueilli l’arrivée de Novartis avec enthousiasme.

«C’est peut-être le début d’un mouvement. C’est clair et net qu’il existe un besoin pour un immeuble avec des espaces multilocatifs. C’est un gros besoin. Il y a un manque criant d’espace de laboratoire.»

Selon lui, il pourrait y avoir un édifice abritant des entreprises en sciences de la vie au centre-ville d’ici la fin de l’année prochaine. L’augmentation d’espaces commerciaux vacants provoquée par la pandémie de COVID-19 pourrait d’ailleurs être bénéfique.

«Plusieurs acteurs sont intéressés. Je suis confiant qu’il y en a un qui va aboutir», dit celui qui dirige l’organisation responsable de rassembler cette les parties prenantes de cette industrie et d’assurer la compétitivité de la métropole.

Frank Béraud estime qu’il faudrait idéalement trouver deux entreprises établies pour s’y installer.

«On a des PME qui ont des tailles respectables et qui seraient intéressées à y aménager et qui pourraient joueur un rôle de locomotive pour le plus petites. Ce serait la clé du succès.»

Il avance qu’un promoteur immobilier ainsi que l’État devront s’engager pour que ce projet voie le jour. Du côté du ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec, «tous les scénarios sont sur la table». Il ne veut cependant pas se mouiller pour le moment, car il est en train de mettre à jour sa Stratégie québécoise des sciences de la vie 2017-2027, notamment avec des consultations. Le ministère a mentionné à Les Affaires que «soutenir le secteur des sciences de la vie est une priorité gouvernementale».

 

Vive le centre-ville

Si le centre-ville devient si attrayant pour ces firmes de biotechnologies, c’est parce que l’industrie s’appuie de plus en plus sur l’intelligence artificielle et l’informatique. Or, les gens œuvrant dans ce domaine préfèrent généralement travailler pour une entreprise située dans le centre que dans l’ouest de l’île, au Technoparc à Saint-Laurent ou à Laval.

C’est justement ce qui incite Novartis à quitter Dorval, l’an prochain, pour établir ses pénates à la Place Gare Viger, tout juste à côté du Vieux-Montréal.

«Ce déménagement va nous placer très proche du CHUM, a dit le président de Novartis Canada, Christian Macher, en entrevue exclusive avec Les Affaires. On ne sera pas loin de petites entreprises en IA et en «machine learning» [apprentissage automatique]. On a une collaboration avec le Mila [Institut québécois d’intelligence artificielle] et Imagia. On veut augmenter nos partenariats en solution numérique.» 

«C’est important pour nous d’avoir une proximité avec l’écosystème, ajoute-t-il. On croit que ce sera plus facile d’attirer de nouveaux talents et de nouvelles capacités, comme des scientifiques des données.»

Cette attractivité est confirmée par Frank Béraud.

«Il faut être attirant pour les jeunes professionnels qui travaillent dans ce milieu et le centre-ville est très attrayant», dit-il.

 

Virage

Le déplacement du siège social de Novartis Canada s’accompagne d’ailleurs d’un changement de philosophie au sein de la multinationale. Les deux étages qu’elle occupera à la Place Gare Viger reflèteront ce virage.  

«Les idées se créent dans une atmosphère informelle, donc au premier étage, on aura un espace ouvert de rencontres et de partage de connaissances, déclare Christian Macher. On veut déclencher cet état d’esprit au bureau, tandis que les tâches se feront en mode hybride avec le télétravail.»

Celui qui dirige Novartis Canada depuis 2019 croit que Montréal est très avancée en biotechnologie et qu’elle a les atouts pour aller plus loin.

Cette vision, on la retrouvait déjà dans un mémoire présenté à la Commission de développement économique de la Ville de Montréal en 2009. «Le Quartier de la santé est l’un des projets d’avenir les plus emballants pour le centre-ville», pouvait-on lire dans le document.

Le futur imaginé à l’époque est peut-être sur le point de finalement se réaliser.