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Comment passer du nouveau au prochain «normal»?

Geneviève Desautels|Publié le 28 avril 2020

Comment passer du nouveau au prochain «normal»?

Le prochain «normal» dépend de nous... (Photo: Erik Mclean/Unsplash)

BLOGUE INVITÉ. Je suis fascinée par tout ce qui touche le changement et comment chacun de nous réagit différemment des autres selon sa perception du changement et du contrôle qu’il a sur ce dernier.

La littérature est abondante sur le sujet, et ce que nous vivons actuellement à l’échelle de la planète est une étude de cas par excellence puisqu’il s’agit de la plus grosse transformation individuelle et collective que nous ayons jamais vécue.

Reportons-nous au 1er janvier 2020 et procédons par étapes… Car vous n’auriez jamais crû que les six premiers mois de l’année vous apporteraient autant de nouveautés dans votre façon de vivre et d’organiser votre vie professionnelle et personnelle.

1. Prenez le temps de fouiller dans votre mémoire pour refaire le fil des événements marquants de votre vie depuis le 1er janvier 2020.

Comment se fait-il que vous ayez été en mesure de vous adapter tant bien que mal à ce changement drastique qui vous a été imposé? Les conséquences de ne pas vous adapter étaient lourdes, tant pour votre santé que pour celle des membres de votre famille.

Rappelez-vous les trois premiers jours qui ont suivi les directives gouvernementales sur la distanciation sociale et la fermeture des écoles ainsi que de la plupart des commerces et des entreprises. Nous étions en «gestion de crise». Plusieurs disaient haut et fort qu’ils ne seraient pas capables de rester confinés à la maison, que leur travail ne pouvait pas se faire de la maison, que gérer les enfants et le travail serait impossible. Plusieurs d’entre eux juraient même de se montrer désobéissants et frondeurs.

D’autres, sous le choc, ont tenté de digérer à la fois les événements et les émotions associées, et sont passés en mode solution pour se sortir de cet état inconfortable dès que possible dans l’espoir secret de revenir à «l’ancien normal».

D’autres encore ont commencé à dire que c’était peut-être la meilleure chose qui pouvait leur arriver à cette étape de leur vie. Comme si cet arrêt planétaire pouvait leur donner le coup de pied au derrière nécessaire pour revoir leur façon de consommer, de travailler, d’être et d’agir avec leur famille et leurs proches.

2. Une équipe de leaders qui a su nous inspirer confiance grâce à son authenticité, sa cohérence, son sens du devoir et sa constance dans les messages

Les points de presse à 13h, tous les jours avec sensiblement les mêmes types de messages, sont communiqués de façon humaine, avec un peu d’humour et de vulnérabilité. Ils montrent que même le premier ministre et son équipe sont des êtres humains imparfaits, comme nous tous, et qu’ils font de leur mieux dans les circonstances, comme nous tous. Plusieurs ont naturellement choisi de leur faire confiance.

Certains diront qu’ils ont alors juste obéi aux consignes des autorités pour ne pas être sanctionnés. Dans tous les cas, les semaines ont passé, et la 3e semaine de distanciation sociale est arrivée…

3. Un nouveau «normal» s’est installé

Une nouvelle routine et de nouveaux rituels se sont installés dans chacune de nos maisons. Certes, pour certaines familles, cette nouvelle vie a généré encore plus stress, de violences et de malnutrition, ce qui n’est pas assurément pas acceptable et souhaitable. Comme dans «l’ancien normal», des gens souffrent en silence alors que d’autres vont relativement bien. C’est alors que des arcs-en-ciel ont commencé à tapisser les fenêtres et nos réseaux sociaux.

Plusieurs s’insurgeaient alors pour dire que ce nouveau normal et le fameux hastag #çavabienaller n’étaient qu’une foutaise. Qu’au contraire, ne serait-ce qu’économiquement, nous allions payer le prix de toutes les subventions débloquées à coups de centaines de millions de dollars, dans les prochaines années.

Nous avons, pour la plupart, apprivoisé une nouvelle façon de vivre et de travailler à distance sur une longue période. Le télétravail et la gestion à distance ont pris leur place dans notre réalité bien que certains continuent de croire que cette forme d’organisation du travail n’est pas aussi efficace.

Comme dans toute chose, certains adorent et d’autres détestent, et la plupart s’ennuient des rencontres face à face tout en appréciant de ne plus avoir à faire deux heures de route par jour dans la circulation dense juste pour se rendre et revenir du travail. Nos habitudes d’hygiène ont aussi évolué à la maison et à l’extérieur. Notre façon de consommer en ligne et dans les commerces jugés essentiels a complètement changé en moins de trois semaines…

Quelques entreprises ont choisi de faire pivoter, temporairement ou de façon permanente, leurs opérations pour pouvoir répondre à la demande et rendre service à la population. Une résilience collective s’est ainsi manifestée et ce, malgré les drames humains consécutifs à la pandémie du nouveau coronavirus; consciemment ou pas, on se dit que dans «l’ancien normal» il y avait également tout un lot de mauvaises nouvelles et d’horreurs à chaque bulletin de nouvelles.

4. Il est grand temps de préparer le «prochain normal»

Le «prochain normal» est, lui, prévisible et nullement imposé. Il implique de faire des choix conscients et d’en assumer pleinement les conséquences. Certains feront des non-choix en ce sens qu’ils vont repousser des décisions importantes à plus tard en espérant que «ce sera réglé par les circonstances de la vie».

D’autres feront des choix et ne comprendront pas pourquoi les autres ne font pas les mêmes choix qu’eux. Pour s’aider à assumer leurs choix, ils jugeront sévèrement ceux qui penseront autrement.

Les autres, enfin, feront des choix conscients, en sachant que comme dans l’ancien et le nouveau normal, ils devront être vigilants et présents à ce qui est pour être agile et s’adapter en permanence à l’inconnu.

L’ancien normal n’existe plus, pas plus que le statu quo existait avant la COVID-19. Le changement est perpétuel et inhérent à toute forme de vie. Pour ceux qui s’adapteront, la transition vers le «prochain normal» se fera en douceur; ceux-là sont ceux qui, dès maintenant, réfléchissent au pourquoi et au comment ils vont faire évoluer leurs habitudes, croyances, et autres façons de faire, d’avoir et d’être, tant dans leur vie personnelle que professionnelle.

Comment parvenir à ainsi pivoter? Peut-être bien grâce à un exercice pratique…

Cet exercice, vous pouvez le faire périodiquement individuellement, en famille, en équipe ou à l’échelle organisationnelle. Il permet de faire des choix alignés sur qui vous êtes vraiment, ce que vous voulez réellement et comment vous voulez évoluer dans les prochains «normaux» qui se présenteront dans votre vie. Demandez-vous:

1. Qu’est-ce que je continue?

2. Qu’est-ce que je cesse?

3. Qu’est-ce je veux faire différemment dans une perspective d’amélioration continue?

4. Qu’est-ce que je veux faire de nouveau dans une perspective d’innovation ou de nouveauté?

Une fois que vous aurez une idée de quoi seront composés vos choix conscients, je vous invite à appliquer les 4 étapes décrites plus haut, celles que nous avons traversées dans les derniers mois. À noter que vous devrez alors communiquer vos messages aux autres personnes impliquées dans ce changement, à petite et à grande échelle, dans le même esprit qui habite les élus qui nous font actuellement passer de l’ancien au nouveau normal.