Serge-Eric Blais, concepteur de ces orthèses conçues pour immobiliser le tronc, les chevilles, les poignets, les coudes, y compris les doigts (Photo: courtoisie)
Le rayonnement international de Saint-Hyacinthe repose généralement sur ses multiples entreprises agroalimentaires. Or, voilà qu’une PME maskoutaine, Turtlebrace, spécialisée dans la fabrication d’orthèses thermoformables pour bébés, enfants et adultes, laisse, elle aussi, sa marque partout sur la planète.
En à peine sept ans, les produits de l’entreprise de la rue Picard se retrouvent déjà dans plus d’une vingtaine de pays dans le monde. De nombreuses cliniques pédiatriques et de réadaptation en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Suisse et en Grande-Bretagne (pour ne nommer que celles-ci) ont introduit l’innovation montérégienne et ses variantes afin de traiter des fractures stables, des entorses, des tendinites et autres problèmes nécessitant une immobilisation d’un membre ou d’une articulation.
Une orthèse «remoulable»
La grande particularité de ces orthèses conçues pour immobiliser le tronc, les chevilles, les poignets, les coudes, y compris les doigts est leur flexibilité, souligne son concepteur Serge-Eric Blais. Composées d’un stratifié de thermoplastique basse température, d’un tissu microfibre antibactérienne ainsi que d’une fermeture à glissière ou de velcro, les différentes orthèses Turtlebrace peuvent être ajustées à l’aide d’une source de chaleur selon l’immobilisation désirée par les cliniciens traitants.
«Chaque fois que le produit est chauffé à une température de 65 °C, il reprend sa forme originale», explique-t-il. La source de chaleur peut venir d’un hydrocollateur, d’un bac à eau chaude, d’un petit four de comptoir ou dans du sac chauffant produit par la PME. «Cette caractéristique permet de réutiliser nos produits sous diverses formes plus de 250 fois», avise le PDG de la PME.
Mentionnons que le concept maskoutain, dont plus de 90% de sa production est exportée hors Québec, est sur le point de connaître un de ses plus grands succès en termes de pénétration de marché. «Nous sommes en voie de conclure une entente avec le département pédiatrique d’une importante université en Caroline du Nord. Si tout se passe bien, ce nouveau partenariat va permettre de quadrupler notre production d’ici la fin de l’année», soutient Serge-Eric Blais. Cette entente pourrait d’ailleurs ouvrir les portes de plusieurs autres départements pédiatriques universitaires au sud de la frontière canadienne.
Nouveau standard de traitement
Il faut savoir que plus de la moitié des quelque 7000 orthèses produites en 2023 est largement utilisée pour le traitement de plusieurs pathologies chez les enfants atteints de spina-bifida, de paralysie cérébrale, de pied bot, du pied équin et même de scoliose. «Ces orthèses thermoformables permettent d’établir un tout nouveau standard pour le traitement des enfants qui souffrent de divers problèmes musculo-squelettiques», intervient Pierre Marois, spécialiste en médecine physique et de réadaptation au département de pédiatrie de l’Université de Montréal.
«Au lieu d’utiliser des plâtres en fibre de verre que l’on devait changer toutes les semaines pendant des mois de traitement, ces orthèses réajustables permettent d’obtenir les mêmes résultats plus rapidement, et ce, sans trop encombrer la qualité de vie des enfants qui les portent», soulève le physiatre qui dit prescrire ce produit plus de 500 fois par année au Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine ou encore au Centre de réadaptation Marie-L’Enfant. Lors de son entretien avec «Les Affaires», le médecin venait justement de prescrire une bonne dizaine d’orthèses dans la journée. Pierre Marois a tenu à préciser qu’il ne détient aucune part au sein de l’entreprise maskoutaine, par conséquent, il partage son avis médical sans aucun conflit d’intérêts.
Munies d’une fermeture éclair, les orthèses Turtlebrace s’enlèvent facilement pour le bain, ce qui n’est pas possible avec un plâtre. Le produit maskoutain a également l’avantage d’être plus léger que la fibre de verre tout en offrant une immobilisation de la partie du corps ciblée en moins de temps que nécessite un plâtre, ajoute son concepteur.
Agrandissement en vue
Pour le moment, Turtlebrace emploie cinq personnes. À l’exception de deux composantes originaires de l’Asie, tout est conçu et fabriqué à l’usine de Saint-Hyacinthe. Des ententes avec des fabricants québécois devraient toutefois permettre à la PME un approvisionnement 100% québécois d’ici la fin de l’année, note son dirigeant.
Soulignons que l’entente imminente avec l’université américaine va nécessiter un agrandissement de l’usine de 2500 pieds carrés. «On prévoit doubler notre personnel et notre superficie de production», conclut Serge-Éric Blais.