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Une première prothèse d’épaule intelligente développée à Montréal

Emmanuel Martinez|Publié le 08 février 2024

Une première prothèse d’épaule intelligente développée à Montréal

«C’est un jalon important pour l’entreprise», dit Samuel Bourdon, président de Statera Medical. (Crédit: Bruno Petrozza)

La start-up montréalaise Statera Medical a conclu une entente avec une grande entreprise orthopédique américaine afin de développer une prothèse d’épaule intelligente.

Il s’agira d’une première, selon la jeune pousse créée en 2020. Elle a mis au point un dispositif en titane avec batterie qui fournit de l’information au chirurgien afin de bien ajuster la prothèse au corps du patient. «Nous souhaitons les aider à sélectionner la taille et le décalage de prothèse appropriés pour chaque sujet afin d’en arriver au meilleur équilibre pour la mobilité et la stabilité articulaires de l’épaule», explique le président de Statera Medical, Samuel Bourdon, en entrevue téléphonique.

Agissant telle une montre intelligente, le dispositif, qui s’imbriquera dans les prothèses pour épaule de l’entreprise américaine Exactech, permettra au chirurgien de bien l’ajuster durant l’opération tout en fournissant des données après l’intervention grâce à des radiofréquences.

Cette entente commerciale de codéveloppement est la première conclue par la start-up montréalaise fondée par le PDG et le chirurgien Moreno Morelli.

«C’est un jalon important pour l’entreprise, souligne Samuel Bourdon. On a reçu les spécifications de leur prochaine version d’implant d’épaule afin de faire un prototype. On est encore en phase de développement, donc ce n’est pas prêt à être mis sur un humain. On vise 2027.»

En août, des tests seront effectués sur un cadavre pour que l’intégration du dispositif à la prothèse soit terminée en avril 2025.

 

D’autres articulations

Selon son PDG, Statera Medical s’est fait connaitre au sud de la frontière en ayant été reconnu en 2022 par la FDA, l’agence réglementaire américaine pour les denrées alimentaires et les médicaments. «On a eu droit à une désignation comme ayant le potentiel de régler un enjeu de santé important dans le cadre du «Breakthrough Devices Program». Cela nous a mis sur la carte.»

L’entreprise montréalaise s’est alors tournée vers Exactech pour développer son produit, car elle trouvait que la compagnie basée à Gainseville en Floride était à l’avant-plan en matière de recherche et de commercialisation de prothèses orthopédiques et d’instruments chirurgicaux.

«La barrière à l’entrée est haute dans le domaine, donc on devait s’associer à une grande compagnie comme Exactech, qui est très forte en innovation, précise  Samuel Bourdon. C’est un moyen d’accélérer la disponibilité de notre dispositif.»

La multinationale, qui est présente partout dans le monde, s’est réjouie de cette alliance.

«Le processus qu’utilisent actuellement les chirurgiens pour sélectionner la taille et le décalage de la prothèse d’épaule inversée, pour un patient donné, est subjectif, a affirmé Chris Roche, vice-président principal responsable des extrémités chez Exactech, par communiqué. Si l’articulation reconstruite est trop flottante, le patient peut être exposé à un risque d’instabilité, tandis que si l’articulation est trop serrée, le patient peut être exposé à un risque de fractures de l’omoplate, en plus d’un possible descellement de l’implant. En partenariat avec Statera, nous allons créer un nouveau processus pour aider les chirurgiens à quantifier objectivement la tension des tissus mous d’un patient et ensuite ajuster le décalage et la taille de la prothèse afin que le tout soit idéal pour ce patient particulier.»

La start-up montréalaise espère que cet accord lui ouvrira la porte pour d’autres du même genre, afin de mettre au point des dispositifs similaires pour des prothèses destinées aux hanches et aux genoux.

Elle compte effectuer une levée de fonds d’environ 1,5 million de dollars cette année afin d’approfondir ses activités.