Carboneutralité et retour au bureau peuvent aller de pair
Catherine Charron|Mis à jour le 01 octobre 2024Une entreprise peut être carboneutre même si ses employés se déplacent vers leur milieu de travail, si quelques mesures pour limiter les externalités négatives sont adoptées. (Photo: 123RF)
FLEX TON TRAVAIL. «Comment pouvez-vous promouvoir l’environnement, dire que vous serez zéro carbone d’ici quelques années, tout en exigeant des employés un retour au bureau 2 ou 3 jours semaine, sachant que le même travail a été fait dans les dernières années de façon impeccable en télétravail?» – Patrick C.
Une entreprise peut être carboneutre, même si ses employés se déplacent vers leur milieu de travail, grâce à l’adoption de quelques mesures pour limiter les externalités négatives, indique Alexandra Lamoureux, consultante spécialiste de la norme B Corp chez Boite Pac.
Lorsqu’elle accompagne ses clients vers l’obtention de la certification aux exigences en matière d’environnement, sociales et de gouvernance (ESG), l’une des avenues suggérées pour réduire l’empreinte écologique est d’augmenter le télétravail pour minimiser les déplacements des salariés.
Cette quête de la carboneutralité ne peut toutefois se faire au détriment de la culture organisationnelle, nuance-t-elle. «Dans la certification B Corp, on tient aussi compte de l’effet social, de l’engament des employés et de leur bonheur. Dans certains cas, on peut les démobiliser si on ne permet que le télétravail», prévient Alexandra Lamoureux.
Chaque entreprise doit s’intéresser à ce que la consultante appelle les émissions directes et indirectes lorsqu’elle tente de réduire leurs externalités négatives sur l’environnement. Le CO2 généré par la production du bien ou du service vendu, par exemple, tombe dans la première catégorie, tandis que les transports des membres du personnel figurent plutôt dans la seconde.
Idéalement, la direction doit plancher sur l’élimination des émissions de gaz à effet de serre, et compenser celles qu’elle ne peut complètement enrayer.
En ce qui concerne le voyagement des employés, des mesures incitatives financières peuvent être mises en place pour décourager le recours à l’auto solo lors des déplacements vers le milieu de travail ou lors des rencontres avec les clients.
Alexandra Lamoureux a aidé à implanter certaines politiques de transport alternatif. Elles prévoyaient par exemple un dédommagement de 0,50$ le kilomètre pour les voitures à essence. Celui pour du covoiturage était plutôt de l’ordre de 0,60$ le kilomètre. Les titres de transport en commun, quant à eux, étaient remboursés à 150%.
Dans le cadre de sa politique de retour au bureau, l’entreprise peut promouvoir le transport actif, et encourager les employés à effectuer leurs déplacements à pieds ou à vélo.
«On peut donc avoir une politique de transport alternatif, et compenser les émissions qu’on ne peut éliminer, ajoute la consultante. C’est certain que ça peut revenir cher pour l’entreprise, mais ça peut être une bonne alternative pour celles qui souhaitent devenir carboneutres.»
Sensibiliser son employeur
Toutes les organisations n’ont toutefois pas le réflexe de s’intéresser à leurs externalités négatives directes et indirectes sur l’environnement. Alexandra Lamoureux, qui croit en la gouvernance démographique, encourage les travailleurs sensibilisés à oser lancer la discussion.
Elle leur suggère surtout d’avoir des chiffres sous la main pour faire raisonner leur discours auprès de leur supérieur, notamment sur le mode de transport utilisé par les collègues, voire sur leur enthousiasme à retourner au bureau.
«Pour les influencer, il faut aussi faire preuve d’ouverture. On peut par exemple expliquer quelle répercussion la décision de ramener plus souvent les employés au bureau a eu sur nous, et qu’on se demande si les autres ont ressenti la même chose», dit la consultante.
Ainsi, en passant un coup de sonde auprès des employés, la direction pourrait constater que certains départements pourraient avoir des modalités de télétravail différentes, si la distance ne mine pas leur sentiment d’appartenance et leur prestation de service.
Le déploiement d’un comité conseiller de la flexibilité pourrait aussi être utile pour aider l’organisation à tenir compte des besoins des membres de son équipe. Flexibilité ne veut pas dire la même chose en fonction de si l’on vit ou non près d’infrastructures de transport en commun ou du bureau.
«Chaque entreprise est composée d’humains différents […] Je pense que les décisions qui influencent le quotidien et l’environnement des employés, ça leur importe.»