«Comment atténuer le stress du prochain retour au bureau?»
Olivier Schmouker|Publié le 08 février 2022Bientôt, le retour à la vie de bureau d'avant... (Photo: Jason Goodman pour Unsplash)
MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudis. Vous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca
Q. – «Comme les mesures sanitaires disparaissent les unes après les autres, notre entreprise anticipe la fin prochaine de l’obligation de télétravailler. J’imagine que certains membres de mon équipe vont faire la tête: le travail à distance n’est plus à l’ordre du jour, tout le monde va devoir revenir au bureau. Y a-t-il un profil type de ceux qui vont en souffrir, mais ne feront semblant de rien? C’est que je ne veux perdre personne à cause de ça…» – Vincent
R. — Cher Vincent, le gouvernement du Québec impose toujours le télétravail «pour toute activité pouvant se dérouler à distance», et ce jusqu’à nouvel ordre. Ses documents officiels n’indiquent aucun changement à ce sujet pour le lundi 14 février, date à laquelle de nouveaux allègements des mesures sanitaires sont prévus.
Cela étant, votre entreprise fait bien de planifier dès à présent la fin de l’obligation du télétravail lorsqu’il est possible de travailler ainsi. Car on peut raisonnablement s’attendre à ce que cette mesure finisse par prendre fin dans les semaines à venir, accompagnée, bien entendu, de certaines contraintes comme le port du masque.
Une récente étude s’est justement intéressée au stress que pouvait susciter le retour au bureau pour des gens qui ont fait du télétravail 100% du temps, ces derniers mois. Pilotée par Yesim Ohrun, professeure de marketing à l’école de commerce Ross de l’Université du Michigan, à Ann Arbor (États-Unis), elle a mis au jour deux éléments intéressants:
— En général, plus la date du retour au bureau se rapproche, moins les gens sont inquiets à l’idée de contracter la COVID-19 à cause du retour à la routine d’avant la pandémie. Ce qui signifie, mon cher Vincent, que l’annonce du retour au bureau va inévitablement provoquer du stress auprès des membres de votre équipe, mais que celui-ci va aller en s’atténuant au fur et à mesure que le temps va passer.
— Tout le monde ne ressent pas le même niveau de stress à l’annonce du retour au bureau, et ne voit pas celui-ci aller en diminuant aussi vite que les autres. Les plus soucieux sont ceux qui présentent un risque élevé d’être gravement affectés par le virus, soit «les 60 ans et plus ainsi que les personnes atteintes d’une ou plusieurs maladies chroniques ou ayant un système immunitaire affaibli», souligne l’étude.
Par conséquent, il convient de veiller à deux points précis lors de l’annonce du retour au bureau:
1. Expliquer clairement les raisons pour lesquelles le retour au bureau s’impose. Et indiquer dans la foulée toutes les mesures prises pour offrir à tous un lieu de travail sécuritaire comme, par exemple, le port du masque et le désinfectant.
2. Inviter chacun à discuter du retour au bureau avec son gestionnaire, sur un plan individuel. L’idée est d’ouvrir la porte aux inquiétudes et de permettre notamment aux baby-boomers proches de la retraite et à ceux qui ont une santé fragile de parler de ce qui les stresse à ce sujet. Et par la suite, de les rassurer concernant chaque point ainsi soulevé. Car c’est en grande partie par le dialogue que les peurs et autres angoisses peuvent s’estomper.
Bref, mon cher Vincent, il n’y a pas trop de soucis à vous faire concernant un retour complet à la vie d’avant au bureau. Le stress que cela va occasionner chez les employés va, dans la plupart des cas, disparaître de lui-même. Mieux, cela va être une belle occasion pour vous d’envoyer le signal que la sécurité des employés est le souci premier de l’entreprise, et mieux, de nouer un dialogue franc et ouvert avec chaque membre de votre équipe.
La seule épine qui pourrait se ficher dans votre pied, ça pourrait être l’employé devenu irréductible du télétravail, celui pour qui il n’est plus question de remettre, un jour, les pieds dans un bureau. Cela peut arriver. Restera alors à votre entreprise de voir dans quelle mesure elle peut faire preuve de flexibilité à ce sujet et agir en conséquence.