Coup dur pour ceux qui ont dû arrêter le télétravail... (Photo: Sander Weeteling pour Unsplash)
BLOGUE. Nous voilà à peine entrés dans la 2e vague de la pandémie du nouveau coronavirus, et déjà le moral des travailleurs est en train de flancher. C’est bien simple, 2 Canadiens sur 5 (36%) disent avoir du mal à trouver la motivation nécessaire pour effectuer leur travail. Pis, la même proportion de Canadiens (34%) avoue avoir de la difficulté à simplement se concentrer sur leur travail, selon une étude du cabinet-conseil en ressources humaines Morneau Shepell.
Que se passe-t-il? «La tension permanente nuit à la motivation, explique Paula Allen, première vice-présidente, recherche, analytique et innovation, de Morneau Shepell. La chute actuelle de motivation est sûrement le signe d’un épuisement émotionnel. Et ce dernier semble résulter de deux facteurs principaux: d’une part, les gens n’arrivent plus à trouver un équilibre sain entre le travail et la vie privée, ne pouvant plus socialiser normalement avec les collègues, les amis, les proches; d’autre part, ils fatiguent grandement à cause de stress parfois nouveaux, comme le stress financier, le stress lié à la peur de perdre son emploi à tout instant, ou encore celui lié à la surcharge de travail résultant du télétravail.»
De fait, la COVID-19 a provoqué des bouleversements phénoménaux dans le monde du travail, des bouleversements tels qu’ils n’épargnent personne, en particulier sur le plan de la santé mentale. Les données de l’étude ne laissent aucun doute à ce sujet:
> Une contrainte devenue insupportable. Ceux qui accusent le plus le coup sont ceux qui doivent maintenant travailler tantôt au bureau, tantôt de chez eux, c’est-à-dire faire du «travail hybride»: leur Indice de santé mental (ISM) a chuté de 12,9 points en septembre par rapport à ce qu’il était juste avant la pandémie (l’Indice de référence était alors de 75 points). Idem, l’autre catégorie la plus touchée est celle de ceux qui sont toujours contraints de télétravailler en raison de la pandémie, leur ISM enregistrant une baisse de 11,4 points.
Dans les deux cas, le problème est surtout le fait de devoir travailler sous contrainte: soit c’est l’employeur qui force à un retour partiel au bureau (ou inversement, à un télétravail partiel qui n’est pas désiré), soit c’est la situation sanitaire qui force à travailler autrement, qui impose une façon de travailler nullement désirée.
> Coup dur pour ceux qui ont dû revenir au bureau. Ceux qui ont également le moral à terre sont ceux qui ont été contraints par leur employeur de revenir sur leur lieu de travail habituel, et qui ont donc été empêchés de continuer à télétravailler. Leur Indice a reculé de 11 points en septembre par rapport à ce qu’il était juste avant la pandémie.
> Léger avantage à ceux qui savent télétravailler. Ceux qui continuent de télétravailler et qui y étaient habitués avant que ne sévisse le virus affichent un meilleur moral que les autres, même si ce n’est pas la panacée: leur ISM n’est en recul «que» de 8,6 points en septembre. C’est qu’ils savent un peu mieux gérer le travail à distance, ou encore concilier les tâches professionnelles aux tâches personnelles.
Que faire pour corriger le tir? La réponse évidente est que chacun de nous a besoin d’un coup de main pour voir son moral remonter un tant soit peu. Mais voilà, l’étude indique que nous sommes moins enclins qu’auparavant à demander de l’aide: 29% des Canadiens reconnaissent qu’ils consultent moins qu’avant la pandémie lorsqu’ils ont un problème physique, et 24%, quand il s’agit d’un problème psychologique.
«Quand notre quotidien est perturbé, on a tendance à négliger certains aspects importants de notre santé, estime Mme Allen. On remet des soins à plus tard, on se dit que tout se remettra bientôt dans l’ordre.»
Et d’ajouter: «Les employeurs devraient jouer un rôle crucial à cet égard, en soulignant l’importance de prendre soin de soi et en faisant valoir les ressources à la disposition du personnel, comme les programmes d’aide aux employés et les soins de santé virtuels», dit-elle.
À noter, en passant, une autre donnée qui ressort de l’étude: tout cela a un impact direct sur la productivité des employés, puisque celle-ci était en recul de 10,8 points en septembre par rapport à ce qu’elle était avant la pandémie (l’indice de référence étant, là aussi, de 75 points)…
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