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Les détaillants pourront plus facilement recruter les lutins manquants en 2024

Catherine Charron|Publié il y a 14 minutes | Mis à jour il y a 11 minutes

Les détaillants pourront plus facilement recruter les lutins manquants en 2024

Les candidats à la recherche d’offre d’emploi qui font mention de termes liés à ce moment festif sont plus nombreux qu'en 2023, 2022 et 2019 selon Indeed. (Photo: 123RF)

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RHÉVEIL-MATIN. Trouver des employés pour répondre à la période des fêtes de fin d’année ne devrait pas poser autant de problèmes que par les années passées au Québec, si on se fit à la plus récente étude économique d’Indeed.

En effet, en date de la mi-novembre, les candidats à la recherche d’offre d’emploi qui font mention de termes liés à ce moment festif sont plus nombreux qu’en 2023, 2022 et 2019, indique-t-on.

Plus important qu’à pareille date l’an dernier – en hausse de 9% d’après leurs données -, l’appétit des employeurs pour de nouveaux travailleurs est «modéré» cette année. Leur demande est de 24% en deçà de celle de 2022, et 4% inférieure à celle de 2019. À l’échelle du pays, la situation est toutefois autre, car l’offre flanche même par rapport à la période des Fêtes 2023.

L’un des facteurs qui contribuent à cette tendance cette année, selon Brendon Bernard, économiste principal d’Indeed Canada, c’est l’augmentation des ventes dans le secteur du détail dans la province.

«Les demandeurs d’emploi à la recherche d’un travail temporaire auront quelques options, bien que le marché de l’emploi se soit affaibli dans la dernière année», constate-t-il.

Bouffée d’air frais pour les commerçants

Une tendance qui n’étonne pas Geneviève Duval, directrice des communications du Conseil québécois du commerce de détail. «Nous sommes toujours en pénurie de main-d’œuvre, mais la pression se fait bien moins forte que part le passé», rapporte-t-elle.

Depuis plusieurs trimestres, le nombre de postes vacants dans l’industrie fond, confirme-t-elle. D’après les plus récentes données diffusées par l’Institut de la statistique du Québec, il est passé de 32 000 au deuxième trimestre de 2022 à 12 500 à la même période de 2024.

Sans avoir de chiffres exacts, Manuel Champagne, le directeur général de Détail Québec, le comité sectoriel de main-d’œuvre de l’industrie, estime que les commerçants doivent accroître de 10 à 20% la taille de leur effectif par établissement afin de répondre à la demande. Si certaines embauchent de nouveaux employés pour donner un coup de main de 20 à 30 heures par semaine, d’autres vont plutôt se tourner vers d’anciens collègues prêts à reprendre momentanément du service.

C’est le cas Daniel L’écuyer, le vice-président des magasins spécialisés dans l’équipement de ski, de planche à neige et de vélo Oberson.

Demander un coup de main à ses anciens employés

Une dizaine d’anciens employés aujourd’hui avocats, enseignants ou même hygiéniste dentaire viennent prêter main forte à quelques reprises pendant cette période très achalandée. Et pour certains, l’habitude est bien ancrée, car ils reviennent chaque année, au grand plaisir des clients.

Daniel L’Écuyer fait appel à d’anciens collègues depuis près d’une trentaine d’années, alors qu’il dirigeait la succursale de Laval.

«À l’époque, les gens qui travaillaient pour moi étaient mes amis. J’ai commencé à les rappeler pour qu’ils viennent donner un coup de main pendant une semaine, puis c’est resté.»

Cette aide est précieuse pour l’employeur, puisqu’elle lui évite de devoir embaucher et entraîner de nouveaux coéquipiers uniquement pour répondre à la demande plus forte. L’expertise à laquelle sa clientèle s’attend ne se gagne pas en un mois et demi, nuance-t-il.

«La beauté de la chose, c’est que je n’ai pas besoin de les former, car ils ont fait ça pendant de nombreuses années. Ce n’est pas compliqué de se remettre dans le bain en quelques heures et de vendre des skis. On ne réinvente pas ça chaque année.»

La recette de ce succès repose sur plusieurs facteurs, selon lui. D’une part, les gens qui travaillent chez Oberson sont passionnés de plein air. Ils ont donc poursuivi la pratique de l’activité physique en question. «On vend du bonheur, ça se voit, ça se touche, il y a un feeling, explique-t-il. Ils ne reviennent pas pour l’argent, mais pour la passion.»

De l’autre, l’entreprise prend soin de ses employés tout au long de leur parcours. Daniel L’Écuyer prépare même le terrain auprès de ceux avec qui il entretient de beaux liens lorsqu’ils s’apprêtent à entamer leur prochaine étape professionnelle.

«Certains me rappellent même pour me demander si on a besoin d’aide cette année.»