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Sylvie Huard

Espace famille en affaires

Sylvie Huard

Expert(e) invité(e)

Trois perles pour passer de l’inconfort à l’harmonie

Sylvie Huard|Publié le 14 avril 2021

Trois perles pour passer de l’inconfort à l’harmonie

(Illustrations: Karine Lequy et Florence Lemay)

BLOGUE INVITÉ. Les entreprises familiales pensent souvent à tort qu’aucun outil n’existe pour les aider à gérer les conflits et muscler l’harmonie et la cohésion au sein de leur famille. Or, plusieurs outils existent afin de les aider à prendre conscience des dynamiques qui les habitent. 

Et s’il existe des outils, c’est précisément parce qu’aucune famille en affaires n’est la seule à vivre ces défis. Il s’avère donc crucial de dépasser la peur du conflit, qui créera, inévitablement, de l’inconfort et du chaos. C’est normal. La clé, c’est d’aller chercher de l’accompagnement pour encadrer la turbulence, car c’est du chaos que naîtra le nouvel équilibre.

 

Les sept failles de ce monde, selon Mahatma Gandhi

1. La richesse sans travail

2. Le plaisir sans conscience

3. La connaissance sans caractère

4. Le commerce sans moralité

5. La science sans humanité

6. La vénération sans sacrifice

7. La politique sans principes

 

Structurer la communication

L’équilibre au sein d’un transfert est difficile à atteindre puisque ce processus réunit deux parties ayant, bien souvent, des préoccupations très différentes. 

Ainsi, pour comprendre les préoccupations de l’autre, la communication est essentielle. C’est en parlant ouvertement, à travers un conseil de famille, par exemple que l’entreprise pourra aller de l’avant. 

Les sept failles de Gandhi peuvent être un bon point de départ pour structurer les échanges, pour permettre aux parents de transférer leur sagesse et aux enfants de transférer leur fougue.

 

Cliquez sur le dessin pour le voir en grand format. (Illustrations: Karine Lequy et Florence Lemay)

 

Utiliser les sept failles de ce monde

• Prévoir une rencontre pour que chaque génération puisse exprimer leurs perceptions quant aux sept failles. 

• À tour de rôle, nommer la faille la plus importante. 

• Puis, faire un autre tour de table pour que chacun puisse nommer l’une des sept failles avec laquelle il n’est pas d’accord. 

• Après avoir capté les perceptions de tous, discuter afin de s’entendre sur la faille la plus importante pour la famille : cette dernière étape permettra à toutes les générations de définir les valeurs familiales les plus importantes en s’inspirant des sept règles…

 

De l’inconfort à la quiétude 

Le processus de transfert amène son lot de changements qui bouleversent, inévitablement, l’ordre établi. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’accompagnement est si important : il offrira aux familles en affaires une aide précieuse afin de réguler les émotions qui accompagneront ce changement. 

La courbe du changement de Lafond Gestion éclaire très bien les différentes étapes qui jalonnent ce processus. Si une quiétude habite les participants amorçant le transfert, un certain inconfort les gagne, bien souvent, lorsque la communication est amorcée. Cet échange demande aux cédants comme aux repreneurs une autoréflexion qui générera, inévitablement, un mélimélo d’émotions et de pensées.

 

Cliquez sur le dessin pour le voir en grand format. (Illustrations: Karine Lequy et Florence Lemay)

 

Cette turbulence mènera à une phase de chaos, pendant laquelle chaque partie devra partager le fruit de ses réflexions. Ce partage peut s’avérer inconfortable puisqu’il peut engendrer, chez les autres, des réactions fortes. 

C’est alors le rôle de l’accompagnateur de faciliter la mise en action qui favorisera le changement et qui ramènera, chez tous ceux qui collaboreront activement aux échanges, la quiétude et un certain confort émotionnel. 

Bref, la courbe du changement est un outil de prise de conscience. Elle permet de diminuer l’anxiété de toutes les familles en affaires qui s’engagent dans un processus d’accompagnement. Il y aura du chaos, mais c’est cette turbulence qui permettra de mieux cerner les besoins de chacun. 

 

La courbe idéale du conflit: trouver le juste équilibre 

Le processus de transfert génèrera des conflits, inévitablement. Ce mot peut créer des inquiétudes. Or, ce qu’il faut comprendre, c’est que sans conflits, l’entreprise stagne. Inversement, un trop-plein de conflits paralysera aussi toute famille en affaires. 

La courbe idéale du conflit ressemble donc à une courbe normale. C’est en plein milieu de la courbe, dans un juste équilibre de conflits constructifs, que l’entreprise prospèrera. 

 

Cliquez sur le dessin pour le voir en grand format. (Illustrations: Karine Lequy et Florence Lemay)

 

Vous aurez donc compris que la courbe idéale du conflit est un autre outil de prise de conscience. Elle permet aux familles en affaires de comprendre l’importance des conflits sains pour la prospérité de leur entreprise. 

Il y aura donc, inévitablement, des conflits dans le processus de transfert. Oui, il y aura du chaos. Et c’est parfait ainsi, parce que c’est du chaos que naîtra le nouvel équilibre. Se taire afin d’essayer d’éviter les conflits n’est donc pas la solution. Ce n’est pas le silence qui permettra aux familles en affaires de muscler l’harmonie et la cohésion au sein de leur entreprise.

 

Dans le prochain article, nous discuterons de l’enfant pauvre du transfert: la gouvernance.

 

 

Article coécrit avec Annie Veilleux, vice-présidente et associée, Agence Oria

 

Annie a grandi à côté des machines à imprimer dans le sous-sol et le garage de la maison familiale. Elle a ainsi assisté à la naissance et à la croissance de Richard Veilleux Imprimeur, l’entreprise démarrée par ses parents et qu’elle a rejoint en début de carrière. Au début de la trentaine, elle a pris sa retraite de l’imprimerie quand les valeurs chères à sa famille se sont diluées dans des fusions. Toujours animée de son esprit d’entrepreneure, elle a acquis avec son conjoint des franchises d’un magasin de sports; un véhicule qu’elle a découvert trop étroit pour sa créativité. Après avoir flirté avec le rêve d’une vie tranquille de factrice, elle a plutôt plongé dans l’univers de la consultation chez Lafond Gestion, où en plus de diriger la firme, elle a accompagné plus de 125 familles et employés clés dans le repreneuriat. Parallèlement, elle a complété un MBA à HEC Montréal, où elle a ensuite dirigé Familles en affaires HEC Montréal. Oria, pour elle, c’est une manière de combler le vide dans lequel sa famille est tombée au moment de la transition. En compagnie de son associée Jessica Grenier, Annie investit désormais toute son intelligence, son expérience, ses connaissances et sa bienveillance dans sa mission de guide à l’Agence Oria.