«Au travail, je vous toujours le côté négatif des choses.» (Photo: Johnny Cohen pour Unsplash)
MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudis. Vous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca
Q. – «Au travail, je vois toujours le côté négatif des choses: le wi-fi qui tourne au ralenti, le sous-traitant qui ne rappelle pas, etc. Et mine de rien, ça me pourrit la vie. Comment enlever toutes ces petites roches de mon soulier et enfin avancer d’un bon pas?» – Gaby
R. – Chère Gaby, il se trouve que j’ai récemment mis la main sur un livre qui aborde ce sujet, «21 jours sans se plaindre» du conférencier américain Will Bowen. L’auteur y raconte une anecdote qui devrait vous intéresser.
Un jour qu’il dînait avec son éditeur chinois, l’un des convives lui a fait part d’une légende chinoise…
Une femme avait deux fils. Pour vivre, l’un vendait des parapluies, l’autre du sel.
Tous les matins, la femme se levait et regardait par la fenêtre. S’il faisait soleil, elle se plaignait: «C’est terrible, personne ne va acheter de parapluie à mon fils!» S’il pleuvait, elle se plaignait également: «Quel dommage, personne ne sortira de chez lui pour aller acheter du sel à mon autre fils!»
Un après-midi, elle croise le chemin d’un moine bouddhiste. Elle lui demande comment trouver le bonheur, et obtient une réponse toute simple: «Changez votre manière de voir les choses, lui dit-il. S’il pleut, réjouissez-vous, car il y aura une demande pour les parapluies de votre fils. Et s’il fait soleil, soyez-en heureuse, car les gens auront envie de sortir de chez eux et auront peut-être l’idée d’aller acheter du sel à votre autre fils.»
La femme a suivi son conseil, et sa vie en a été changée à tout jamais. Pour le mieux, ça va de soi.
«La seule chose qui a changé, c’est sa perspective, note Will Bowen. Or, tout est dans la perspective. Lorsqu’on change sa vision du monde, on voit de nouvelles choses et on voit d’une toute nouvelle façon les anciennes choses.»
Et d’ajouter: «Les plaintes chroniques gardent le regard braqué sur tout ce qui va mal. En s’affranchissant des plaintes, on découvre qu’on a, en vérité, beaucoup de raisons d’être heureux».
Autrement dit, Gaby, les petites roches auront toujours tendance à se faufiler dans nos souliers et nombreuses seront celles qui trouveront le moyen d’y parvenir. Mais l’important, c’est de se dire que ce n’est pas grave: nous avançons, la route est belle, le paysage est splendide et la destination est sûrement magique. Et si le picotement se fait trop insistant, il suffit de s’asseoir, de délacer le soulier calmement, de le vider de ses petites roches, de le relacer un peu plus fort et de repartir du bon pied.
D’ailleurs, tout cela me fait penser à un film magnifique que je vous invite fortement à regarder si vous en avez l’occasion. Il s’agit de Sur les chemins noirs, réalisé par Denis Imbert et interprété par Jean Dujardin. Ce film est librement inspiré du récit éponyme de l’écrivain Sylvain Tesson, qui, à la sortie d’un coma, s’était juré de vivre sa vie avec une rare intensité même s’il peinait à marcher sans souffrir et s’est donné comme défi de traverser la France à pied, en privilégiant les chemins de campagne. Son périple l’a amené à découvrir des paysages à couper le souffle et des personnes aussi formidables qu’inoubliables, et surtout à apprendre à se délester des petites roches sans plus se plaindre…
Pour finir, Gaby, une dernière pensée de Will Bowen: «La vie n’a rien à voir avec l’endroit où vous vous trouvez, mais tout à voir avec la direction dans laquelle vous avancez. Et c’est votre regard qui détermine cette direction».
À vous, donc, de fixer votre regard sur les choses plaisantes vers lesquelles vous vous dirigez. Car cela devrait contribuer à changer votre quotidien au travail. Pour le mieux, ça va de soi.