Une innovation québécoise pour le tri de matières organiques
Emmanuel Martinez|Mis à jour le 18 juin 2024L’équipement de tri de Machinex a été installé au Centre de récupération de la matière organique de la Ville de Québec. (Photo: Machinex)
Le Centre de récupération de la matière organique de la Ville de Québec est doté depuis peu d’un système de tri unique en Amérique du Nord, créé par Machinex de Plessisville dans le Centre-du-Québec.
Contrairement aux habitants d’agglomérations comme Montréal, ceux de Québec disposent de leurs matières organiques à même leurs ordures pour éviter une collecte supplémentaire. Ces résidus sont ainsi placés dans des sacs mauves qu’il faut ensuite trier pour les séparer des ordures afin de les revaloriser. C’est là qu’entre en jeu la technologie de reconnaissance d’images mise au point par Machinex appelé MACH Hyspec.
Cette machine équipée d’un système de détection hyperspectral à ondes infrarouges haute vitesse identifie avec les sacs contenant des déchets organiques et les propulse sur un autre convoyeur par éjection à air comprimé. Avec trois trieuses optiques, elle peut réaliser jusqu’à 3000 éjections par minute afin de traiter 250 000 tonnes par an de matière résiduelle municipale.
«C’est la première fois qu’on utilise ce système pour le tri de matière organique et c’est du jamais vu en Amérique du Nord», explique en entrevue téléphonique Anne-Marie Paré, directrice marketing et affaires corporatives chez Machinex.
«C’est une technologie développée par nous-même il y a une dizaine d’années qui détecte la composition chimique du sac, poursuit-elle. On l’a d’abord employé pour trier les matières recyclables. Elle sépare le carton, le métal tout en différenciant les plastiques selon leur type.»
À Montréal bientôt
La technologie de Machinex sera d’ailleurs installée dans le nouveau centre de tri dans l’Est de Montréal qui sera exploité l’an prochain par Matrec, une division de GFL Environmental.
Comptant sur environ 600 employés, dont quelque 500 à Plessisville, l’entreprise a mis sur pied un centre de recherche et développement à son siège social. Cette équipe a conçu une intelligence artificielle qui fait partie prenante des équipements livrés l’an dernier au Royaume-Uni dans le cadre d’un contrat de 53 millions de dollars décroché en 2021. Dans ce méga centre de tri de Coventry presque entièrement automatisé qui peut traiter 50 tonnes à l’heure, 14 lecteurs optiques de Machinex sont en opération pour départager les matières recyclables.
«Tous les yeux de nos compétiteurs et partenaires étaient rivés sur ce projet-là, explique Anne-Marie Paré. Avec 99% de pureté, c’est du jamais vu. C’est quelque chose de vraiment impressionnant dans notre domaine.»
Grâce à cet accomplissement en Angleterre, Machinex espère poursuivre sa croissance à l’étranger, particulièrement en Europe. Son IA se retrouvera aussi dans au moins un des lecteurs optiques du centre de tri de l’Est montréalais.
Appartenant à Pierre Paré qui la dirige, l’entreprise réalise de 30 à 50% de ses ventes au Canada annuellement. Elle a des bureaux en Ontario, en Colombie-Britannique, ainsi qu’aux États-Unis.
Au fil des ans, elle a conçu et installé des centaines de systèmes clés en main pour les matières résiduelles en Amérique du Nord, en Europe et en Australie.