«Je passe mon temps à chercher mes lunettes, mes clés ou un dossier sur lequel je viens pourtant de plancher.» (Photo: 123RF)
MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudis. Vous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca
Q. – «Au travail, mes trous de mémoire se multiplient. Je passe mon temps à chercher mes lunettes, mes clés ou un dossier sur lequel je viens pourtant de plancher. C’est franchement pénible. Est-ce qu’il y a un moyen d’être un peu moins souvent tête en l’air?» – Norah
R. — Chère Norah, rassurez-vous, ce qui vous arrive arrive à tout le monde. Certes, peut-être pas de manière aussi intense que vous, mais sachez que nous avons tous des trous de mémoire, un jour ou l’autre. Et ce, en raison du fait que notre cerveau nous joue des tours, de temps à autre…
La bonne nouvelle, c’est qu’il est à la portée de chacun de nous de ne plus avoir de trous de mémoire, ou presque. J’ai trouvé l’information en lisant le livre passionnant, «Savoir apprendre pour réussir — Les meilleures stratégies d’étude validées par la science», signé par les neuropsychologues Frédérique Escudier et Karen Debas. Cet ouvrage est destiné aux étudiants qui tiennent à briller dans leurs études, mais ses enseignements sont, à mon avis, parfaitement applicables au milieu de travail. Regardons ça ensemble.
Les auteures se penchent notamment sur notre capacité d’attention, nécessaire pour mémoriser, et donc pour apprendre. Elles expliquent que les trous de mémoire surviennent «lorsque nous faisons des choses sur un mode automatique», c’est-à-dire lorsque nous effectuons une tâche en pensant à autre chose.
Pourquoi ça? «Parce qu’il n’est pas réellement possible au cerveau de porter attention à deux choses à la fois», indiquent-elles, en s’appuyant sur plusieurs études scientifiques montrant que, «lorsque le cerveau effectue deux tâches à la fois, il passe en réalité continuellement de l’une à l’autre». L’alternance très rapide de l’attention (une fraction de seconde) donne la fausse impression qu’on accomplit les tâches simultanément.
Dans le cas d’un étudiant qui révise chez lui pour un examen, sa mémoire de travail s’emplit en alternance:
– de ce qu’il écrit en faisant un exercice pratique ;
– de ce qu’il lit dans les textos envoyés par ses amis ;
– de ce qu’il entend en même temps comme musique de fond.
Résultat? «Cela limite la profondeur de son raisonnement, augmente ses chances de faire une erreur et surcharge son cerveau d’informations inutiles», notent les auteures. Par conséquent, faire plusieurs choses à la fois empêche de faire bien la moindre d’entre elles.
D’où l’idée de ne plus travailler de manière automatique, de porter réellement attention à chaque tâche que nous entreprenons au travail, en particulier si elle nous paraît facile et routinière. D’être, pour ainsi dire, davantage dans l’instant présent.
Frédérique Escudier et Karen Debas donnent un conseil simple et efficace pour ceux qui ont tendance à oublier systématiquement des choses nécessaires, comme leur thermos de café quand ils partent de chez eux pour vite aller au travail: «Au moment précis où vous quittez votre domicile, prenez l’habitude de réfléchir à chacun de vos gestes. Car vous ne serez plus ainsi sous l’emprise de l’automatisme et risquerez donc moins d’oublier quelque chose d’important».