(Illustrations: Karine Lequy et Florence Lemay)
BLOGUE INVITÉ. Le transfert d’entreprise en milieu familial n’est pas toujours de tout repos, surtout quand on l’envisage comme un simple événement et non comme un véritable processus.
Même si ce processus peut s’avérer ardu, même s’il est souvent parsemé d’embûches, l’harmonie et la pérennité qu’il offre aux familles en affaires dépassent largement tous les obstacles.
Voici donc, à vous qui hésitez à transférer l’entreprise à la prochaine génération, pourquoi vous devriez vous lancer dans le processus, et ce, malgré vos craintes et vos appréhensions.
La vision du cédant
Quand vient le temps de transférer l’entreprise, les cédants sont souvent habités par une vision qui les a suivis tout au long de leur carrière. Ils baignent dans leur milieu comme des poissons dans l’eau. Ils se sont créé des relations fortes avec leurs partenaires basées sur des décisions tactiques efficaces qui leur ont permis de faire grandir l’entreprise avec eux. Ils entrent ainsi dans le processus de transfert en le considérant comme un événement muni de leur propre vision.
Cliquez sur le dessin pour le voir en grand format. (Illustrations: Karine Lequy et Florence Lemay)
Or, quand on évolue dans une entreprise depuis plus de quarante ans, une entreprise que l’on a bâtie de ses mains avec un membre de la famille à qui on n’a même plus besoin de parler pour le comprendre, on n’est pas forcément préparés à tout ce que le transfert d’entreprise à la prochaine génération implique.
Comment, en effet, transférer ses connaissances quand on n’a pas l’habitude de formuler ses connaissances à voix haute ? Comment instaurer un processus décisionnel quand les décisions se sont toujours prises de manière intuitive ?
Quand deux visions se rencontrent
Le processus de transfert demande aux personnes concernées de faire des plans à plus long terme, de prévoir le futur en prenant du recul. Cette vision se bâtit bien souvent à l’aide de plusieurs rencontres pendant lesquelles se construira, petit à petit, un plan stratégique basé sur des valeurs communes.
Les repreneurs, pour leur part, aiment réfléchir de façon stratégique, se poser des questions, les verbaliser. C’est ainsi qu’ils ont été formés. Or, les cédants ont plutôt l’habitude d’être dans l’action, leur stratégie se traduit en intuition, pas en mots. Difficile, dans ce cas, de transmettre les connaissances à la jeune génération afin qu’elle se sente en confiance.
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Les rencontres au cœur du processus de transfert
Comment, donc, apprendre à communiquer ? Au fil des rencontres stratégiques incluses dans le processus du transfert. Ces rencontres, qui peuvent à première vue sembler lourdes, sont plutôt un lieu d’échange neutre dans lequel cédants comme repreneurs peuvent partager leurs croyances, leurs connaissances et leur vision et, ainsi, se créer des points de repère pour le transfert.
En instaurant une aura d’ouverture et de franchise, ces rencontres permettent aux deux parties de prendre du recul et de continuer la discussion malgré les désaccords sans que personne ne se sente piégé ou attaqué. C’est au fil de ces discussions que se construisent, petit à petit, un consensus multigénérationnel et une confiance mutuelle.
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À chacun son rythme
Ce qu’il faut retenir, c’est que le processus de transfert ne se déroulera jamais de la même façon pour tout un chacun. Il s’avère primordial de respecter ce cheminement, qu’il soit plus court ou plus long. Plus la passion du cédant pour son entreprise sera vive, plus le processus sera long.
Or, peu importe le temps passé à échanger, le résultat en vaut définitivement le coup. Une complicité encore plus grande naît entre les membres de la famille impliqués lorsque chacun comprend les attentes et les besoins des autres. Une fierté s’installe aussi chez le cédant quand il réussit à transférer l’entreprise à la jeune génération.
Pourquoi ne pas la cultiver, cette fierté, pour que de plus en plus de Québécois envisagent de transférer leur entreprise à leur relève familiale ?
Dans le prochain article, vous découvrirez trois outils afin de muscler l’harmonie et la cohésion au sein de votre entreprise familiale.
Jocelyn Bernard fier bâtisseur avec son frère Gérard de Pneus Robert Bernard. Une entreprise qui n’a cessé de grandir depuis ces débuts et qui continue de génération en génération. Il vient de passer les rênes de l’entreprise à la relève, dont son fils Steve. Son sens de l’honneur, sa ténacité et son franc-parler se distinguent dans le marché. Sa parole est d’or et ses gestes ont l’exactitude et la réflexion d’un homme d’expérience. Il est président du CA de Stox, président du conseil d’administration de Unimax, et membre du comité consultatif de Pneus Robert Bernard.