Non, se montrer vulnérable comme l'attaquant des Canadiens de Montréal, Jonathan Drouin, n’est pas un signe de faiblesse, au contraire. (Photo: Getty Images)
BLOGUE INVITÉ. La sortie de l’attaquant Jonathan Drouin cette semaine est venue me toucher particulièrement. En entrevue avec Chantal Machabée dans le vestiaire de l’équipe, le joueur du club de hockey des Canadiens de Montréal se confie sur ses enjeux d’anxiété et d’insomnie des dernières années.
Poser un geste comme celui-là prend beaucoup de courage, mais témoigne aussi d’un beau filet de sécurité au sein de l’organisation pour qu’il en arrive à s’ouvrir et à raconter son histoire publiquement.
Oui, Jonathan Drouin est une personnalité du sport professionnel. Bien des gens pensent qu’il devait en quelque sorte «des explications» aux amateurs du bleu blanc rouge à la suite de son départ précipité en avril dernier. D’autres estiment qu’il aurait dû le faire bien avant et nous en dire plus lors de son entrevue.
Moi je suis une éternelle optimiste. Et personnellement, par le simple fait qu’on ose en parler et qu’une organisation comme les Canadiens permette qu’on le fasse avec son logo bien en évidence, j’y vois plutôt un geste qui insuffle de l’espoir en matière de santé mentale. J’y vois un pas de plus dans la bonne direction pour mettre un frein aux tabous, à la stigmatisation et pour sensibiliser la population à toutes les formes et aux enjeux liés à la santé mentale. De l’espoir en matière d’ouverture et d’acceptation. Qu’on se donne enfin le droit d’en parler !
Si le geste de Jonathan Drouin peut inspirer des fans, des travailleurs, de jeunes hockeyeurs ou d’autres de ses coéquipiers à sortir de leur souffrance pour aller chercher de l’aide, et bien il aura accompli bien plus qu’un exercice de relations publiques.
J’y vois aussi énormément de bienveillance de la part du club envers un de ses employés. L’organisation a accueilli sa détresse, lui a donné le temps nécessaire pour se remettre sur pieds, lui a fourni des outils et des ressources. Je m’avance, mais j’ai le sentiment qu’on a aussi en quelque sorte protégé l’attaquant au cours des derniers mois pour lui permettre de se rétablir. Et on lui a permis de parler ouvertement de ce qu’il a traversé au cours des dernières années. Chapeau.
Les Canadiens de Montréal, de la haute direction à ses coéquipiers, a procuré support et soutien à Jonathan Drouin. Son témoignage au sujet de la présence de ses coéquipiers et de son entraineur pendant son absence m’a particulièrement touché. Combien d’employés prenant un congé de maladie se voient isolés, exclus, ne reçoivent plus d’appel de leurs collègues ou de leur gestionnaire ? Combien sont laissés à eux-mêmes alors que le soutien est une composante essentielle menant au rétablissement ? Beaucoup trop !
Arrêtez de me dire qu’on n’a pas le droit d’appeler un collègue en congé de maladie. Prenons des nouvelles de nos collègues et employés absents. Au pire, ils ne nous répondront pas, mais au mieux, ils sauront qu’ils comptent toujours «malgré tout» parce que oui, on se sent coupable lorsqu’on prend un congé de maladie.
Je souhaite tellement qu’on s’inspire de ce qui s’est passé cette semaine et qu’on crée des conditions qui favorisent ce type de partage. Je souhaite qu’on encourage la vulnérabilité. Non, se montrer vulnérable n’est pas un signe de faiblesse. Au contraire, il s’agit d’une main bien tendue qui témoigne de toute la force qu’on a en soi pour s’en sortir.
Que la bienveillance des Canadiens de Montréal inspire d’autres organisations à agir de cette façon envers leurs employés. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre criant, prenons soin les uns des autres.