Augmentations salariales: la cadence ralentira en 2025
Catherine Charron|Mis à jour le 06 septembre 2024Les salaires devraient moins augmenter qu'en 2024. (Photo: 123RF)
RHÉVEIL-MATIN. Les employeurs devraient être moins prompts à délier les cordons de la bourse en 2025 pour accorder des augmentations salariales : les données colligées par Normandin Beaudry et Gallagher laissent toutes les deux présager des hausses plus faibles qu’en 2024.
Elles ne s’entendent toutefois pas sur le taux de croissance que devrait connaitre la rémunération des travailleurs canadiens : si la première table sur un bond moyen excluant les gels de 3,4% en 2025, la seconde mise plutôt sur 3,5%. En 2024, elles rapportent respectivement une progression réelle de 3,6%, et de 3,9%.
Grâce aux coups de sonde qu’elles ont mené de leur côté, les deux sociétés qui offrent des services-conseils en rémunération indiquent que les employeurs ressentent moins de pression à majorer leurs salaires. En 2025, ils s’attendent à ce que le taux de chômage au pays retrouve des niveaux similaires à ce que l’on a connu en 2019, et à ce que le taux d’inflation se rapproche de la cible de 2% de la Banque du Canada.
Ça se reflète directement dans l’évolution des principaux facteurs qui affectent les budgets d’augmentation chez les 500 entreprises interrogées par Gallagher. Près d’une organisation sur sept conclut que sa capacité à payer et son positionnement par rapport au reste du marché influencent encore le plus sa décision. La part de répondants mentionnant que la pénurie de main-d’œuvre affecte sa réflexion est passée de 62% à 54% entre l’édition 2024 et l’édition 2025 du rapport. Celle qui dit le coût de la vie a glissé de 67% à 61% au cours de cette période.
On remarque aussi un écart entre la part d’entreprises qui s’abstiendront de faire des augmentations salariales. Ce sont 3% des 750 organisations sondées par Normandin Beaudry qui comptent laisser leur enveloppe salariale telle quelle, alors que 7% des 500 répondantes à Gallagher sont du même avis. Ce bond rejoint toutefois la moyenne historique, estime Marc Chartrand, conseiller principal chez Gallagher et conseiller en ressources humaines agréé.
«Il y aura toujours des organisations qui, pour toutes sortes de raisons, diront qu’elles rencontrent des difficultés, nuance-t-il. Après la crise économique de 2008, par exemple, cette part avoisinait plutôt les 30%.»
Les employés qui espèrent voir en 2025 une augmentation réelle plus grande qu’attendu comme en 2021, 2022 et 2023 resteront sur leur faim, croit l’expert. «On est assez sûr que les chiffres devraient ressembler à ce qu’on a prévu, surtout si le taux d’inflation continue de baisser. On pourrait même se rapprocher de la médiane, qui est un peu plus basse.»
Transparence salariale encore peu commune
Ce qui a surtout surpris Marc Chartand à la lecture de cette édition de l’étude, c’est le peu de discussions rapportées entre un gestionnaire et ses subalternes à propos de la rémunération. D’après leurs données, il y en a peu ou pas chez près d’une entreprise sur trois. Toutefois, 10% des répondantes sont à l’aise avec cette situation.
«Les entreprises ont un bout de chemin à faire pour se conformer aux législations comme celles de l’Ontario et de la Colombie-Britannique, mais aussi de mieux répondre aux attentes des employés qui veulent comprendre sur quelles bases les décisions se prennent en matière de gestion de salaire.»
Le quart répond avoir une philosophie de la rémunération globale et en avoir informé ses équipes, 22% affichent ses échelles salariales, mais 17% ont des «discussions ouvertes sur la position du salarié dans son échelle».
Plus de 70% des organisations disent que ce sont les gestionnaires qui sont responsables d’avoir de tels échanges avec leurs employés, et 73% de ce nombre croient pourtant qu’ils disposent des outils pour le faire. Le hic, c’est qu’on ne sait pas si les principaux intéressés sont du même avis.
«Quand on met tout ça ensemble, on voit qu’il y a peu de réflexion de ce côté, estime-t-il. Il y a encore de grands défis en matière de transparence salariale.»
Consolider les acquis en matière de rémunération globale
Bien qu’en termes d’augmentation salariale, on se rapproche de ce qui était observé avant la pandémie, les réflexes de rémunération globale développés ces dernières années, eux, semblent bien ancrés.
Ainsi, l’amélioration des programmes non monétaires qui a connu un bond de popularité en 2024 se maintiendra en 2025.
«Elles réalisent qu’à moyen terme, bonifier le salaire a ses limites. À la fin, ce qui fait que les gens restent, c’est l’ensemble de l’expérience employé, la façon qu’on s’occupe de leur carrière, le genre de projets qu’on assigne, l’autonomie qu’on accorde, énumère Marc Chartrand. On doit investir dans les choses plus exigeantes, certes, mais davantage porteuses.»