Le temps dure longtemps quand on procrastine. (Photo: Magnet.me pour Unsplash)
MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudis. Vous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca
Q. — «J’ai peur que ce soit devenu maladif: certaines tâches me rebutent tellement que je les repousse toujours au lendemain. Quand mon boss me rappelle à l’ordre, je m’y mets alors en quatrième vitesse et c’est vite réglé. Pourquoi suis-je comme ça? Et qu’est-ce que je peux faire pour changer, pour rendre mon quotidien au travail plus régulier et harmonieux?» – Marilou
R. — Chère Marilou, vous souffrez, de toute évidence, de procrastination. C’est-à-dire de cette fâcheuse manie de remettre certaines choses à plus tard ou de décider de ne pas agir. Une souffrance plus commune que ce qu’on imagine souvent: différentes études estiment qu’en Amérique du Nord 20% des hommes et des femmes sont des procrastinateurs chroniques.
Pour vous en assurer, répondez franchement aux questions suivantes:
— Lorsqu’il vous faut accomplir une tâche complexe, avez-vous tendance à vous concentrer d’abord sur les points qui sont les moins importants?
— Attendez-vous souvent le dernier moment pour faire les choses?
— Êtes-vous facilement distraite?
— Vous arrive-t-il souvent de dépasser le deadline fixé?
— Êtes-vous douée pour trouver des excuses?
— Avez-vous tendance à vivre d’échéance en échéance?
— Vous arrive-t-il de croire que si vous ignorez une tâche, elle disparaîtra?
— Votre liste «To Do» est-elle interminable?
— Avez-vous tendance à être en retard à vos rendez-vous?
Un procrastinateur aura une majorité de «oui» dans ses réponses.
Maintenant, la bonne nouvelle, c’est qu’il y a moyen de corriger le tir, à tout le moins de procrastiner de manière moins intense qu’à présent. Il s’agit de s’inspirer de cinq trucs très simples préconisés en ce cas par Manfred Kets de Vries, professeur de leadership et de transformation organisationnelle à l’École de commerce Insead, à Fontainebleau (France), à la lumière de ses travaux de recherche:
— Divisez la tâche rebutante en plusieurs petites tâches. Puis, traitez chaque mini-tâche l’une après l’autre, en vous concentrant sur une seule à la fois. Cela pourrait faire sauter le blocage que vous avez au démarrage: il peut être effrayant de gravir une montagne, et beaucoup moins impressionnant de se dire qu’il nous faut gravir une montée de 50 mètres (sans penser au 50 mètres suivant).
— Fixez-vous des microéchéances. Pour chaque mini-tâche, donnez-vous une microéchéance. Cela devrait vous enlever du stress, et donc faciliter votre travail.
— Soyez réaliste. Un point important est que chacune de vos microéchéances soit réaliste. Cela va vous permettre d’avancer d’un bon pas, et donc de ne pas risquer de bloquer et d’avoir la tentation de vous y remettre une autre fois, un autre jour.
— Saluez votre progression. Trouvez le moyen de vous féliciter pour les mini-tâches effectuées. Ça peut consister à vous accorder une mini-pause (par exemple, le temps d’écouter un vidéo musical ou humoristique), ou encore à vous offrir une mini-récompense (par exemple, un espresso).
— Ayez du fun. Chaque fois qu’il vous arrivera de procrastiner en dépit de ces trucs, ne vous morfondez pas, en vous martelant l’idée que vous n’y arriverez jamais, que vous êtes destiné à procrastiner toute votre vie. Saisissez l’occasion de ce temps où vous ne faites «rien» — en tout cas, pas ce que vous devriez être en train de faire — pour au moins faire quelque chose qui vous plaît. Ou mieux, qui vous procure du fun. Pourquoi? Parce que ça vous redonnera instantanément le cœur à l’ouvrage et peut-être même l’envie de vous atteler à la tâche qui semble tant vous rebuter.
Voilà, ma chère Marilou, les astuces prônées par Manfred Kets de Vries. Des astuces éprouvées, auxquelles vous pouvez vous fier. Enfin, n’oubliez jamais ce que disait l’écrivain russe Ivan Tourgueniev: «Si nous attendons le moment où tout, absolument tout, est prêt, nous ne commencerons jamais».