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MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudis. Vous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca
Q. – «Dans ma job, il y a les deux tiers des tâches qui me plaisent et dans lesquelles je suis bon, mais il y a aussi un tiers des tâches qui ne me plaisent pas et dans lesquelles je ne donne pas, disons, mon 110%. J’ai peur que ça finisse par me retomber sur le bout du nez. Est-ce que je devrais aller voir mon boss pour lui en parler, sans attendre que ce soit lui qui me convoque?» – Jaxon
R. — Cher Jaxon, vous avez parfaitement raison de vouloir aborder ce sujet épineux avec votre boss, surtout si vous sentez qu’il y a une écoute de sa part concernant les préoccupations de ses employés. Cela étant, la discussion risque de tourner court si jamais vous lui annoncez brutalement votre constat. Mieux vaut, je pense, bien préparer votre rencontre, et veiller notamment à lui faire une offre intéressante, lui montrant, par exemple, qu’il existe un moyen de rendre votre équipe plus efficace que jamais.
Vincent Roy est le fondateur et président de RG Dessin industriel, une PME beauceronne d’une quinzaine d’employés spécialisée dans la conception de dessins techniques pour des entrepreneurs vitriers responsables de projets de tours résidentielles et autres bâtisses commerciales. Il a récemment participé à un webinaire organisé par L’Essor humain, une firme dédiée à la mobilisation et à la fidélisation du personnel qui est établie à Saint-Georges, en Beauce. Il y a expliqué quelque chose qui pourrait bien vous inspirer. Au sein de son entreprise, la répartition des tâches ne se fait plus en fonction des postes, mais en fonction des préférences des uns et des autres.
Classiquement, on décrit un poste à l’aide des tâches que son occupant doit assumer, a indiqué Vincent Roy lors du webinaire. Le problème, c’est que «toutes les tâches ne plaisent pas nécessairement à l’individu concerné, certaines d’entre elles ne correspondant pas à ses forces, mais plutôt à ses faiblesses». Ce qui se traduit par une baisse de sa performance dans son quotidien au travail.
«Un beau jour, je me suis demandé pourquoi nous n’inverserions pas la logique, a-t-il dit. Et si nous dressions la liste de toutes les tâches à accomplir, en faisions un pot commun et invitions l’ensemble des employés à piger dans celui-ci pour ne prendre que les tâches dans lesquelles ils savent qu’ils vont triper.»
Que faire si une ou plusieurs tâches sont délaissées par tout le monde? «C’est peut-être le signe que cette tâche n’est pas, en vérité, si nécessaire que ça, et qu’on gagnerait peut-être bien à l’abandonner, a expliqué le propriétaire de RG Dessin industriel. Sinon, il est possible d’offrir une prime à celle ou celui qui acceptera de s’en charger.»
Que faire si l’un des employés finit par réaliser qu’il a pris une tâche qui ne lui plaît pas tant que ça? «Un échange est toujours possible. Dans une telle façon de gérer les tâches, il est clair que rien n’est fixe, qu’il faut que chacun soit le plus flexible possible», a-t-il dit.
C’est ainsi qu’une employée dont la mission principale est de dessiner des plans techniques assume aujourd’hui, en plus, certaines tâches en lien avec le recrutement: «Elle est bonne là-dedans, elle a la “twist” avec les candidats, plus que moi en tous cas», a confié Vincent Roy. Résultat? De meilleurs recrutements qu’auparavant, et donc, un gain global en efficacité.
Bref, mon cher Jaxon, vous pourriez aller voir votre boss en lui présentant le cas de figure de RG Dessin industriel, et lui glisser l’idée que vous seriez sûrement plus efficace dans votre travail si vous n’assumiez plus une ou deux tâches au profit d’une ou deux autres, que cela correspondrait à redistribuer partiellement les «cartes» en main au sein de votre équipe, le but étant de rendre chacun plus efficace que jamais et que votre envie profonde n’est pas d’en faire moins, mais au contraire d’en faire «mieux», pour le profit de tout le monde.
En passant, le psychiatre américain Gerald Jampolsky a dit: «Nous ne pouvons pas toujours changer le monde, mais nous pouvons changer d’idée».