Au retour de congé, 41% des Québécois font des «heures supp»
Catherine Charron|Publié le 11 janvier 2019Ces habitudes coûtent cher aux entreprises à long terme.
En ce retour des festivités du temps des Fêtes, 41% des travailleurs québécois devront rester plus longtemps au travail pour éponger le retard accumulé lors de cette semaine de vacances.
C’est près de 20 points de pourcentage de moins que la moyenne dans le reste du pays, démontre le plus récent sondage de la firme ADP, un fournisseur de service aux employeurs qui touchent les ressources humaines comme le traitement de la paie. En effet, ce sont plus de trois travailleurs canadiens sur cinq qui devront passer plus de temps à l’ouvrage avant ou après avoir pris congé.
Les Québécois consacreraient aussi moins de temps à leur besogne que leurs homologues dans le reste du pays: alors que dans la Belle Province, 17,2 heures seront dédiées à récupérer les heures perdues, à l’échelle nationale ce seront plutôt 23 heures qui y seront vouées.
Et cette tendance, on l’observe depuis la première édition de cette étude en 2016. Qu’est-ce qui peut expliquer cet écart marqué? Vincent Lemieux, directeur des ressources humaines chez ADP Canada, suppose que la démographie des provinces et les secteurs d’activités propres à chacune d’elles ont un rôle à jouer dans ces résultats.
«Des industries sont reconnues pour avoir une culture complètement différente au niveau de la prise de vacances, comme le secteur des technologies par exemple», spécule-t-il.
Cette charge de travail supplémentaire pèse sur les employés. Le rapport démontre que 47,3% des travailleurs sondés seraient prêt à accepter un autre poste pour des conditions de travail semblable, mais qui offrirait plus de congés. Au Québec, ce pourcentage tombe à 33,8%.
Cet écart pourrait s’expliquer par le fait que les Québécois sondés accordent une plus grande valeur à d’autres facteurs, comme la flexibilité et la proximité au lieu du travail, estime Vincent Lemieux.
Des congés en banque jamais utilisés
Au Canada, 48,5% des travailleurs n’utilisent pas la totalité des congés qui leur sont alloués. Ce phénomène on peut aussi l’observer chez nos voisins du sud. En 2013, la U.S. Travel Association en partenariat avec Oxford Economics publiait dans un rapport que les Américains laissaient en banque 3,2 journées de congé payées en moyenne.
Ces habitudes coûtent cher aux entreprises à long terme. «Ça crée des problèmes de rétention et d’attractivité pour l’employeur. Ça hypothèque aussi la santé des employés et leur productivité», explique le directeur des ressources humaines chez ADP Canada.
Certains spécialistes des relations humaines vont même plus loin. Travis Bradbetty, l’auteur du livre Intelligence émotionnelle 2.0, affirme que les entreprises devraient encourager une politique de vacances illimitées. Dans un article publié par le magazine Forbes, il cite l’exemple de Netflix, où les employés ne sont pas soumis à une politique de vacances restrictive et seraient beaucoup plus efficaces depuis.
Vincent Lemieux est convaincu que pour maximiser les bienfaits des congés, la culture d’entreprise doit l’encourager et les gestionnaires doivent montrer l’exemple. «Le gestionnaire doit aussi réduire la charge de travail de l’employé en congé et ne pas envoyer de courriels inutiles pendant son absence pour ne pas lui ajouter un poids sur les épaules à son retour», dit-il.