«On veut inviter les fournisseurs et nos partenaires d’affaires à donner plus d’opportunités aux PME dirigées par des femmes», dit le président du Mouvement Desjardins, Guy Cormier. (Photo: courtoisie)
Un coup de pouce du Mouvement Desjardins devrait permettre à une initiative du Réseau des Femmes d’affaires du Québec (RFAQ) d’atteindre la barre des 100 millions $ en contrats disponibles pour des entreprises appartenant à des femmes.
La plus grande institution financière du Québec affectera une quarantaine de ses employés pour mettre l’épaule à la roue du projet Accélérer la relance des entrepreneures, a appris Les Affaires.
L’objectif de cette initiative, appuyée financièrement par le gouvernement du Québec en février dernier, est de lier des entrepreneures à de grandes organisations, privées ou publiques, qui ont des contrats à donner.
«On aimerait vraiment rendre disponible jusqu’à 100 millions $ de contrats sur la plateforme de ce projet. C’est l’objectif ultime», a dit en entrevue exclusive le président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Guy Cormier.
«Pour y arriver, on veut mettre notre réseau d’influence, notre réseau de contacts, au service de ce projet, dit-il. On veut inviter les fournisseurs et nos partenaires d’affaires à donner plus d’opportunités aux PME dirigées par des femmes. On les incite à mettre des contrats sur la plateforme et on convaincra des entrepreneures de s’y inscrire. On veut aider les entrepreneures à passer à une autre étape de leur croissance.»
Cet outil vise donc à accroitre la clientèle et les nouveaux marchés pour les PME féminines.
Bien entamée
Le RFAQ est déjà sur une bonne lancée, car il a déjà réussi à convaincre des entreprises ayant des contrats totalisant 57 millions $ de les présenter à des PME menées par des femmes. Et il croit être en mesure de doubler ce montant d’ici la fin de l’année.
«On a des entreprises qui vont garantir un montant X pour des entrepreneures comme EY qui accordera 15 millions $, explique la PDG du RFAQ, Ruth Vachon en entrevue. D’autres vont afficher leurs contrats et examiner des offres d’approvisionnement d’entreprises féminines, sans pour autant garantir de leur accorder le contrat. Si environ le tiers des contrats sur la table reviennent à des entrepreneures, ce sera mission accomplie.»
Le RFAQ espère contacter 500 entrepreneures pour les mettre au parfum d’occasions d’affaires avec d’autres entreprises au cours des trois prochaines années. Pour ce travail de terrain, l’aide de Desjardins est cruciale.
«Cela veut dire environ deux personnes par région qui agissent comme relayeur, précise Mme Vachon. Ce coup de pouce fait toute la différence. Le succès du projet est assuré avant même d’avoir vraiment commencé.»
Encore à la traîne
Si femmes ont encore besoin d’appui en entrepreneuriat, c’est qu’elles font toujours face à des obstacles que les hommes n’ont pas.
«Il y a encore des biais qui existent dans la société envers les femmes, notamment pour l’accès au financement, souligne Guy Cormier. Malgré d’énormes changements, la conciliation travail-famille est aussi encore grandement sur les épaules des femmes. Ce n’est pas seulement des enjeux d’affaires.»
Les femmes ne détenaient, en 2019, que 25,2 % des PME de la province, selon une étude publiée en avril par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et Femmessor. Même si le nombre d’entreprises créées par les femmes a bondi ces dernières années, il serait illusoire de croire que la parité sera atteinte d’ici dix ans.
C’est pour cette raison que Desjardins lance un programme de formation, de mentorat et de réseautage entièrement numérique pour des femmes d’affaires. Le cadre est en train d’être élaboré, afin qu’une première cohorte puisse y participer au début de l’an prochain.
«C’est une initiative vraiment importante, dit Guy Cormier. Le problème de la sous-représentation des femmes ne se réglera pas du jour au lendemain. Mais il y a changement générationnel qui va se vivre dans la prochaine décennie.»