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Les employeurs engagés mobilisent et retiennent leur personnel

Sophie Chartier|Édition de la mi‑novembre 2024

Les employeurs engagés mobilisent et retiennent leur personnel

Les jeunes travailleurs souhaitent ardemment que leur travail ait un sens et n’incarne pas des forces destructrices dans le monde. (Photo: Adobe Stock)

PHILANTHROPIE. Selon les données colligées par la firme d’expertise-conseil en philanthropie Épisode, 72 % des travailleurs québécois considèrent comme important de travailler pour un employeur « engagé socialement ou culturellement », une statistique en hausse de 4 % depuis la dernière année. Les experts avertissent toutefois les employeurs : pour que la philanthropie demeure un facteur d’attraction et de mobilisation, elle doit refléter les valeurs des employés… et sonner juste.

« Avec la montée de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) des dernières années, on voit vraiment l’intégration de la philanthropie d’entreprise dans cette tendance, dit Amélie L’Heureux, conseillère principale et directrice des études à Épisode. C’est quelque chose qui s’adapte. »

Que jeunesse se fasse

Il est presque devenu un lieu commun de mentionner l’arrivée des membres de la génération Z sur le marché du travail pour expliquer un changement de mentalité s’y déroulant. La mobilisation et la rétention des ressources humaines ne font pas exception. « On n’a jamais vu une génération entrer sur le marché du travail avec des attentes aussi élevées par rapport à l’employeur que la génération Z », dit Florence Petit-Gagnon, cofondatrice de la plateforme de dons philanthropiques d’entreprises Nooé.

On n’a pas fini de le dire : les jeunes travailleurs souhaitent ardemment que leur travail ait un sens et n’incarne pas des forces destructrices dans le monde. « Ils veulent se sentir impliqués, faire partie d’un tout. C’est une génération qui a soif d’authenticité et de leadership. Ça force, je pense, l’entreprise à réfléchir, à aligner ses objectifs d’affaires avec les objectifs personnels des employés », dit Florence Petit-Gagnon.

Dans ce contexte, la philanthropie devient un facteur important d’intégration des équipes à la culture de l’entreprise, fait valoir Michele Musci, stratège d’impact à Republik, une agence de communication spécialisée en impact social positif. « La philanthropie joue un rôle de plus en plus clé dans tout ce qui touche à la mobilisation des employés, dit-il. Les plus jeunes générations ont besoin d’être connectées aux engagements de l’employeur. Que l’entreprise choisisse de s’engager dans plusieurs causes ou dans une grande cause phare, l’employé sent qu’il prend part à quelque chose, qu’il offre sa contribution. Donc ça devient un outil très puissant, à ce moment-là. »

Être à l’écoute

La ou les causes que l’entreprise soutient ont leur importance. Il est nécessaire de faire preuve d’écoute afin d’intégrer adéquatement les valeurs et les priorités des employés dans la stratégie philanthropique, ajoute Amélie L’Heureux. « Si j’ai toute une “gang ” de jeunes employés, ça se peut que ma philanthropie soit teintée de priorités différentes par rapport à une autre entreprise, dit-elle. Je dirais que c’est l’un des plus grands changements que l’on voit s’opérer ces dernières années, cette recherche de cohésion qui lie la philanthropie avec les intérêts, les motivations des employés et les valeurs de l’entreprise. »

Camille Wilhelmy, conseillère RSE pour la firme d’ingénieurs Norda Stelo, qui a exécuté une refonte de sa stratégie philanthropique il y a tout juste un an, soutient qu’une plus grande implication des employés dans les actions de bienfaisance a eu un rayonnement positif sur la cohésion des équipes. « Les gens sont très fiers, dit-elle. On en entend beaucoup parler. Mais je pense qu’aujourd’hui, c’est devenu un peu une attente de base pour les employés que l’entreprise soit proactive de ce côté-là. On n’a pas tellement le choix de s’impliquer dans notre communauté. Et on le voit, à quel point nos campagnes touchent les gens et leur donnent envie de s’impliquer à leur tour. »

Pour Florence Petit-Gagnon, il est évident qu’une stratégie philanthropique mobilisatrice passe par l’implication des employés. Elle incite donc les dirigeants à s’intéresser aux causes qui touchent directement leurs équipes pour augmenter leur impact. « Écoutez vos employés, dit-elle. Je pense que les solutions vont émerger naturellement de notre monde. L’idée, ça reste que l’on veut faire une différence dans la communauté avec la philanthropie. Les employés, c’est notre première communauté. Pour moi, il ne fait pas de doute que c’est le point de départ. »