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COACHING ET FORMATION. Alors que les dirigeants doivent désormais posséder à la fois une vision stratégique, un sens politique et une intelligence émotionnelle, nombreux sont ceux qui n’hésitent plus à s’épauler d’un coach afin de développer leurs compétences en leadership. Survol d’un secteur en plein essor.
Le coaching fait de plus en plus partie de la boîte à outils des gestionnaires. « Dans un monde où on favorise l’autonomie et où on cherche à donner un sens à notre travail, le coaching est un instrument de développement très pertinent », estime Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés du Québec.
Selon elle, cela favorise une culture d’entreprise qui, justement, encourage l’imputabilité et l’autonomie. « Le coaching donne beaucoup de place à l’individu dans la détermination de ses plans d’action. On n’est plus dans la dynamique de se faire dire quoi faire par son supérieur. »
Les nouvelles approches de gestion qui prévalent poussent plutôt les gestionnaires à accompagner leurs équipes dans la prise de décisions pour atteindre leurs objectifs.
Une pratique en croissance
Avec 60 000 membres, l’International Coaching Federation (ICF) est la plus grande association de coachs au monde. Son chapitre québécois, ICF Québec, comptait fin avril 534 coachs certifiés. Et la pratique connaît une croissance importante. Au cours des cinq dernières années, le nombre de coachs certifiés par ICF Québec a en effet bondi de 35 %.
« On observe un engouement des organisations pour les coachs pour accompagner leurs équipes », constate également Manon Poirier.
La PDG de l’école Coaching de gestion, Martine Lemonde, qui forme une centaine d’étudiants par année, compare le coaching au MBA. « Ça permet dans les deux cas de développer des compétences qu’on utilise au quotidien dans notre travail ».
Daniel Beaulé, coach en gestion et mentor, estime que le coaching est plus nécessaire que jamais. « Le télétravail fait en sorte que les valeurs de l’entreprise peuvent s’étioler, avance-t-il. On peut montrer comment conserver un contact de qualité avec les employés et faire vivre la culture, même à distance. »
À l’ère des visioconférences, il n’est pas étonnant que les technologies se soient invitées dans la pratique. Le recours en vidéo ou en audio s’est ainsi accéléré depuis la crise sanitaire. Le coaching d’équipes est aussi en plein essor.
Un outil fort
D’un syndrome de l’imposteur tenace à l’intégration dans un nouveau poste de dirigeant, on peut recourir aux services d’un coach pour une panoplie de raisons, à diverses étapes de sa carrière.
Le thème principal est néanmoins axé sur le leadership, selon Martine Lemonde. « C’est difficile de développer son savoir-être dans une salle de classe ou seulement en échangeant avec des collègues. Le coaching peut notamment aider les dirigeants à porter une vision, à gérer la complexité ou à être conscients de leur impact sur les autres. »
« Le capital humain est au cœur de l’entreprise, remarque de son côté Daniel Beaulé. C’est en prenant soin de ses gens qu’on obtient des résultats fantastiques. Les entrepreneurs pensent aussi à ce qu’ils veulent léguer. Léguer des employés heureux devient un objectif. »
Vers une culture du coaching en entreprise
La popularité du coaching entraîne certaines organisations à y consacrer une plus grande partie de leur budget ou même à instaurer leur propre service interne. C’est ce que Martine Lemonde appelle la culture du coaching.
« Le coaching est devenu tellement naturel que, plutôt que d’embaucher seulement des coachs externes, de plus en plus d’entreprises en ont au sein de leur organisation », explique-t-elle.
Des gestionnaires-coachs font aussi leur apparition. Alors que les employés cherchent aujourd’hui des gestionnaires ouverts, authentiques et transparents, les compétences liées au coaching deviennent des atouts pour les cadres.
Une entreprise comme la Banque Nationale investit donc dans la formation en coaching de ses gestionnaires, illustre Martine Lemonde. Une fois formés, ces gestionnaires se rendent disponibles pour coacher à leur tour d’autres employés.
Tranquillement, ils ont un impact dans l’entreprise parce qu’ils travaillent tous avec les mêmes compétences clés. Environ 33 % des entreprises seraient en train d’instaurer cette culture du coaching, selon les données d’ICF.
« Le mouvement prend de l’ampleur, remarque Martine Lemonde. C’est un signal fort de la portée du coaching. »
Petit lexique de l’accompagnement
Il est parfois difficile de démêler tous ces experts l’un de l’autre. Voici une brève définition pour s’y retrouver.
Coach : Il aide à prendre conscience d’un enjeu, à développer des compétences et à trouver soi-même des réponses à ses questions.
Mentor : Il guide son mentoré grâce à son expérience. Il donne son avis et des conseils.
Consultant : Cet expert dans son domaine propose des solutions spécifiques.