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Changement de carrière en vue? Faites gaffe à ce faux pas

Catherine Charron|Mis à jour le 27 septembre 2024

Changement de carrière en vue? Faites gaffe à ce faux pas

L'organisme sans but lucratif Quatre-Chemins accompagne des personnes qui ont atteint un sommet de leur champ d’expertise pendant de nombreuses années et qui se retrouvent à la croisée des chemins.

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RHÉVEIL-MATIN. Lorsque les hauts dirigeants souhaitent prendre un pas de recul pour évaluer si leur carrière leur plait toujours, ils commettent pour la plupart tous le même faux pas: combler le temps dégager pour réfléchir avec de nouveaux engagements qu’ils n’avaient jusqu’alors pas le temps d’accepter. Ils sont alors renvoyés à la case départ, et vivent à nouveau les mêmes désagréments qui les avaient poussés à ralentir dans un premier temps.

C’est ce qu’observe Cassandra Poudrier, la directrice générale de l’organisme sans but lucratif Quatre-Chemins

Anciennement connue sous le nom de La Maison des Champions, l’organisation accompagne des personnes qui ont atteint un sommet de leur champ d’expertise pendant de nombreuses années et qui se retrouvent à la croisée des chemins.

D’abord dédié aux athlètes de haut niveau sur le point de prendre leur retraite, le programme s’adresse désormais aussi aux anciens militaires, des dirigeants qui souhaitent faire le point et découvrir de quoi sera fait leur prochain acte.

«Ces gens savent qu’une nouvelle job ne les rendra pas heureux, au contraire, et ils ont envie de trouver ce qui a un sens pour eux désormais, explique l’ancienne hockeyeuse. Ils sont à une étape où ils souhaitent découvrir qui ils sont aujourd’hui.»

Des premiers pas parfois difficiles

Les personnes issues du monde des affaires qui s’inscrivent à leur programme ont généralement la quarantaine. Elles sont en quête de sens, à la recherche de ce qui alimente aujourd’hui réellement leur bonheur. Et ce n’est bien souvent pas un prochain poste de vice-présidence.

Encore faut-il que ces dirigeants soient à l’écoute des signaux qui leur indiquent que le rôle pourvu aujourd’hui ne leur plait plus. Ce n’est pas aussi facile qu’il y parait, indique la consultante.

«Il faut accepter qu’au plus profond de nous, ce qui a été est en train de changer, dit Cassandra Poudrier, qui est passée par un processus similaire. Accepter réellement que les choses bougent, que ma carrière sportive est sur le point de se terminer, ça m’a pris quelque mois.»

Certains évitent de reconnaitre ces changements, car ils craignent même qu’ils ne ternissent leur image aux yeux de leur entourage et leur poser problème, rapporte-t-elle.

Conditions gagnantes pour avancer

La transition diffèrera grandement d’une personne à l’autre, selon si elle l’entame dans le cadre d’une démarche murement réfléchie, ou si elle est y forcée par des facteurs externes, comme une maladie ou des papiers de divorce sur la table.

Des conditions gagnantes doivent toutefois être réunies pour que la démarche vers la prochaine aventure soit couronnée de succès.

Cassandra Poirier recommande de vivre ce cheminement en étant entouré, que ce soit d’une personne spécialiste du conseil en orientation, d’un psychologue, ou encore d’autres dirigeants qui passent par une épreuve similaire, comme chez Quatre-Chemins.

Chose certaine, ils auront à faire des deuils sur la route, reconnait-elle. Ce ne sera toutefois pas que maussade. Cette transition sert aussi à «honorer» tout ce que la personne a vécu jusqu’à présent afin de s’épanouir dans le prochain chapitre.

«Ça ne signifie pas d’oublier ce qui a existé. On va continuer de le porter, de trainer ces apprentissages que l’on a faits. Il faut toutefois se demander ce que l’on souhaite changer pour ne pas répéter la même chaine d’actions qui nous a menés à cet arrêt», dit-elle.

Il est essentiel que les dirigeants, habitués à un rythme de vie soutenu, se donnent du temps pour réfléchir, quitte à inscrire ces moments de rétrospection dans la routine. Ce n’est pas toujours facile, reconnait Cassandra Poirier. «Réfléchir à ce qu’on souhaite pour le reste de notre vie active ne se règle pas en une heure. Il faut laisser ces questions vivre en nous.»

Ça signifie aussi de ne pas accepter toutes nouvelles occasions par peur que l’agenda se vide. «Inconsciemment, on a peur de ne plus avoir de valeur, de ne plus exister. On dit donc oui à tout, pour se retrouver quelques mois plus tard de retour à la case départ», prévient-elle.

D’où l’importance de se faire violence, de reconnaitre ses raccourcis et ses habitudes qui ne disparaitront pas après avoir quitté un poste de haute direction. «C’est une question d’entraînement, on ne dit pas qu’en ayant la recette, on est guéri. Au contraire, on développe cette conscience qui nous permet de nous rattraper quand c’est en train de se passer.»