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Une IA québécoise pour aider les enseignants à corriger

Emmanuel Martinez|Publié le 19 janvier 2024

Une IA québécoise pour aider les enseignants à corriger

Photo : Javier Trueba pour Unsplash.com

La correction est probablement une des tâches les plus fastidieuses des enseignants, mais un outil d’intelligence artificielle (IA) a été créé à Montréal pour alléger ce fardeau.

Élaborée par Moov AI et Nexapp à la demande du Collège Sainte-Anne, cette technologie est testée depuis quelques semaines par des enseignants de cet organisme sans but lucratif qui exploite cinq institutions scolaires privées, allant du primaire au collégial, dans l’ouest de l’île de Montréal.

«C’est le fruit de plus de 2000 heures de recherche et de développement intensifs, explique Ugo Cavenaghi, PDG du Collège Sainte-Anne, en entrevue. Cet outil va transformer l’enseignement et l’instruction du français, car en plus de réduire le temps de correction des enseignants, il favorise l’apprentissage.»

Selon lui, la pratique reste la meilleure façon pour apprendre à bien écrire le français, une matière qui demeure problématique pour trop de jeunes. Toutefois, les longs temps de correction par copie limitent grandement la capacité des enseignants à imposer des exercices de rédaction.

«Chaque fois qu’un enseignant part avec 35 copies, cela prend trois semaines avant d’avoir tout révisé, mentionne Ugo Cavenaghi. Avec quatre productions écrites par année, c’est environ 130 heures de travail. Avec notre IA, on pense pouvoir réduire le temps de correction de 75% et donc de multiplier les textes écrits par les élèves.»

Clin d’oeil à une institutrice

Financée par la Fondation du Collège Sainte-Anne, cette IA a été baptisée Emilia, en l’honneur d’Émilie Bordeleau, l’institutrice du début du 20e siècle dont la vie a inspiré la série de romans d’Arlette Cousture, «Les Filles de Caleb».

L’avantage de cet outil est que la correction s’effectue en fonction de la grille de correction de l’enseignant. Il peut décider de ne pas pénaliser un jeune pour des notions qui n’ont pas été encore apprises. Il a le dernier mot quant à la note attribuée par l’IA et peut la rectifier. «En plus de son efficacité, Emilia offre une rétroaction beaucoup plus rapide à l’élève qu’une correction uniquement par l’enseignant», souligne Ugo Cavenaghi.

Les profs et les élèves peuvent ainsi avoir un portrait rapide de ce qui est plus ou moins maitrisé dans la rédaction, comme l’orthographe, la syntaxe ou la ponctuation. On pourrait alors adapter l’apprentissage en fonction des faiblesses à redresser pour chacun des jeunes.

Le patron du Collège Sainte-Anne a présenté son innovation à des centres de service scolaire et il doit rencontrer le ministre de l’Éducation du Québec dans deux semaines.

«Cette technologie améliore les conditions de travail des enseignants, dit-il. Pour le ministère qui embauche des correcteurs pour les épreuves de fin d’année, cela réduirait les ressources nécessaires tout en ayant un système de correction plus efficace. De plus, avec les données, on aurait instantanément des diagnostics sur les faiblesses des élèves pour adapter l’enseignement.»

Le Collège Sainte-Anne est à la recherche de fonds ou d’aide pro bono par des entreprises d’IA ou d’informatique afin de peaufiner sa solution.

«On a besoin d’un coup de pouce pour que le logiciel soit utilisable à grande échelle», affirme Ugo Cavenaghi.

L’institution scolaire ignore pour le moment comment elle compte distribuer ou commercialiser Emilia une fois que tout sera à point.