Évitez de simplement réduire la taille de l’équipe pour diminuer les coûts de la main-d’œuvre, dit PwC. (Photo;123RF)
RHÉVEIL-MATIN. Il semblerait que les entreprises ont de la difficulté à bel et bien apprécier combien leur coûtent réellement leurs ressources humaines, un constat troublant en période de resserrement économique.
Lorsqu’elles doivent lier les cordons de la bourse, les organisations ont l’habitude de commencer par réduire la taille de leur personnel. Pourtant, une panoplie d’autres outils passe sous leur radar, soutient l’équipe de la firme de service-conseil PwC dans l’édition 2024 de son «Workforce radar report».
Cette synthèse que son responsable du service de la transformation de la main-d’œuvre aux États-Unis, Anthony Abbatello, a co-dirigé s’appuie sur différentes études que la société a menées et des données de ses clients.
On y apprend notamment que les entreprises peinent à brosser un fidèle portrait de leurs dépenses en main-d’œuvre.
Tandis que les taux de chômage grimpent de part et d’autre de la frontière canado-américaine, la firme remarque que les dirigeants commencent toutefois à saisir les conséquences de l’absence d’un «bilan financier de la main-d’œuvre». En effet, ce sont 40% d’entre eux qui comptent revoir leur allocation de fonds de leur département des ressources humaines, le plus important taux en quatre ans.
«Un tel bilan englobe les coûts indirects rattachés à la productivité des travailleurs, à leur engagement, à leur développement et à tous autres processus liés ou influencés par les ressources humaines», est-il écrit dans le rapport de 48 pages.
Un outil holistique
Dans ce précieux outil pour les gestionnaires des ressources humaines, on répertorie par exemple les coûts des salaires, des avantages sociaux, l’efficacité des processus d’embauche et d’intégration, mais aussi les dépenses associées aux installations physiques et aux infrastructures numériques mises nécessaires à la prestation de service.
Ainsi, avoir des bureaux près des grands centres peut certes faciliter le recrutement de la main-d’œuvre, mais vient parfois avec des factures salées qui limitent la taille de l’équipe.
«Il permet aux RH d’identifier de manière proactive comment l’organisation peut augmenter le flux de trésorerie disponible pour bonifier le résultat net et réaffecter les investissements en capital à l’amélioration de l’expérience du personnel», ajoutent les auteurs du rapport.
L’optimisation passe en partie par une maitrise des lois fiscales et des impôts. Contribuer à l’épargne de vos salariés pourrait par exemple peut-être être plus avantageux que de les couvrir de petits cadeaux. Réviser la lourdeur administrative entourant la paie doit aussi être envisagé, d’après PwC.
Comprendre le recours du personnel aux avantages sociaux est essentiel. Pourtant, peu d’entreprises ont une vue d’ensemble du taux d’utilisation des programmes offerts à leurs employés. En disposant d’un tel mécanisme, elles peuvent ajuster leurs dépenses selon les besoins et l’intérêt de leur main-d’œuvre – qui évolueront dans le temps, soit dit en passant – et ainsi maximiser le retour sur investissement.
«Nos clients qui se sont penchés sur les préférences de leurs salariés sont parvenus à économiser entre 1000 dollars américains ($US) et 3000 $US par employé annuellement», soutiennent les auteurs du rapport.
Ça met aussi en lumière les économies que l’entreprise fait en gérant bien les risques de cybersécurité ou de mauvaises manipulations coûteuses que représente le personnel.
Important travail de réflexion à venir
Bâtir un bilan financier holistique de la main-d‘œuvre n’est pas une mince tâche, reconnait-on dans le document.
Pour y parvenir, les auteurs de l’étude recommandent aux responsables des ressources humaines de travailler de concert avec le département des finances de l’organisation afin de collecter les données nécessaires à un tel document.
L’analyse de ces informations sera cruciale pour amoindrir certains postes de dépenses peu rentables et réallouer ces fonds là où les retombées sont importantes.
Ceci leur permettra de bâtir un plan de match pour optimiser les dépenses et éviter de simplement réduire la taille de l’équipe pour diminuer les coûts de la main-d’œuvre.