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1 Québécois sur 2 veut vraiment changer d’employeur

Olivier Schmouker|Publié le 22 octobre 2020

1 Québécois sur 2 veut vraiment changer d’employeur

Un horrible sentiment d'isolement... (Photo: Jeremy Lapak pour Unsplash)

BLOGUE. Lorsqu’on leur demande s’ils envisagent de changer d’employeur, 54% des Québécois répondent qu’ils l’envisagent «sérieusement». C’est là le plus haut pourcentage à l’échelle du Canada, selon le sondage récemment mené par l’agence de recrutement Hays Canada.

L’explication? D’une part, près de la moitié des Québécois (42%) ne sont pas satisfaits de leur emploi actuel; d’autre part, la même proportion (43%) estime qu’aucune mesure n’a été prise par leur employeur pour contribuer à leur bien-être durant la pandémie du nouveau coronavirus. Ils déplorent donc le fait que leur employeur ne se préoccupe pas assez d’eux: il ne voit pas tout le potentiel qu’il y a en eux, et ne se soucie aucunement de leur épanouissement professionnel; de surcroît, il manque cruellement d’empathie, surtout en ces temps-ci si difficiles pour tout le monde.

Tout cela se traduit par l’impression pour ces employés-là d’avoir une ou plusieurs «épines» fichées dans le pied, lesquelles nuisent à leur efficacité comme à leur bien-être au travail:

– Le manque d’interaction sociale (48%);

– L’isolement (29%);

– La surcharge de travail (20%);

– Un environnement de travail inadapté (19%);

– Le manque de temps pour tout faire (16%).

Autrement dit, les Québécois déçus par leur employeur souffrent de ne plus avoir de véritable contact humain, d’avoir plus de travail qu’auparavant et de devoir travailler dans des conditions qui sont loin d’être adaptées à leurs besoins. Et surtout, ils souffrent de voir que leur employeur ne fait rien, ou presque, pour améliorer la situation.

«Les employeurs s’efforcent de protéger l’entreprise, et du coup, les employés se sentent négligés. Ce hiatus est dommageable, beaucoup plus que ce que peuvent croire nombre d’employeurs. Mais je ne crois pas que ce soit là un défi insurmontable: il est grand temps pour les employeurs et les employés de travailler ensemble en ce sens», dit Travis O’Rourke, le président de Hays Canada.

Le hic? C’est que la plupart des employeurs n’ont pas conscience de la gravité de la situation, comme en attestent trois autres données du sondage:

> Un optimisme à tous crins. 77% des employeurs québécois se disent optimistes – «complètement», «moyennement» ou «assez» – quant aux perspectives d’embauche et de rétention des employés, à court et à moyen termes.

> Aucune hausse de salaire en vue. 33% d’entre eux ne prévoient aucune augmentation de salaire en 2021. Et 18% sont encore indécis à ce sujet. Ce qui se traduirait donc par une baisse du niveau de vie de leurs employés, l’an prochain.

> Un rejet catégorique du télétravail. 32% d’entre eux considèrent aujourd’hui que le télétravail est une option intéressante, qu’il est envisageable d’en faire une façon de travailler habituelle. Cela étant, ils étaient très exactement 32% à affirmer la même chose avant la pandémie de COVID-19. Ce qui signifie que tous ceux qui avaient une opinion a priori défavorable du télétravail avant de devoir l’expérimenter ont maintenant la conviction que ce n’est pas une option à offrir à leurs employés. Oui, tous, soulignons-le.

Ainsi, 59% des employeurs québécois trouvent que le télétravail «nuit à la motivation et à l’engagement» de leurs employés. Ce qui est le plus fort pourcentage au Canada, la moyenne nationale étant de 41%. À cela s’ajoutent de nombreux autres défauts, à leurs yeux:

– Problèmes technologiques et de sécurité informatique (41%);

– Communication inefficace (41%);

– Baisse de la productivité (35%);

– Difficultés à intégrer les nouvelles recrues (35%).

De leur côté, les employés qui ont goûté au télétravail semblent y avoir pris goût. Une donnée parmi d’autres l’illustre bien: 41% des Québécois ayant télétravaillé depuis le début de la pandémie disent ne connaître «aucune difficulté particulière» à faire leur travail de chez eux. Certes, il y a bel et bien quelques désagréments (ex.: le bruit des proches et du voisinage, l’obligation de devoir faire l’école à la maison, etc.), néanmoins le positif semble l’emporter sur le négatif (ex.: ne plus avoir à faire le trajet aller-retour entre le domicile et le bureau, gérer son horaire comme bon leur semble, etc.).

C’est bien simple, ils sont maintenant 60% à dire qu’ils ont – enfin – trouvé un certain équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie privée. En grand partie grâce au télétravail.

Alors? Les employeurs vont-ils finir par entendre raison? Vont-ils finir par écouter les éloquents silences de leurs employés consternés? Oui, vont-ils finir par saisir que leur avenir passe inévitablement par l’empathie, pour ne pas dire par la bienveillance? À suivre, de toute évidence…

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