Une décision prise dans le calme et la sérénité... (Photo: Bino Le pour Unsplash)
BLOGUE. J’ai une grande nouvelle à vous annoncer : j’ai pris la décision de quitter le journal Les Affaires, après y avoir passé une quinzaine d’années heureuses au sein d’une équipe enthousiasmante, prête à relever n’importe quel défi, beau temps mauvais temps. Oui, j’ai fait le choix d’aller vivre de nouvelles aventures et de découvrir de nouveaux horizons, en compagnie d’une autre équipe tout aussi emballante.
Je ne vous cache pas que ça a été pour moi une décision déchirante. C’est que j’aime d’amour le journal Les Affaires, une publication incontournable pour l’information économique, ainsi que les artisans qui le fabriquent, tous animés par une rigueur et une passion folles. C’est également qu’il n’est jamais aisé de tourner une page de sa vie…
Voilà pourquoi m’est remonté en mémoire un passage du tout dernier livre qu’a écrit l’explorateur français Paul-Émile Victor, «Dialogues à une voix», dans lequel il a compilé une série de notes rédigées tout au long de sa vie. Un passage qui me paraît on ne peut plus pertinent pour qui doit endosser le rôle de l’aventurier, c’est-à-dire quiconque s’aventure au loin, par-delà sa petite zone de confort. Donc, pour moi comme – qui sait? – pour vous sous peu.
Ce passage permet, au fond, de savoir si nous sommes prêts, ou pas, à partir à l’aventure:
«Quelles sont les «qualités» que doit posséder un aventurier? écrit-il.
1. Il doit avoir l’esprit d’entreprise.
2. Il doit posséder une curiosité d’esprit intense.
3. Il doit être persuadé qu’il n’y a pas de problèmes, qu’il n’y a que des solutions.
4. Il doit savoir garder son sang-froid en toutes circonstances.
5. Il doit être doté d’un inébranlable sens de l’humour.
6. Il ne doit jamais se prendre au sérieux, tout en faisant un travail sérieux.
7. Il doit abandonner son amour-propre. Par exemple, en marche d’approche, lorsque la marche à pied n’est pas une technique de recherche ou une nécessité, prendre un car, un taxi, un avion ou un hélicoptère; car on gagne ainsi beaucoup de temps, et on arrive frais et dispo sur le lieu de travail.
8. Il doit avoir une patience permanente et totale.
9. Il doit être imperméable aux mauvaises odeurs, avoir un estomac à toute épreuve, ignorer l’existence de ses intestins et de son foie, avoir une dentition parfaite, un dos, des pieds et des jambes d’acier.
10. Il doit avoir un œil aiguisé, pénétrant, toujours en éveil.
11. Il doit être un enthousiaste et un optimiste.
12. Il doit s’accrocher, s’accrocher toujours.
Une fois cette check-list cochée, il convient de se lancer, mais pas n’importe comment, en suivant scrupuleusement l’un des précieux conseils de M. Victor:
> Ton meilleur ami et ton meilleur ennemi, c’est toi!
«L’un et l’autre agiront dans le même sens. Il y a en toi un adversaire, ou même un ennemi, qu’il faudra vaincre. L’ami qui est en toi t’aidera à remporter la victoire. L’ennemi qui est en toi te poussera à l’échec. Tu le vaincras parce que l’ami en toi est le plus fort. C’est toi qui l’as entraîné, qui l’as dressé!
«Un «houidge» [esprit malfaisant] t’accompagne depuis toujours. Tu le connais certainement, mais peut-être ne le reconnais-tu pas. Tu ne l’as jamais vu, et tu ne le verras jamais. Mais il est là, et il ne cessera de se percher sur ton épaule pour te chuchoter les pires pensées dans l’oreille. Il te dira : «Arrête-toi. Fais demi-tour. Il en est encore temps. Tu ne leur dois rien. Sauve ta peau…»
«Ou bien il te dira : «Tu vas te casser la gueule. C’est pour aujourd’hui. C’est même pour tout à l’heure…»
«Ou bien encore, quand tu traverseras les pires difficultés : «Je te l’avais bien dit, mais tu n’as jamais voulu me croire. Tu n’es qu’un imbécile…»
«C’est alors que toi, ton meilleur ami, tu dois savoir chasser ton «houidge», rester calme, ne pas paniquer, t’accrocher. T’accrocher toujours.»
Voilà. Je suis en train de tourner une page, et ces conseils vont sûrement m’y aider, tout comme ils pourraient bien vous servir pour démarrer 2021 d’un nouveau pied.
Pour finir, un immense merci à vous toutes et à vous tous qui m’avez lu avec passion. Sachez que cela m’allait chaque jour droit au coeur.
Enfin, je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous un tout dernier mot, de Paul-Émile Victor, ça va de soi : «Ce n’est pas ce que nous sommes qui nous empêche de réaliser nos rêves; c’est ce que nous croyons que nous ne sommes pas».