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Trois entrepreneurs qui font la banlieue de demain

Olivier Schmouker|Édition de mars 2020

Entreprendre en banlieue nécessite une palette de compétences particulières, requises pour être en mesure ...

Entreprendre en banlieue nécessite une palette de compétences particulières, requises pour être en mesure d’évoluer harmonieusement au sein de cet environnement d’affaires. À l’image de ces trois entrepreneurs, qui ont la banlieue tatouée sur le coeur…


1. Jessy Bédard
Président de Konnec Télécommunication (Lévis)

Après avoir évolué une dizaine d’années au sein de TDL Télécommunication, Jessy Bédard en est devenu le propriétaire en 2017. Il en a bonifié l’activité de services technologiques pour des sociétés de télécom-munications telles que Telus et Bell, de la Gaspésie à l’Abitibi-Témiscamingue.

Pourquoi la banlieue de Québec ? « Parce qu’on ne peut pas faire plus central à l’échelle du Québec, explique-t-il. Lévis se trouve géographiquement pile au milieu de toutes les régions administratives, et nous rayonnons vraiment dans toutes celles-ci. »

« À cela s’ajoute le fait qu’à Lévis, les entrepreneurs bénéficient de toutes les ressources dont ils ont besoin pour croître : des terrains industriels encore accessibles, des taxes moins élevées que dans les grandes villes, etc., sans avoir à pâtir des inconvénients d’être en plein milieu d’un grand centre urbain : espace exigu, trafic continuel, etc. »

Un exemple frappant : les locaux de Konnec Télécommunication – le tout nouveau nom de TDL Télécommunication depuis son acquisition de Belcom Technologies, en 2019 – sont situés au bord de la 20. Ce qui permet à ses équipes de charger aisément le matériel dans les camions, puis de se rendre loin sans jamais être pris dans les bouchons de circulation. « Ça a l’air de rien, mais ça fait une grosse différence en matière d’efficacité et de productivité », souligne M. Bédard.

Ne se sent-il pas tout de même loin de ses clients situés à Montréal ? « Non, aucunement, car j’ai pris le virage numérique, dit-il. Ça a même été ma priorité lorsque j’ai pris les rênes de TDL. Les employés fonctionnaient encore au papier pour faire des devis et des factures. Je les ai équipés et formés aux tablettes numériques. Quant à moi, je passe mes journées sur Internet, à échanger des courriels et à avoir des entretiens par Skype avec tout le monde, que ce soit des employés ou des partenaires d’affaires. Aujourd’hui, tout le monde fonctionne comme ça. »

Autrement dit, vivre et se développer à Lévis n’est pas un inconvénient. « C’est même un plaisir quotidien… pour un natif de Lévis comme moi », confie-t-il, sourire en coin.

 

2. Louis-Philippe Mercier
Sommelier propriétaire de La boîte à vins (Beloeil)

Un beau jour, Louis-Philippe Mercier a eu un coup de génie : et si quelqu’un s’occupait de booster, au Québec, le commerce des vins et des cidres de la province ? Mieux ! Et si ce quelqu’un était lui-même ? Ni une ni deux, il a effectué une étude de marché sur la livraison à domicile de vins et de cidres québécois, laquelle lui a confirmé qu’il avait vu juste.

« Je me suis dit que l’idéal était d’être à mi-chemin entre le marché principal – le Grand Montréal – et les principaux producteurs, en Montérégie, raconte-t-il. Mon doigt est tombé sur Beloeil. J’ai foncé là en 2018, sans me poser de question. »

Il n’aurait pu faire meilleur choix, semble-t-il. « Je me suis retrouvé dans un coin fantastique, s’exclame-t-il. J’y ai découvert une sorte de vie de quartier que je n’avais jamais connue à Montréal ou à Longueuil. Ici, tout le monde se connaît, tout le monde s’entraide, tout le monde a du fun ensemble. C’est bien simple, la mairesse, je l’appelle par son prénom, Diane. »

Son intégration à la communauté d’affaires locale s’est faite en un clin d’oeil. « En une réunion, c’était réglé : les PDG présents ont été charmés par mon idée de livrer du vin d’ici à leurs partys de Noël », se souvient M. Mercier.

L’avenir ? Il passe encore et toujours par la banlieue, à ses yeux. « Le projet, c’est d’ouvrir de petites boutiques La boîte à vins un peu partout au Québec afin de pouvoir livrer partout dans la province, à moindres coûts, dévoile-t-il. La livraison, c’est un vrai casse-tête : la loi m’impose d’avoir mon propre réseau de distribution; il m’est interdit de faire appel aux services de Postes Canada, de Purolator et autres Uber. »

 

3. Dave Lambert
Président du Groupe Lambert (Saint- Augustin-de-Desmaures)

Dave Lambert a pris cet hiver les rênes du Groupe Lambert, l’entreprise fondée il y a 33 ans à Saint-Augustin-de- Desmaures par ses parents, Carl Lambert et Lynda Crépault. Ce changement se produit en même temps qu’un autre, gigantesque pour la firme spécialisée dans la vente et la location d’équipement de construction : l’édification de nouveaux locaux de 15 000 pieds carrés, pour un montant de 2,5 M$. Des locaux présentés comme « spectaculaires » : une structure d’acier noir et blanc au style épuré, une vue panoramique sur la 138…

« Dès l’ouverture, prévue pour la mi-mai, les employés vont découvrir un lieu de travail plaisant, énergisant même, dit Dave Lambert. C’est là le but premier de l’opération : rendre le quotidien plus agréable pour chacun des employés, notamment en facilitant la collaboration entre ceux qui sont dans les bureaux et ceux qui sont dans l’entrepôt, ce que ne permet pas vraiment le local actuel. »

La nouvelle bâtisse voit le jour… à deux pas de l’ancienne. « Je me suis posé la question à savoir s’il était bon de demeurer à Saint-Augustin ou pas, raconte-t-il. On aurait pu imaginer nous implanter à un autre endroit, plus stratégique, sachant que nous effectuons les livraisons et que ça nous coûte cher, puisque peu de nos gros clients se trouvent dans les environs immédiats. »

Qu’est-ce qui a motivé la décision de rester en périphérie de Québec ? « Ce n’est pas une question de coûts, mais de coeur, dit-il. Croître ici n’est pas nécessairement avantageux sur le plan financier. En revanche, nous sommes natifs de Saint-Augustin, notre coeur est ici, tout comme celui de nos employés. Nous nous sommes dit que l’important, c’était de voir le coeur de chacun battre à fond. »