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Sylvie Huard

Espace famille en affaires

Sylvie Huard

Expert(e) invité(e)

Ce que les repreneurs pensent, mais ne disent jamais

Sylvie Huard|Publié le 19 mai 2022

Ce que les repreneurs pensent, mais ne disent jamais

L'idéal est d'instaurer une communication ouverte et respectueuse entre tous les membres de la famille impliqués dans l'entreprise. (Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. Accompagner les familles en affaires, c’est ce que je fais au quotidien depuis de nombreuses années. Et même si chaque famille est unique, TOUS les repreneurs pensent trois choses bien précises, mais n’osent jamais en parler ouvertement aux autres membres du clan. Voyons lesquelles… et comment y mettre fin une fois pour toutes.

 

Tabou no 1: « Ma famille croit que je ne pense qu’à moi et pas du tout à eux. »

Aaaaah! Si vous saviez à quel point c’est faux. Si vous êtes hanté par une telle pensée,  c’est sûrement parce que votre famille évite d’aborder deux sujets en particulier : l’actionnariat et la relève pour les postes stratégiques.

Laissez-moi vous expliquer ce qui arrive 9 fois sur 10. Dans chaque famille, il y a toujours une personne qui se démarque des autres par sa vision et son leadership. Le président de l’entreprise l’a déjà identifiée comme relève. Avec les autres, que ce soit les membres du conseil d’administration, les partenaires d’affaires et même certains clients, il vante les mérites de son fils, de sa fille, de son neveu ou de sa nièce. Mais devant la ou le principal intéressé, c’est l’inverse : « tu prends trop de place », « tu veux tout changer »…

Un jour, j’ai posé une question fort simple à un père et son fils. J’ai d’abord demandé au père de me dire le nom d’une personne qu’il admirait dans le monde des affaires. Puis, j’ai demandé au fils qui il croyait que son père avait nommé. Il a mentionné quelques entrepreneurs influents de sa région. Mais non, son père avait nommé… son propre fils. Incroyable, n’est-ce pas? J’ai vu défiler toute une série d’émotions sur son visage, passant de l’étonnement au bouleversement.

 

Tabou no 2: « J’ai de la drive. Mon frère et ma sœur en ont moins, mais possèdent d’autres compétences. Comment va-t-on répartir les responsabilités? Comment être payé de façon juste et équitable ». 

Encore une fois, c’est un sujet que les parents en affaires préfèrent éviter, car ils ont peur qu’une chicane éclate entre leurs enfants et ils ignorent comment réagir si c’était effectivement le cas.

La solution privilégiée : le statu quo. Ils occupent les postes stratégiques le plus longtemps possible et gardent la majorité des actions. Ainsi, pas de risques de bisbille dans la famille.

Vous savez quoi? Le statu quo amène tout de même son lot de frustrations. Alors aussi bien aborder le sujet.

 

Tabou no 3: «Je suis ingénieur. Je ne veux pas travailler dans l’entreprise familiale, mais j’aimerais bien être actionnaire. Ils n’accepteront jamais».

Encore une fois, c’est archi faux. On peut très bien ne pas occuper un poste de direction ni même travailler dans l’entreprise ET devenir actionnaire. Vous pourriez être surpris de la réaction positive des autres. Après tout, ça prouve que vous vous intéressez à l’entreprise familiale, même si vous n’êtes pas impliqué dans la gestion quotidienne des opérations.

Comment mettre fin au mutisme et aux suppositions erronées?

En créant un espace intergénérationnel de discussion libre et sécuritaire.

Hein, en créant quoi?

En remplaçant le silence et les non-dits par une communication ouverte et respectueuse entre tous les membres de la famille impliqués de près ou de loin dans l’entreprise.

Et concrètement, on fait ça comment? Je vous donne quelques pistes…

Si vous évitez ces discussions délicates et complexes depuis toujours, je vous recommande de solidifier votre relation avant tout. Et puis, selon l’ouverture de chacun, vous pourrez y aller progressivement.

Je ne veux pas prêcher pour ma paroisse, mais je vous invite aussi à faire appel à une ressource externe, un coach qui accompagne les familles en affaires. Ce professionnel pourra animer les rencontres, faciliter l’expression de chacun et gérer la situation en cas de débordement. Eh oui, ça arrive parfois (souvent) lorsqu’on doit crever un abcès! Ne vous inquiétez pas, puisque si vous avez travaillé à améliorer votre relation avec les autres membres de votre famille, même si un conflit éclate, la pluie va rapidement laisser place au soleil.

Rappelez-vous ceci : vos grands-parents, vos parents, vos oncles et vos tantes veulent votre bien. Tout comme vous voulez le leur. S’ils évitent d’aborder certains sujets avec vous, c’est qu’ils ont peur de vous décevoir ou de créer des embrouilles dans la famille. Si personne ne veut faire le premier pas, lancez-vous, mais lennnnntemennnnt.