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Bien-être au travail: il est plus que temps d’agir

Le courrier des lecteurs|Mis à jour le 18 juin 2024

Bien-être au travail: il est plus que temps d’agir

Manon Boivin (Photo: courtoisie)

Un texte de Manon Boivin, directrice générale de Groupe Entreprises en santé, portant sur le bien-être au travail et sur la responsabilité de chacun dans cet enjeu

COURRIER DES LECTEURS. Dans un contexte où les défis relatifs à la santé mentale, à l’engagement et à la fidélisation du personnel sont plus importants que jamais, les données actuelles ne laissent pas de place au doute. Le Conseil du patronat du Québec rapporte que 94% des entreprises font face à des défis de recrutement de personnel. Le défi qui rend cette pénurie de main-d’œuvre unique? La main-d’œuvre est épuisée! En effet, Recherche sur la santé mentale Canada révèle que 33% des travailleurs canadiens sont épuisés.

En parallèle, selon Statistiques Canada, 21% des travailleurs et des travailleuses font face à des niveaux élevés ou très élevés de stress liés au travail, attribués principalement à la surcharge de travail et au déséquilibre entre la vie professionnelle et personnelle. Ces chiffres sont renforcés par une enquête de Gartner, qui indique que moins d’un tiers des employés se sent engagé dans son travail. 

En outre, d’un point de vue économique, l’absence d’initiatives en santé et mieux-être au travail coûte cher aux entreprises. Selon le rapport Mieux-être 2022 de Manuvie, le nombre de jours de travail perdus en lien avec la santé et le présentéisme est passé de 41,2 jours en 2021 à 48,1 en 2022. Une étude scientifique intitulée «Psychosocial working conditions and the utilization of health care services» révèle aussi que les dépenses en santé au sein des milieux de travail soumis à une culture de surperformance sont supérieures de 50 % à celles des autres organisations.

Cette réalité troublante entraîne des répercussions néfastes, non seulement sur le personnel et les milieux de travail, mais sur toute la société.

De ces constats émerge une question primordiale: que doit-on faire pour avoir un impact significatif sur la santé et le mieux-être des employés? Face à l’urgence de la situation, la responsabilité de la santé et du mieux-être au travail ne peut reposer uniquement sur les épaules des employeurs ou des employés. Il s’agit d’une responsabilité partagée qui exige une collaboration et une implication active de tous les acteurs des milieux de travail.

Du côté employé, il est essentiel de prendre en charge sa propre santé (physique, mentale, sociale et spirituelle) et de s’impliquer dans les initiatives mises en place par l’entreprise. Du côté employeur, il est capital de mettre en place des pratiques et des politiques favorisant un environnement de travail sain et positif.

Par conséquent, les chefs et les cheffes d’entreprise ont tout à gagner en investissant dans des démarches organisationnelles structurées qui favorisent une culture de santé et de mieux-être. Les pratiques de gestion et les conditions de travail ont un réel impact, tant sur la santé des travailleurs que sur celles des dirigeants. C’est pourquoi la création d’une culture organisationnelle basée sur la prévention et la saine productivité doit être soutenue par des valeurs organisationnelles fortes, portées par la direction. Les facteurs psychosociaux (charge de travail, reconnaissance, droit à la déconnexion, harcèlement, etc.), la conciliation travail/vie personnelle et l’amélioration de l’environnement de travail sont également quelques-unes des pistes à explorer prioritairement pour développer une culture d’entreprise saine. Enfin, une évaluation continue de ces actions est cruciale pour répondre aux besoins changeants dans un monde du travail en constante évolution. 

Bien que les enjeux de pénurie de main-d’œuvre et d’épuisement professionnel auxquels font face les entreprises peuvent sembler insurmontables, des solutions prometteuses existent. Il est impératif d’agir pour instaurer des pratiques organisationnelles visant à promouvoir un environnement de travail sain et de prendre au sérieux, c’est-à-dire au plus haut niveau de la hiérarchie, la santé et le bien-être du personnel. 

En adoptant une approche proactive axée sur la prévention et en plaçant la santé au cœur de leurs priorités, les entreprises pourront non seulement améliorer la santé et le mieux-être de leur personnel, mais devenir des moteurs de changements pour façonner la nouvelle économie qui pointe à nos portes.