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Comment inciter subtilement votre équipe à faire le bon choix?

Olivier Schmouker|Publié le 07 novembre 2019

Comment inciter subtilement votre équipe à faire le bon choix?

Faire le bon choix n'est jamais chose aisée... (Photo: Jon Tyson/Unsplash)

BLOGUE. Trio de malbouffe ou salade santé? Prendre l’escalateur ou gravir les marches du métro? Se savonner sous le jet d’eau chaude ou couper l’eau le temps de bien se frotter la couenne? Nous savons tous quel est le bon choix, celui qui est bon pour nous comme pour l’écosystème dans lequel nous évoluons. Et pourtant, vous et moi, nous cédons si aisément à la facilité, pour ne pas dire à la tentation…

La question saute dès lors aux yeux : comment pourrions-nous, tous ensemble, faire plus souvent le bon choix? Oui, en tant que groupe de travail, communauté, voire société? Est-ce vraiment si sorcier que ça d’agir non plus mal, mais bien?

La réponse tient en un mot : nudge. Un terme qu’on pourrait traduire, si besoin était, par «coup de pouce». C’est que, pour que vous et moi adoptions un bon comportement là où d’habitude nous privilégions le «mauvais», il nous suffirait de bénéficier d’un petit coup de pouce aussi subtil qu’efficace.

Écoutez un peu ça… Un beau jour, un ingénieur de l’aéroport Schiphol d’Amsterdam, aux Pays-Bas, a eu une drôle d’idée : il a dessiné une mouche réaliste au fond des urinoirs des toilettes des hommes. Résultat? Les dépenses en nettoyage ont chuté d’un coup de 80% pour ces toilettes-là. Car les gars s’évertuaient à viser la mouche, et salissaient ainsi moins qu’auparavant tout autour d’eux!

Sans le savoir, cet ingénieur avait recouru au nudge. C’est-à-dire qu’il avait trouvé un incitatif sans contrainte ni obligation qui amenait les autres à adopter un comportement vertueux et responsable. Et celui-ci comportait les quatre ingrédients du nudge parfait, selon un article d’Ilona Boniwell, professeure de leadership positif à l’École CentraleSupélec, en France, paru dans le magazine Le Monde – Sens & Santé. Soit:

– Une dimension sociale

«Pour inciter à des décisions qui ont des répercussions sur le collectif, il convient de se baser sur des principes de comparaison sociale, note-t-elle. En montrant comment font les autres, on développe l’adhésion et l’engagement.

«Par exemple, dans une chaîne d’hôtels, le message «75% des personnes ayant occupé cette chambre avant vous ont utilisé leurs serviettes de toilette plusieurs fois» a convaincu entre 35% et 75% des clients d’utiliser leurs serviettes plusieurs jours de suite.»

– Une dimension opportune

«Le message posé sur les bouteilles de gel douche «Pendant que vous m’utilisez, coupez l’eau!» peut avoir un effet immédiat. Ainsi, pour rendre les choses opportunes, il faut faire en sorte qu’elles «tombent à pic». Il faut arriver à l’instant précis de la prise de décision pour proposer une action à laquelle les personnes vont vouloir adhérer.»

– Une dimension facile

«Marquer au sol le chemin qui mène à la poubelle permet de réduire jusqu’à 46% les déchets jetés par terre. Aussi, pour rendre les choses faciles, il convient de simplifier les actions de l’individu concerné, de lui éviter la frustration de devoir faire un nouvel effort pour réaliser la tâche proposée.»

– Une dimension attractive

«Dans le métro de Stockholm, en Suède, des marches voisines d’un escalateur ont été transformées en touches de piano géant : dès qu’on posait le pied sur l’une d’elles, ça faisait une note. Résultat? En une journée, le nombre de personnes qui ont préféré l’escalier a bondi de 66%.

«Le côté ludique, l’originalité et la rareté sont des facteurs d’incitation très forts, explique Mme Boniwell. Pour rendre les choses attractives, il faut présenter les bénéfices de l’action d’une manière qui maximise la valeur perçue. Plus votre offre sera saillante, plus elle séduira les participants.»

Quid, donc, de la mouche de Schiphol? Voici ce qu’en dit l’experte en psychologie positive:

– Dimension sociale : comme chaque urinoir a été doté d’une mouche, chacun pouvait se comparer aux autres utilisateurs.

– Dimension opportune : la mouche apparaissait sous les yeux de l’utilisateur au bon moment.

– Dimension facile : rien n’était plus simple que d’essayer de bien viser.

– Dimension attractive : il était clairement question d’un jeu.

Bref, il s’agissait bel et bien d’un nudge parfait. Pas étonnant qu’il ait rencontré un tel succès.

Maintenant, comment pourriez-vous adopter le nudge au travail? Au sein même de votre propre équipe? Ilona Boniwell invite à commencer par se poser trois questions essentielles:

1. Quel est le but recherché? À quel comportement ai-je envie d’inciter?

2. Quel est le comportement actuel?

3. Quelles sont mes possibilités concrètes pour «nudger» les autres en direction du but désiré?

Bien entendu, pour répondre correctement à la dernière interrogation, il faut veiller à respecter les 4 dimensions du nudge parfait. Ça va de soi.

Voilà. Une fois répondu à tout ça, il ne vous restera qu’à passer à l’action. Bon, pour vous, en guise d’inspiration, voici trois exemples d’opérations réussies:

– Économie d’énergie. Il est plus efficace de dire aux gens «Si vous laissez la lumière allumée, vous allez perdre 300$ par an» que de leur dire «Si vous laissez la lumière allumée, vous gagnerez 300$».

– Environnement. Il est plus efficace de glisser sous chaque porte d’un quartier le message disant «Vos voisins font plus d’économies que vous parce qu’ils ont diminué d’un degré leurs thermostats» que celui disant «Baissez vos thermostats d’un degré pour sauver la planète».

– Lutte contre l’obésité. Il suffit d’installer les aliments et les plats santé sur les emplacements les plus faciles d’accès – et ceux qui sont gras, salés ou sucrés sur les emplacements les plus difficiles d’accès – pour démultiplier le nombre de repas santé à la cantine ou dans un buffet.

Vous rêvez de voir vos employés utiliser moins de papier au bureau? Ou encore, de voir les membres de votre équipe prendre une marche santé tous ensemble, une fois par semaine, sur l’heure du lunch? C’est simple, recourez sans tarder au nudge. Et le tour sera joué!

En passant, l’écrivaine bhoutanaise Kunzang Choden aime à dire : «Il est toujours possible de changer en faisant de bons choix».

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