Transition verte: Ottawa investit dans l’accompagnement des PME
Emmanuel Martinez|Publié le 16 Décembre 2022La ministre responsable de Développement économique Canada pour les régions du Québec, Pascale St-Onge, a annoncé jeudi à Gatineau qu’Ottawa doublera les sommes investies pour la transition verte des entreprises de la province pour atteindre 50M$ annuellement en 2025-2026. (Photo: Iyad Kaghad)
Bien des PME voudraient être plus vertes, mais elles ne savent pas comment s’y prendre.
Le gouvernement fédéral leur donne donc un coup de pouce afin d’accélérer leur transition environnementale en doublant les sommes versées par Développement économique Canada pour les régions du Québec (DEC) dans des projets verts. Ainsi, l’enveloppe accordée pour ce plan annoncé jeudi atteindra 50 millions de dollars annuellement en 2025-2026.
«Depuis un peu plus d’un an, j’ai rencontré plein de PME partout au Québec et il y a vraiment un appétit pour prendre un virage environnemental, explique la ministre responsable de DEC, Pascale St-Onge. Notre initiative répond à des demandes très claires.»
Ottawa fait valoir que les PME sont responsables d’environ 30% du total des émissions de GES du Canada, donc qu’elles ont un rôle à jouer pour les diminuer. Or, 90% des PME manufacturières canadiennes n’ont pas entamé leur transition vers la carboneutralité, selon un sondage de Manufacturiers et exportateurs Canada plus tôt cette année.
De l’accompagnement
La ministre St-Onge estime que les PME ont la volonté de bouger, mais qu’elles ne savent pas tellement comment y parvenir.
«Elles désirent avoir des expertises neutres, mais elles se retrouvent en face de nombreuses entreprises qui vendent des technologies. Elles ne savent pas si ces produits constituent de bons choix, s’ils sont adaptés à leur réalité. Les PME ont donc besoin d’expertise et d’accompagnement pour faire un bon diagnostic et établir un plan stratégique solide en matière environnementale.»
C’est pour cette raison qu’environ 15 millions de dollars seront dépensés annuellement pour «structurer l’offre de service» dans les douze bureaux de DEC au Québec. L’agence fédérale compte financer des OBNL ou d’autres partenaires pour fournir ce savoir-faire aux entreprises. Cela pourrait par exemple se faire avec le réseau des Sociétés d’aide au développement des collectivités (SADC).
Le reste de l’argent ira à financer des projets verts d’entreprises québécoises.
Regard vers l’avenir
Au-delà des considérations environnementales, la députée de Brome-Missisquoi fait valoir que les PME doivent s’adapter pour répondre aux normes de plus en plus exigeantes des fonds d’investissements et grandes entreprises concernant les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).
«C’est l’économie du futur, note-t-elle. Si on veut assurer la carboneutralité d’ici 25 ans, il faut donner des outils aux PME.»
Pascale St-Onge souligne que certaines PME posent parfois des gestes verts sans s’en rendre compte comme en adoptant la numérisation et robotisation qui débouche sur plus d’efficacité et moins de pertes. Mais les PME souffrent souvent d’un manque de connaissance et de données concernant l’empreinte de leurs activités, un handicap majeur afin de s’améliorer.
Les façons de progresser sont diverses, d’après la ministre. Elle aimerait bien voir l’économie circulaire s’étendre, puisque le «potentiel de croissance est important» dans ce domaine. Monétiser les déchets qui vont dans les sites d’enfouissement, c’est possible selon elle.
DEC compte également accorder plus de place aux critères ESG dans ses grilles d’analyses afin de favoriser les entreprises qui adoptent des pratiques écoresponsables. C’est un comité consultatif dirigé par la PDG de Fondaction, Geneviève Morin, qui sera chargé de l’élaborer tout en conseillant la ministre pour prochaines initiatives à mettre de l’avant en matière de transition environnementale des PME.