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«Au secours, nos nouvelles recrues ne restent pas en poste!»

Olivier Schmouker|Publié le 14 juillet 2022

«Au secours, nos nouvelles recrues ne restent pas en poste!»

Un cruel sentiment d'isolement... (Photo: Thought Catalog pour Unsplash)

MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudisVous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca

Q. – «Nous sommes bons pour recruter de jeunes personnes talentueuses, mais nous avons beau leur donner de bonnes conditions de travail (à distance, en mode hybride, etc.), nombre d’entre elles nous quittent au bout de trois ou quatre trimestres. Ça ne nous était jamais arrivé à ce point-là. Que se passe-t-il? Le problème, c’est eux ou c’est nous?» – Rose

R. — Chère Rose, il est vrai qu’au Québec nous assistons aujourd’hui non seulement à une pénurie, mais aussi à une volatilité de la main-d’œuvre. Ce qui complique grandement les opérations de recrutement, comme vous le constatez par vous-même.

Afin de vous aider à mieux fidéliser vos nouvelles recrues, j’ai envie de vous parler d’une étude menée il y a peu par Time Is, un cabinet britannique spécialisé en motivation et en fidélisation des travailleurs qui a des bureaux à Londres, Prague et New York. L’idée était simple: analyser les données numériques (courriels, messages Slack, etc.) de quelque 1 300 employés américains et européens des secteurs technologiques et financiers afin d’identifier les raisons profondes qui poussent certaines nouvelles recrues à quitter l’organisation, et les autres à y rester.

Résultat? La flexibilité dont font preuve nombre d’organisations depuis le début de la pandémie a un effet secondaire, disons, indésirable: elle nuit grandement à l’intégration des nouveaux employés. Souvent à un point tel que ceux-ci perdent patience et prennent la décision radicale d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte.

De fait, l’étude montre qu’aujourd’hui les employés qui sont en poste depuis moins de 12 mois travaillent, en général, avec 30% moins de collègues que ceux qui sont en poste depuis plus d’un an. Cela signifie qu’ils effectuent leurs tâches en étant en contact avec moins de collègues que les autres, et donc que le réseau professionnel est réduit à une peau de chagrin.

D’où un cruel sentiment d’isolement professionnel. De ne pas être écouté. De ne pas pouvoir pleinement partager ses idées, ses difficultés et ses émotions. D’être un peu tout seul dans son coin, et de devoir se débrouiller tout seul en cas de pépin.

Tout cela use et incite à fuir au plus vite, dans l’espoir de trouver une équipe plus chaleureuse, plus solidaire, plus humaine.

«Notre étude indique que les organisations qui brillent aujourd’hui dans l’intégration des nouveaux employés ont conscience des bâtons dans les roues que représente à ce sujet la flexibilité du travail (télétravail, travail hybride, etc.). Et surtout, qu’elles agissent en conséquence, par exemple en effectuant des sorties en équipe une ou deux fois par mois (un resto, une activité sportive ou ludique, etc.)», note, en marge de l’étude qu’il a pilotée, Evan James, le vice-président directeur, marketing, de Time Is.

Bref, Rose, la situation devrait aller en s’améliorant à partir du moment où vous «humaniserez» davantage les relations des nouvelles recrues avec leurs collègues. Ce qui peut se faire en veillant, par exemple, à les mettre en contact régulier avec plus de collègues, ou encore à multiplier les occasions pour les équipes de se rencontrer «en vrai» (pour le travail comme pour l’amusement).

En passant, l’écrivain français Antoine Blondin aimait à dire que l’apéro, c’est l’occasion de partager des «verres de contact». Et l’été est toujours un bon prétexte pour prendre l’apéro ensemble, non?