«Les premiers symptômes peuvent être subtils et l’état de la personne peut rapidement s’aggraver», indique la CNESST. (Photo: 123RF)
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RHÉVEIL-MATIN. Il fait chaud, anormalement chaud depuis quelques semaines, vous ne trouvez pas?
Si la tendance se maintient, juillet 2023 sera le mois le plus chaud que la planète aura connu depuis plusieurs centaines d’années, a mis en garde le climatologue en chef de la NASA, Gavin Schmidt jeudi dernier. Or, il n’y a pas que le mercure qui grimpe, les risques de coups de chaleur et le nombre d’employeurs qui devront dorénavant se soucier de ce danger en milieu de travail aussi.
Ça comprend notamment ceux qui emploient des gens qui pratiquent le télétravail dans des endroits qui ne sont pas climatisés, confirme l’avocate en droit du travail et de l’emploi spécialisé en santé et en sécurité au travail chez Langlois Avocats, Laurence Bourgeois-Hatto.
En 20 ans, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST) a répertorié plus de 500 lésions professionnelles et 7 décès attribuables au travail par temps chauds.
«Bien avant l’arrivée d’une vague de chaleur, les employeurs doivent procéder à une évaluation des risques de contrainte thermique auxquels sont exposés leurs travailleurs et se doter d’un plan d’action pour les protéger», explique par courriel la CNESST.
Dans un bureau, «on va par exemple regarder si on peut réaménager le poste de travail, isoler, ou mettre de la ventilation pour faire descendre le mercure sous certaines valeurs», ajoute l’avocate.
S’il n’est pas possible de tempérer l’environnement de travail d’un employé, l’entreprise doit lui accorder des pauses fréquentes selon l’effort fourni et la température corrigée en fonction de l’humidité, de l’ensoleillement et des habits portés.
Pour un travail léger, le niveau de risque augmente dès que le mercure ressenti dépasse les 37,8 °C.
Un lieu sécuritaire, même en télétravail
A priori, la clé serait de rapatrier tous les membres de son organisation au bureau où il est plus facile de contrôler la température ambiante pour prévenir les malaises causés par la chaleur.
Or, certains ne disposent pas d’air climatisé, ne peuvent plus accueillir tous leurs salariés en même temps, ou n’ont carrément plus d’espace physique pour le faire.
Dans ces cas de figure, l’entreprise devra faire preuve de créativité et de flexibilité afin de minimiser le risque, estime Laurence Bourgeois-Hatto.
Si les mesures de cybersécurité à respecter le permettent, elle pourrait par exemple les inviter à bosser depuis une bibliothèque municipale, ou un espace de travail partagé.
Tout comme pour l’ergonomie, l’employeur doit s’assurer que le domicile de ses télétravailleurs soit adapté à la chaleur accablante, puisque c’est un lieu où s’applique désormais la Loi sur la santé et la sécurité au travail depuis la réforme de 2021 «à moins qu’il y ait des dispositions inconciliables», rappelle l’avocate.
Ainsi, il «est tenu de prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité et l’intégrité physique de ses travailleurs. Il a également l’obligation de s’assurer d’identifier, de contrôler et d’éliminer les risques pouvant affecter la santé et la sécurité des travailleurs.»
Même si le contrôle qu’elles peuvent y exercer est limité, les entreprises ont développé depuis trois ans «des façons de faire pour s’assurer que les gens ont les outils pour éviter les blessures. Certains de mes clients font des appels vidéo pour vérifier leur poste de travail.»
Prévention
Le patron doit aussi rappeler à ses employés de demeurer attentifs aux conditions thermiques de leur lieu de travail, tout comme les consignes de sécurité et les symptômes à surveiller.
«Ça peut paraître un peu banal, mais on peut réitérer les trucs pour affronter la chaleur, comme porter des vêtements appropriés, boire beaucoup d’eau même si on n’a pas soif, éviter les boissons qui déshydratent et ajuster son alimentation. À défaut de permettre aux gens d’adapter leur horaire de travail, on peut les encourager à aller dans des endroits climatisés sur leur heure de lunch», énumère Laurence Bourgeois-Hatto.
Pendant une canicule, il importe aussi, d’après elle, de faire des suivis réguliers auprès de ses salariés pour vérifier leur état de santé. «On recommande souvent de travailler en équipe. Les travailleurs de la voirie par exemple ne sont jamais seuls quand il fait très chaud. S’ils ont un coup de chaleur, leur collègue doit pouvoir le voir et l’assister.»
«Les premiers symptômes peuvent être subtils et l’état de la personne peut rapidement s’aggraver», indique la CNESST.
L’avocate est d’avis qu’«une souplesse à la politique de télétravail [devra être apportée]. Peut-être que ce serait même opportun d’y prévoir [les consignes à respecter lors de canicule].»