En mars 2023, Catryn Pinard a commandé 40 camions électriques pour amorcer la transition écologique de Nationex. Aujourd’hui, l’entreprise se démarque au Québec, mais également à l’international. (Photo: courtoisie)
TRANSITION ÉCOLOGIQUE. Plusieurs stratégies permettent aux entreprises de se démarquer de leurs concurrents relativement à des clients de plus en plus exigeants. Parmi elles : s’approvisionner de façon durable, réduire sa production de déchets, miser sur les énergies renouvelables ou encore limiter sa consommation d’eau.
Catryn Pinard a pris en 2015 la tête de l’entreprise de transport Nationex, fondée par son père 35 ans plus tôt. De son propre aveu, diriger une organisation aussi polluante la dérangeait. « Je ne savais pas trop quelle vision donner à l’entreprise, mis à part le fait que je voulais une croissance organique. »
Accompagnée par des consultants, elle a donc réfléchi à l’organisation qu’elle souhaitait laisser à la société et à ses enfants. « C’était on ne peut plus clair pour moi que je voulais une entreprise verte », raconte-t-elle.
En mars 2023, la PDG a annoncé à son équipe qu’elle avait commandé 40 camions électriques et que leur transition commençait maintenant. « Je croyais à l’époque qu’on suivait la vague. Après quelque temps, j’ai réalisé qu’on était les premiers à faire un virage aussi complet. On se positionne désormais comme leaders de la livraison durable. »
Changer le monde
Dans une industrie traditionnelle, l’arrivée des premiers camions électriques, en octobre 2023, a amorcé un changement fondamental pour Nationex. « Je ne pensais pas que ça nous apporterait autant, admet Catryn Pinard. Nos employés sont fiers. Ça nous permet aussi de rayonner et d’attirer des clients intéressés par ce service-là. »
La PDG souligne que son plan s’est bâti en cours de route. « On s’est lancés, puis on a fait un bilan GES. On a ensuite changé notre image de marque. Maintenant, on a des cibles précises à atteindre. »
Nationex a investi plus de 5 millions de dollars dans l’électrification au cours de la dernière année. Sur les 350 véhicules, 90 sont aujourd’hui électriques. L’entreprise espère réduire de 43 % ses GES d’ici 2030 (par rapport à 2020) et atteindre la carboneutralité d’ici 2050.
L’acquisition de Courant Plus lui a fourni une expertise en développement durable et l’ambition de changer le monde.
Un exercice fructueux
« Certains de nos clients actuels, surtout ceux qui sont sensibles au développement durable, sont intéressés par notre service électrique. Le virage vert rapporte en matière de ventes, de visibilité et d’image », remarque Catryn Pinard.
La transition écologique a ouvert d’autres portes à Nationex : l’entreprise de 300 employés devient attractive en Europe. « Certaines organisations là-bas sont plus avancées en la matière, et elles ont des conseils d’administration qui leur demandent de participer à la diminution des gaz à effet de serre. Elles se sont fixé des cibles très ambitieuses. On devient donc une solution au Canada. »
De grands joueurs européens et internationaux testent en ce moment l’offre de Nationex dans certaines régions. « On est en train de gagner leur confiance pour ajouter du volume supplémentaire et devenir leur transporteur de choix. »
La certification B Corp, que Catryn Pinard croit recevoir d’ici l’été 2025, pourrait encore plus faire sortir Nationex du lot. « On deviendrait probablement le premier transporteur avec cette certification. Ça nous positionnerait bien auprès de nos clients qui recherchent ce genre de reconnaissance. »
Catryn Pinard pense déjà à l’avenir. « On est par exemple en train de bâtir les bilans GES que les clients recevront pour prouver à leur CA qu’ils atteignent leurs objectifs. On se demande ce qu’on pourra apporter comme valeur ajoutée demain. »
Choisir ses fournisseurs avec soin
Lancée en 2018, l’entreprise québécoise Nolk mise sur un portefeuille de marques attrayantes ayant une conscience environnementale. Ses partenaires sont triés sur le volet, comme l’explique Melisa Alessio, PDG du groupe mode au sein de la compagnie.
« On a un processus rigoureux, dit-elle. Je regarde d’abord le fondateur et la relève, la vision. Je rencontre les dirigeants. Il y a plein de certifications qui sont non négociables. On fait des audits de nos usines. Les fournisseurs doivent aussi s’engager à respecter notre code de conduite. Ce document de plusieurs pages couvre différents sujets, des conditions de travail à la gestion des déchets ou de l’eau. »
Melisa Alessio ajoute que ce sont surtout les humains derrière l’entreprise qui sont un facteur de succès. « Si nos valeurs sont similaires, s’ils veulent faire leur part pour la planète, on sait que ce sera une bonne relation. »
Nolk a au fil du temps changé quelques-uns de ses fournisseurs en faveur d’autres qui placent le développement durable au cœur de leur modèle d’affaires. « On veut changer l’industrie de la mode. Si un fournisseur ne tente pas de trouver de solutions plus écoresponsables, on ne pourra pas avancer. Il faut travailler tous ensemble. »