«Une grande entreprise va donner l’élan nécessaire aux PME d’adopter de nouveaux standards environnementaux dans la chaîne de valeur», affirme le président et chef de la direction du CPQ. (Photo: courtoisie)
Le retard économique du Québec face à l’Ontario s’explique en partie en raison de l’écart de grandes entreprises entre ces deux provinces, selon le Conseil du patronat du Québec (CPQ).
Dans une étude sur l’apport des grands employeurs dans l’économie québécoise publié mardi, l’organisme souligne qu’il y avait légèrement plus de sièges sociaux au Québec en 2022 (557) qu’en 2017 (552), mais qu’ils restent toutefois deux fois moins nombreux qu’en Ontario (1 058 en 2022).
Le CPQ mentionne que les entreprises québécoises de plus de 500 employés représentent 0,18% de toutes celles de la province, mais qu’elles emploient 27,7% de la main-d’œuvre du secteur privé. En Ontario, c’est 35,3% de l’emploi privé qui revient aux grandes entreprises alors que c’est encore plus significatif aux États-Unis (53%).
Les salaires qu’elles versent sont 39% plus élevés que la moyenne québécoise (42,31 $ contre 30,46 $).
Près de 54% des ponctions fiscales récoltées auprès des entreprises québécoises par l’État proviennent de leurs coffres, selon le CPQ. L’organisme souligne que 57% des exportations canadiennes sont attribuables aux entreprises imposantes.
«Ces nombreux constats viennent jeter un nouvel éclairage sur les raisons pour lesquelles le Québec accuse un retard en matière de productivité notamment vis-à-vis l’Ontario, estime Norma Kozhaya, vice-présidente à la recherche et économiste en chef du CPQ, par communiqué. On pourrait certainement bénéficier de plus de grandes entreprises au Québec pour combler l’écart, car ces dernières jouent positivement sur notre PIB, nos exportations, l’emploi, la rémunération des postes et la capacité à innover.»
Des locomotives économiques
Le CPQ fait également valoir que les grandes entreprises sont des moteurs d’innovation. Environ 42% d’entre elles au pays ont effectué des activités de recherche et développement en 2022 alors que ce n’était le cas que de 18,7% pour celles de 20 à 99 employés.
«La grande entreprise a de nombreuses ramifications insoupçonnées, soutient Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ. C’est plus souvent grâce à elles que des percées technologiques innovantes voient le jour et qui inspirent ainsi les PME à suivre le pas. On observe ce même effet d’entraînement quant à la décarbonation des opérations : une grande entreprise va donner l’élan nécessaire aux PME d’adopter de nouveaux standards environnementaux dans la chaîne de valeur.»
De manière plus générale, les entreprises de plus de 500 employés sont considérées par le CPQ comme une locomotive pour les PME du Québec qui sont souvent leurs fournisseurs. Leur influence se fait beaucoup sentir, notamment en Abitibi-Témiscamingue et sur la Côte-Nord.
Afin d’attirer de multinationales étrangères et de renforcer celles déjà présentes au Québec, le CPQ propose plusieurs mesures. Il suggère premièrement d’abaisser les taxes sur la masse salariale qualifiées de «particulièrement plus imposante au Québec». Il préconise également d’harmoniser les règles provinciales avec celles des partenaires commerciaux clés, «afin de minimiser les coûts de conformité pour les entreprises opérant sur plusieurs marchés».
Puisque les tarifs d’électricité constituent un avantage pour le Québec, le groupe de pression affirme qu’il est crucial de garantir un accès stable à l’énergie, à un prix concurrentiel. Il désire aussi que l’État soutienne davantage l’innovation par les grandes entreprises tout en bonifiant les incitatifs à collaborer avec les PME locales. Finalement, afin d’attirer davantage d’investissements internationaux et d’étendre l’empreinte étrangère de celles d’ici, le CPQ recommande de mieux promouvoir le Québec à l’international, notamment en renforçant les liens avec les pays francophones.