Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Évitez que les élections américaines ne créent des conflits au boulot

Catherine Charron|Mis à jour le 06 novembre 2024

Évitez que les élections américaines ne créent des conflits au boulot

«C’est un sujet qui est particulièrement sensible, observe Geneviève Desmarais présidente de la firme Résolys et experte invitée sur le site web du journal. Ça suscite beaucoup d’émotions, et pas toujours les bonnes. Elles divisent beaucoup.» (Photo: 123RF)

RHeveilmatin-Rubriques

RHÉVEIL-MATIN. Au lendemain d’une élection américaine des plus polarisantes, il est inéluctable que ses résultats fassent l’objet de nombreux échanges autour de la machine à café. Afin d’éviter que ces discussions ne créent des conflits entre collègues aux opinions politiques diamétralement opposées, les mots d’ordre sont empathie, ouverture et tolérance d’après les expertes consultées par Les Affaires.

«C’est un sujet qui est particulièrement sensible, observe Geneviève Desmarais présidente de la firme Résolys et experte invitée du journal. Ça suscite beaucoup d’émotions, et pas toujours les bonnes. Elles divisent beaucoup.»

Bien qu’elles se déroulent de l’autre côté de la frontière canado-américaine, ces élections sont omniprésentes dans les médias et sur le web. Ce n’est donc pas surprenant si les employés en parlent sur leurs heures de travail.

«Certains vont aborder des sujets plus controversés, prendre position et faire réagir, ce qui peut mener à des conflits. Ça polarise en fait», ajoute la consultante.

Interrogée par Bloomberg, Shyama Venkateswar, consultante en équité, diversité et inclusion au sein de la firme de services-conseils Seramount, suggère dans un premier temps de faire un peu d’introspection, afin de déterminer dans quel état d’esprit on se trouve avant de mettre les pieds au bureau.

Il en va de la responsabilité de chacun de réguler ses propres émotions, d’être pleinement conscient de ce que les événements des dernières heures peuvent bien provoquer, mais aussi d’identifier quelles pourraient être les choses ou les paroles qui pourraient déclencher de la détresse chez soi.

Geneviève Desmarais invite les employeurs à prendre le pouls dès l’arrivée des membres ud personnel, à observer «l’humeur et le moral, le genre de conversations qui vont se dérouler. Je pense que c’est une journée où la présence des leaders va être importante.»

Pour éviter que ces discussions ne bousillent le climat de travail, elle estime que la haute direction à un rôle crucial à jouer. Elle doit s’abstenir de se prononcer, de prendre position sur l’échiquier politique. Elle ne doit pas pour autant proscrire les échanges à ce propos au boulot.

Museler ses employés pourrait plutôt augmenter les tensions entre les deux camps.

Marie-Michèle Dugas, médiatrice accréditée et propriétaire de la firme de service-conseils en ressources humaines Fika RH, juge également qu’il serait malavisé de faire une telle chose. Au contraire, elle suggère de «normaliser» ces conversations afin d’éviter que les désaccords se partagent «sous forme de commérage, derrière des portes closes, dans des réseaux internes qui vont se créer au sin de l’organisation.»

«Ça peut être rassembleur, d’amener les gens à discuter de sujets controversés. Il faut toutefois à tout prix favoriser l’inclusion, reconnaître les diverses émotions, valider le droit à nos croyances et assurer à chacun qu’il se sente vu, entendu et respecté», conseille Geneviève, qui est d’avis qu’on néglige souvent le pouvoir de ce dernier point.

La direction devra également établir un climat de confiance où règne la sécurité psychologique, et promouvoir la civilité dans le milieu de travail. Ça doit aller de pair avec une intervention rapide si on constate que les discussions sur les élections américaines sont source de conflits, servent de véhicule à des propos racistes ou à des messages qui vont à l’encontre des valeurs de l’entreprise.

Il y a bel et bien un risque lorsqu’il y a de la friction entre deux employés aux positions diamétralement opposées que des clans se forment derrière eux, ce qui pourrait perturber les activités de l’organisation, prévient Marie-Michèle Dugas.

«Je prendrais le temps de rencontrer et discuter avec les deux personnes afin de nommer le désaccord. On doit reconnaitre la sensibilité du sujet, mais également rappeler le code de conduite en milieu de travail à respecter.»

Les dirigeants peuvent aussi circonscrire ces conversations à des moments précis, qu’elles se tiennent en dehors des réunions et plutôt lors des pauses.

Si certains employés semblent perturbés par les événements qui se déroulent aux États-Unis, leur gestionnaire peut les inviter à partager leurs inquiétudes ou à se trouver un collègue aux allégeances politiques similaires avec qui ventiler.

Geneviève Desmarais et Marie-Michèle Dugas encouragent les leaders à demeurer vigilants pour encore quelques semaines, à passer plus de temps dans les corridors ou à être attentifs au ton des échanges virtuels, et ainsi être à l’affut du moindre signe d’escalade des tensions.

«J’anticipe que la suite risque d’être un peu difficile dans bien des organisations», dit la présidente de Résolys.