L'art de se diriger vers de nouveaux horizons... (Photo: Marten Bjork pour Unsplash)
MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudis. Vous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca
Q. – «Je viens de perdre mon emploi pour raison économique, et je veux en profiter pour en trouver un autre avec davantage de responsabilités et une meilleure rémunération. Est-ce une bonne idée de passer par les médias sociaux pour ça? Et même, d’en aviser personnellement mes contacts les plus pertinents?» – Léo
R. – Cher Léo, c’est de toute évidence une bonne idée de recourir à votre réseau de contacts pour trouver la job de vos rêves, ou à tout le moins une job qui s’en approche furieusement. Il y a deux stratégies couramment utilisées dans ce cas-là: parler de votre recherche d’emploi at large, dans l’espoir que quelqu’un quelque part que vous ne connaissez pas tant que ça va faire le lien avec la recherche d’employés d’un de ses chums entrepreneur, et vous mettre en contact; ou bien, en parler seulement à une poignée de gens bien placés qui vous apprécient assez pour vous recommander. Mais ce que j’ai appris il y a peu, c’est qu’il y a une bonne stratégie et une mauvaise stratégie…
La première stratégie repose sur un article scientifique qui date de 1973, «La force des liens faibles», du sociologue américain Mark Granovetter. L’idée qui en ressort est que mieux vaut avoir de nombreuses relations superficielles (liens faibles) que peu de vrais et bons amis (liens forts) pour trouver du travail ou réussir sa vie professionnelle.
Pourquoi ça? Parce que les gens avec qui ont a des liens forts nous ressemblent beaucoup – même domaine d’expertise, même diplôme universitaire, même âge, même sexe, mêmes centres d’intérêt en dehors du travail, etc. –, si bien que les chances sont minces qu’ils aient une information qu’on n’a pas déjà. Une information précieuse comme celle qu’une toute nouvelle start-up promise à un bel avenir est justement à la recherche d’un profil professionnel comme le vôtre.
D’où l’intérêt, selon Granovetter, de miser sur les liens faibles. Ceux qui ont l’info qu’il vous faut et que n’auront jamais vos liens forts.
Tout cela paraît fort logique, n’est-ce pas? Le hic, c’est que différentes études ont battu en brèche les travaux de Granovetter, en particulier une parue en 2012 dans la revue Psychological Science et signée par Shigehiro Oishi, professeur de psychologie à l’Université de Virginie, et Selin Kesebir, professeur de psychosociologie des organisations à la London Business School. Expériences à l’appui, ils ont mis au jour le fait que le plus efficace pour trouver du travail ou réussir sa vie professionnelle est d’user des liens forts, mais pas de n’importe quels liens forts.
En vérité, les «liens pertinents» dans un tel cas de figure sont les liens forts qui présentent trois caractéristiques:
– Connectivité. Ils ont beaucoup de liens actifs avec une grande diversité de gens et de milieux professionnels. Ils reçoivent des informations de toutes parts et se font un plaisir de les relayer aux bonnes personnes.
– Niveau socioéconomique élevé. Ils occupent souvent des postes élevés au sein de leur organisation, et ont donc un niveau socioéconomique plus élevé que la plupart des travailleurs. Ce poste élevé est souvent synonyme d’informations privilégiées, dont l’une pourrait bien faire votre bonheur.
– Crise économique. Pour qu’un «lien pertinent» entre en action pour vous aider, il faut souvent que la situation macroéconomique s’y prête. C’est ainsi que l’étude montre qu’ils sont super efficaces quand une crise frappe, car leurs informations valent de l’or et font une vraie différence pour ceux qui en profitent. Comme nous sommes au bord d’une récession mondiale et que le Québec connaît une grave pénurie de main-d’œuvre, Léo, il n’y a donc pas de meilleur moment pour activer vos «liens pertinents».
À vous de jouer, et bonne chance!